Dans la nuit de mardi à mercredi, l’opérateur Engie va débrancher le réacteur Tihange 1, en vue de son démantèlement. C’était annoncé, mais cela reste difficile à comprendre quand le gouvernement table sur 8 GW de nucléaire. C’est aussi ce que met sur la table un récent rapport d’experts.
Après Tihange 2, la ville de Huy s’apprête à perdre Tihange 1, comme le prévoyait le calendrier de sortie du nucléaire. Le réacteur ne dispose plus de licence pour produire de l’électricité et un “bouchon” doit être posé dessus. Voilà une page de 50 ans qui se tourne, a confirmé à Belga le directeur du site, Antoine Assice.
Un arrêt définitif ? Une prolongation du réacteur “n’est pas envisageable”, ajoute le directeur. Pour cela, il aurait fallu “des travaux préparatoires qui auraient dû être entamés il y a cinq ans“.
Pas de permis de démantèlement
On reste toutefois dans une zone grise. On sait depuis longtemps que le nucléaire ne fait plus partie de la stratégie de l’opérateur Engie. Mais selon Antoine Assice, “aucun acte définitif ne sera posé d’ici la fin de l’année“.
De plus, la Région wallonne n’a toujours pas accepté la demande de permis de démantèlement d’Engie. Le ministre compétent, François Desquesnes (LE), indique que l’opérateur recevra une réponse des autorités d’ici “le mois de décembre”, mais qu’il n’est personnellement pas impliqué dans la décision, à moins qu’il y ait un recours, plus tard dans la procédure.
De quoi donner du temps au ministre fédéral de l’Énergie, Mathieu Bihet (MR), qui selon nos informations discute toujours avec Engie. En outre, EDF, le concurrent nucléaire d’Engie en France, “étudie de près” la reprise de certains actifs nucléaires en Belgique, a récemment indiqué le média Français La Lettre.
8 GW de nucléaire
Pour rappel, l’accord de gouvernement de l’Arizona envisage la prolongation de 4 unités de nucléaire et de 4 GW supplémentaires. On sait que Tihange 3 et Doel 4 sont prolongés pour 10 ans. Le ministre de l’Énergie a reçu un mandat pour tenter de prolonger Doel 1, Doel 2 et Tihange 1.
Il y a deux semaines, le Bureau du Plan a publié une étude sur les besoins en électricité de la Belgique d’ici 2050, pour atteindre la neutralité carbone. Selon l’étude, nos besoins passeront de 88 TWh en 2020 à 202 TWh en 2050.
Trois scénarios ont été envisagés, comportant du renouvelable, du nucléaire et des interconnexions avec les autres pays européens. Le scénario le plus efficace qui limiterait l’envolée du prix de l’électricité est celui qui prévoit 8 GW de nucléaire (en plus de Tihange 3 et Doel 4) et 8 GW d’éolien offshore, ressort-il du rapport.
Du côté du ministre Bihet, on déplore en tout cas la décision d’Engie : “Il est regrettable de mettre à l’arrêt une unité capable de produire de l’électricité sans émissions de carbone. Cette fermeture illustre les conséquences malheureuses d’une politique énergétique menée ces dernières années, qui a fragilisé notre filière et notre approvisionnement.”