À Dessel, en Campine, deux tumuli gorgés de déchets nucléaires en fin de vie domineront prochainement le paysage.
Longtemps, les hommes ont prêté à la mer un pouvoir de dilution illimité, ce qui a conduit, dans un premier temps, les industriels du nucléaire à y balancer leurs déchets avec une philosophie qui, aujourd’hui, fait frémir. La plupart des conteneurs étaient en effet conçus pour commencer à rompre le confinement des radionucléides trois ans après leur immersion et relâcher ensuite 1% de ceux-ci chaque année.
Entre 1960 et 1982, la Belgique a ainsi immergé 55.234 conteneurs de déchets radioactifs, quasi tous en eaux profondes. Ils étaient, en outre, faiblement radioactifs. En matière nucléaire, en effet, un déchet n’est pas l’autre. Il y a les “encombrants” et les “dangereux”. Parmi les premiers figurent les déchets de faible et moyenne activité, qui peuvent être à courte (catégorie A) ou moyenne (catégorie B) demi-vie. Ensemble, ces déchets assurent 95% du volume total de déchets, mais moins de 10% de la radioactivité de tous les déchets radioactifs. Ceux de haute activité (catégorie C) seront stockés en profondeur. Ainsi en a décidé, fin 2022, le gouvernement, qui cherche toujours une localisation appropriée. Et cela risque de prendre du temps.
120.000 fûts de déchets radioactifs
En 2006 déjà, il avait demandé à l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (Ondraf) de développer un projet intégré d’entreposage définitif en surface pour tous les déchets de faible et moyenne activité et de courte demi-vie. Entre-temps, il est vrai, il a fallu convaincre et conclure avec les communes de Dessel et de Mol un véritable contrat social en matière d’information, de santé, d’environnement, d’emploi et de savoir-faire nucléaire. Quoi qu’il en soit, la première pierre d’un complexe appelé à accueillir pour au moins trois siècles quelque 120.000 fûts de déchets radioactifs vient d’être inauguré par le Premier ministre en personne.
Cela peut paraître beaucoup, mais à force de tergiversations, 50.000 fûts patientent déjà dans des installations de stockage temporaires. Tous seront encapsulés par quatre avec du mortier dans des caissons en béton pour former un monolithe. Les déchets en vrac, de leur côté, sont directement encapsulés avec du mortier d’immobilisation.
34 modules de 900 monolithes
Les monolithes seront fabriqués sur place au rythme de 1.000 par an et stockés dans des modules, à savoir des bunkers aux parois épaisses en béton armé. Trente-quatre modules, capables d’accueillir chacun 900 monolithes, seront ainsi construits en deux phases ; l’une de 20 modules, l’autre de 14. Les deux bâtiments recevront, tant qu’ils sont en exploitation, une couverture fixe en acier, puis une couverture permanente ne laissant dans le paysage que deux tumuli verdoyants hauts d’une vingtaine de mètres.
Les travaux de génie civil seront assurés par NucleusSafe, un consortium composé des entrepreneurs Besix, Vanhout, Stadsbader Contractors et Deckx. Le gantois Denys, de son côté, prendra en charge l’ingénierie électromécanique de ce méga-chantier dont le coût total est estimé à 2,6 milliards d’euros.
Le coût final de ce méga-chantier est estimé à 2,6 milliards d’euros.
Guillaume Capron
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.