COP28: l’incroyable tabou des énergies fossiles
Pour la première fois, il est question de mentionner explicitement à Dubaï une sortie du pétrole et du gaz. Ce fut longtemps impensable et ce pourrait encore l’être… Mais attention à l’hypocrisie.
La COP28, qui s’ouvre ce mercredi à Dubaï, sera-t-elle le tombeau des énergies fossiles? Le sujet est à l’ordre du jour et ce serait d’autant plus incroyable d’atterrir sur ce sujet que le responsable de cette conférence internationale n’est autre que le ministre Sultan Al-Jaber, qui n’est autre que le CEO du géant pétrolier émirati, Adnoc.
Ce le serait d’autant plus que… le sujet est tabou depuis toujours, au sein de ce cénacle décisif pour la lutte contre le réchauffement climatique. Le mot “énergies fossiles” n’est jamais apparu dans les décision adoptée à l’issue de ces COP et ne figurait d’ailleurs pas dans deux textes majeurs, le protocole de Kyoto de 1997 et es Accords de Paris de 2015.
“Blocage complet”
“Lorsque nous préparions l’accord de Paris, nous avons essayé beaucoup de formules, dont celles d’un abandon progressif des fossiles, soulignait dans un entretien au Monde Laurence Tubiana, qui avait contribué à la rédaction de ce texte. Mais cela a suscité un blocage complet. C’est pour cela que nous sommes passés par le biais du terme ‘gaz à effet de serre’.” Le poids des mots…
Le dévoiement est d’autant plus important que l’on comptabilise les émissions de CO2 là où elles sont brûlées, pas là où elles sont produites.
Cete fois, pourtant, le sujet est explicitement à l’ordre du jour. « Evidemment, je suis fortement en faveur d’un texte qui inclue la sortie (des énergies fossiles) », même avec un calendrier progressif, a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres mercredi dans un entretien à l’AFP, avant de s’envoler pour Dubaï. En soulignant que les Emirats seraient peut-être les mieux placés pour forcer cette décision, eux qui préparent leur économie à l’après-énergies fossiles.
Hypocrisies à tous les étages
Ce débat risque d’être encore vif ou, à tout le moins, accoucher d’une déclaration symbolique. Car les principaux pays occidentaux sont loin du compte. Les Etats-Unis se sont refaits une santé grâce aux hydrocarbures et au gaz de schiste, l’Allemagne fait appel au charbon pour pallier ses manques et, en dépit d’investissements importants dans les énergies renouvelables, le gaz liquéfié reste indispensable pour passer l’hiver au chaud en Europe.
Le débat se focalise aussi sur la nécessité de fixer plutôt des objectifs, en laissant à chacun la meilleure façon de les atteindre. C’est l’option défendue par le Premier ministre belge. Alexander De Croo, a relancé opportunément l’idée d’une prolongation élargie dans le temps des centrales nucléaires en Belgique, à la veille de la COP. Mor d’ordre: la neutralité technologique.
Bien sûr, l’appel à tripler les énergies renouvelables devrait être soutenu soutenu. Mais l’objectif d’un 100% renouvelable reste un rêve, en l’état. De même que la disparition absolue et rapide des énergies fossiles.
COP28
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