Emmanuel Amory, CEO de GSK : « Le manque d’attrait pour les filières scientifiques est inquiétant »

Emmanuel Amory © pg
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le plus gros employeur de Wallonie, c’est GSK avec 9.000 personnes. Son patron Emmanuel Amory revient, dans l’émission Trends Talk, sur les difficultés de recrutement, en particulier dans les profils scientifiques.

Quelque 140 postes, dont une cinquantaine difficiles à pourvoir, sont actuellement ouverts chez GSK, le producteur de vaccins implanté à Wavre, Rixensart et Gembloux. Cela reste très peu, proche du renouvellement naturel dans une entreprise de 9.000 personnes. « Nous sommes concernés par la pénurie de main-d’œuvre en Belgique, mais peut-être moins que d’autres, explique Emmanuel Amory, interrogé pour l’émission Trends Talk, qui sera diffusée ce week-end sur Canal Z. En Belgique, 1.500 postes sont vacants dans l’industrie biopharmaceutique. » Il pointe trois explications : l’accélération technologique qui fait que certaines compétences ne peuvent plus être acquises lors de la scolarité, les pièges à l’emploi et le manque d’attrait pour les métiers scientifiques qui est, dit-il « peut-être le plus inquiétant ».

Cette évolution risque-t-elle de brider le redéploiement d’une Wallonie qui mise beaucoup (et avec de belles réussites) sur les biotechnologies ? « Heureusement, nous n’en sommes pas là, répond Emmanuel Amory. Mais il est temps de tirer la sonnette d’alarme. » Il invite les écoles à adapter leurs enseignements aux attentes des jeunes d’aujourd’hui et les entreprises à s’impliquer également. « Les métiers de demain n’existent pas encore, à nous, entreprises, d’assurer les ponts entre les bases apprises à l’école et le métier que ces personnes exerceront plus tard », dit-il.

GSK produit plus de vingt vaccins et en a à peu près autant dans son pipeline de recherche. L’entreprise a sorti récemment un vaccin contre le Virus respiratoire syncytial chez les personnes âgées (ce virus crée la brochiolite chez les enfants et des problèmes respiratoires chez les aînés). Ce vaccin a été développé en Belgique et il y est désormais fabriqué.« On peut faire un cocorico, car c’est la Belgique qui travaille depuis trente ans, dit Emmanuel Amory. Ce n’est pas GSK tout seul qui réalise cela, il y a un ensemble, un écosystème, qui permet de le faire pour les essais cliniques, pour la recherche, mais aussi pour la mise en application industrielle. »

Le patron de GSK revient aussi sur l’épisode Covid, dans lequel le champion du monde du vaccin n’a pas remporté la course. « Il faut accepter les lois de la compétition, on n’est pas toujours le meilleur, concède-t-il. Tant que c’est dans l’intérêt de la science et que cela fait progresser la santé publique, c’est une bonne chose. Cette vaccination massive, avec des vaccins ARNmessager, a démontré que ça marche. Cela fera progresser l’ensemble des producteurs de vaccins, nous y compris. »

GSK a lancé il y a quelques mois le chantier d’aménagement d’un centre logistique à Gembloux. L’outil devrait être opérationnel en 2025 et permettra de consolider le stockage des produits et de réduire l’impact environnemental. Il sera géré par un spécialiste de la logistique (« ce n’est pas notre métier », dit Emmanuel Amory) et sera accessible aux autres sociétés pharmaceutiques du pays. « Nous sommes en train de revoir la façon dont on transporte, conclut Emmanuel Amory. L’une des raisons de la consolidation de notre stockage est d’éviter de faire rouler nos camions à vide. Nous exportons 99% de notre production, surtout par avion. Nous voulons le réduire à 50%, puis 30% de nos expéditions en passant progressivement au transport maritime. »

L’émission Trends Talk sera diffusée en boucle ce week-end sur Canal Z.

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