Effet JO et Taylor Swift : une hausse de l’inflation, mais en trompe-l’œil

Fin des JO : touristes et athlètes quittent Paris, congédiés par la mascotte, Phryge.(Photo by Sebastian Kahnert/picture alliance via Getty Images)

Avec les Jeux olympiques et les concerts de Taylor Swift cet été, les prix des hôtels, des billets d’avion et d’autres services ont explosé. Ce qui a un impact sur l’inflation globale… mais pas sur le portefeuille des consommateurs locaux.

Clap de fin pour les Jeux olympiques de Paris: l’événement s’est achevé en fanfare ce dimanche soir (du moins, en attendant les Paralympiques). Pareil pour un autre événement qui attire les foules: la tournée européenne de la chanteuse américaine Taylor Swift, qui doit encore faire un saut à Londres cette semaine, arrive tout doucement à terme. L’heure des comptes et des bilans est donc arrivée. La facture sera-t-elle salée?

Une hausse générale des prix

Tout ce public, souvent international, crée en effet une hausse de la demande pour des chambres d’hôtel et des billets d’avion, ainsi que d’autres services spécifiques. De quoi faire augmenter les prix de manière générale. Et l’annulation en dernière minute des trois dates autrichiennes de Taylor Swift en raison d’un attentat déjoué ne change rien à ce calcul…

In fine, cette hausse des prix se ressent dans l’indice des prix à la consommation et fait augmenter l’inflation, montre un rapport d’UBS. Pour autant, cela n’a pas réellement impacter les consommateurs locaux.

Explosion des tarifs dans les hôtels parisiens

Bien avant le début des JO, l’explosion des prix des chambres d’hôtel avait fait la Une de l’actualité. A l’approche des JO, ce sont les nombreuses annulations, et baisses des prix pour y remédier, qui ont défrayé la chronique. Qu’en a-t-il été finalement ? Selon CoStar, société d’analyses de données, le taux d’occupation des hôtels parisiens durant les trois semaines des JO (entre 80 et 90%) a largement dépassé celui de 2023 pour la même période (autour de 60%).

Le “taux journalier moyen” (une mesure utilisée pour calculer le revenu par chambre dans l’hôtellerie) est en hausse de 143% sur les trois semaines de JO, par rapport à la même période en 2023. Sur la première semaine de l’événement planétaire, la hausse frôlait même les 210%. Une hausse folle, mais qui ne touche donc pas vraiment le portefeuille des consommateurs français.

Inflation en trompe-l’œil

“Les Jeux olympiques ou un concert de Taylor Swift créent un choc soudain de la demande”, explique Paul Donovan, économiste en chef chez UBS Global Wealth Management dans le rapport consulté par CNBC. “La méthode de mesure de ces prix est plus à même de saisir le caractère inhabituel et transitoire de la demande, et c’est là que se produit l’augmentation de l’inflation des prix à la consommation”.

“Il s’agit d’un choc de la demande, mais d’un choc de la demande étroitement ciblé, ce qui est en quelque sorte le problème du côté de l’inflation, parce que vous créez une période concentrée de demande absolument anormale. Le mécanisme de fixation des prix s’emballe”, continue-t-il. L’inflation globale de la zone euro est en effet en hausse en juillet, et n’a d’ailleurs pas vraiment baissé cette année. Mais de là à parler d’un impact général, rien n’est moins sûr…

Surtout les touristes…

Il explique ainsi que la hausse des prix des hôtels à Londres, par exemple, “peut avoir été porté par un groupe restreint d’aficionados de la musique de Swift”. Pour les JO à Paris : “Les touristes qui affluent à Paris pour les Jeux olympiques et qui en paient le prix ne sont pas représentatifs des consommateurs français”, bien que de nombreux Français aient été présents en tribunes pour encourager leurs athlètes nationaux.

“Le Français moyen cherche-t-il à rester à Paris en ce moment? Non, absolument pas, à moins d’être fou ou d’aller aux Jeux olympiques”, ajoute-t-il. “La plupart d’entre eux ne sont pas affectés par la flambée des prix” de ces services particuliers. De nombreux Parisiens ont en effet quitté la capitale durant cette période et ne sont donc pas impactés par le supplément JO des transports en commun ou de certains restaurants, par exemple. Ce qui fait que la hausse des prix est encore plus précise, limitée aux touristes et décalée de la réalité des dépenses des locaux.

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