Disparition de Typhanie Afschrift, une voix libre jusqu’au bout

C’est une de ces nouvelles qui vous saisissent à la gorge. Une de celles qui, en quelques mots, suspendent le temps, parce qu’elles bouleversent à la fois la raison et le cœur. Typhanie Afschrift nous a quittés. Et avec elle s’éteint une voix rare, singulière, profondément libre.

Typhanie était une amie, personnelle et de la rédaction. Et c’est donc avec le poids du chagrin, mais aussi la lumière de la reconnaissance, que je veux lui rendre hommage ici, sur le site de Trends-Tendances, où elle a tant écrit, débattu, éclairé, parfois dérangé. Toujours avec une exigence intellectuelle de très haut niveau.

Avocate fiscaliste de renom, professeure de droit fiscal à l’Université libre de Bruxelles, auteure, chroniqueuse, intellectuelle au sens plein du terme : Typhanie n’a jamais cherché à plaire. Elle a toujours préféré convaincre. Elle n’a jamais cédé à l’air du temps. Elle a toujours choisi le souffle long de la rigueur, de l’argumentation, de la liberté de pensée.

Ses chroniques étaient redoutées par certains, admirées par beaucoup, précieuses pour tous. Car Typhanie ne se contentait pas d’émettre des opinions : elle les étayait. Elle ne critiquait jamais gratuitement. Elle interrogeait les certitudes, traquait les incohérences du système fiscal, démontait les raisonnements paresseux. Le tout avec une plume acérée, élégante, et une clarté de pensée qui forçait l’attention. Une voix libérale, oui, mais dans le sens noble et exigeant du terme : attachée à la liberté d’entreprendre, à la responsabilité individuelle, à la limitation des pouvoirs excessifs de l’État. Mais aussi soucieuse de cohérence, de justice et de vérité.

Typhanie n’était pas de celles qui se cachent derrière des idées. Elle les incarnait. Et parfois, elle allait encore plus loin : elle incarnait la vérité, sa propre vérité. En assumant publiquement sa transition de genre en 2020, elle a fait preuve d’un courage rare.

Elle a déclaré haut et fort : « Je suis une femme. » Ce ne fut ni un coup médiatique, ni une revendication narcissique. Ce fut un acte d’authenticité. Un geste de liberté, encore une fois. Elle a assumé sa féminité tardivement, oui, mais pleinement. Avec dignité. Avec aplomb. Avec une élégance tranquille.

Et elle l’a fait sans jamais instrumentaliser ce parcours, ni chercher la compassion. Simplement. Comme on vit en vérité. Cette vérité-là aussi faisait partie de son indépendance d’esprit.

Il y avait chez Typhanie Afschrift quelque chose qui rappelait les grands essayistes libéraux du siècle dernier : la rigueur de Hayek, la liberté de pensée d’Ayn Rand, mais aussi une forme d’humanisme souriant à la belge, discret. Elle n’élevait jamais la voix, elle argumentait. Elle ne jugeait pas, elle interpellait. Elle ne se contentait pas d’être brillante – elle cherchait à éclairer.

Son départ me bouleverse. Mais il ne me laisse pas vide. Car Typhanie laisse un héritage. Pas seulement un héritage de pensée – bien que celui-ci soit immense. Elle laisse une manière d’être au monde. Celle d’une femme libre, cultivée, indépendante, et profondément fidèle à ses valeurs. Elle laisse aussi un exemple : celui d’une vie cohérente, d’un engagement assumé, d’un itinéraire atypique mené sans plainte, sans bruit, mais avec une force impressionnante.

Je crois que Typhanie Afschrift continuera de vivre à travers ses textes, ses idées, ses prises de position. Elle continuera d’inspirer tous ceux qui croient encore que la liberté mérite d’être défendue. Qu’elle se défend avec des faits, des principes, des arguments – et non avec des slogans. Et qu’elle se vit avec courage.

Merci, Typhanie. Merci pour ton amitié. Merci pour ton exigence. Merci pour ton regard sur le monde : libre, affûté, jamais cynique. Merci d’avoir incarné une voie libérale authentique, rigoureuse, indépendante – et tellement nécessaire.

Tu vas nous manquer.
Merci au nom de la rédaction de Trends-Tendances.