Une réduction des énergies fossiles, mais pas de sortie: le projet d’accord de la COP28 jugé insuffisant

Un nouveau projet de texte à la COP28 a été dévoilé à la veille de sa clôture. L’accord appelle à une réduction des énergies fossiles, mais sans utiliser le terme « sortie ».

Le nouveau projet d’accord à la COP28 sur le climat, préparé par les Emirats arabes unis, a été rendu public à la veille de la clôture prévue de la conférence de l’ONU. Le texte appelle notamment à la « réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net (neutralité carbone, NDLR) d’ici, avant ou autour de 2050, comme préconisé par la science ». Mais il ne mentionne plus le mot de « sortie » des énergies fossiles, ce qui était une ligne rouge pour de nombreux pays et observateurs présents aux négociations de Dubaï.

Sur le charbon, le texte appelle à « réduire rapidement le charbon sans captage de carbone » ainsi qu’à des « limites sur les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon » sans captage de carbone (unabated). Le projet mentionne également le nucléaire et les technologies de captage et de stockage du carbone, exigées par les pays producteurs de pétrole et de gaz pour continuer à pomper des hydrocarbures, mais balbutiantes, « afin d’améliorer les efforts pour substituer les énergies fossiles sans captage (unabated) dans les systèmes énergétiques ».

Le texte reprend l’objectif de triplement des énergies renouvelables au niveau mondial et de doublement du rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030.

Insuffisant

L’Union européenne a jugé « insuffisant » le projet d’accord appelant, comme les Etats-Unis, à une ambition plus grande pour sortir des énergies fossiles. Washington a à cet égard estimé que le texte devait être « substantiellement renforcé », en particulier sur la « question des énergies fossiles ».

« Ce texte, il est insuffisant, insuffisant. Il y a des éléments qui ne sont pas acceptables en l’état », a quant à elle déclaré la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à Dubaï. Quelques minutes plus tard, la ministre espagnole Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, a à son tour qualifié le texte de « clairement insuffisant ».

Pour le commissaire européen au Climat Wopke Hoesktra, « les scientifiques sont clairs comme de l’eau de roche sur ce qui est nécessaire et, en haut de la liste, il y a sortir des énergies fossiles », un terme qui a disparu du texte proposé par le président de la conférence Sultan Al Jaber, par ailleurs président de la compagnie nationale pétrolière des Emirats arabes unis. « Une grande majorité de pays en veut plus sur la sortie des énergies fossiles (…) et pour se débarrasser du charbon », a-t-il ajouté, citant l’alliance de fait des Européens sur cette question avec de nombreux Etats insulaires ou d’Amérique latine. « C’est à nous de faire en sorte que ces voix soient entendues (…) dans les jours qui viennent », « quel que soit le temps qu’il faudra »,a-t-il lancé, alors que le président de la COP28 entend conclure les débats mardi.

Déception

« Nos voix ne sont pas entendues » et le projet de texte est « totalement insuffisant » sur la question des énergies fossiles, a dénoncé le ministre samoan Cedric Schuster, qui préside l’alliance des petits Etats insulaires (Aosis). « Il semble que plusieurs autres parties ont bénéficié d’un traitement préférentiel, compromettant la transparence et l’inclusivité du processus », a-t-il déclaré.

« Nous avons fait des progrès mais nous avons encore beaucoup à faire« , a déclaré le président de la COP28 à Dubaï Sultan Al Jaber. « Nous devons encore combler de nombreux différends », a reconnu Sultan Al Jaber en séance plénière, assurant qu’il n’y avait « pas de temps à perdre ». « Nous devons parvenir à un résultat qui respecte la science et qui maintienne l’objectif de 1,5°C à portée de main », a-t-il déclaré à la veille de la clôture de la conférence de l’ONU.

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