Un green deal ambitieux n’a pas dit son dernier mot

Ursula von der Leyen - Belga Image © belga
Baptiste Lambert

Les tractations vont bon train, au sein du Parlement européen. Car la majorité sortante semble incertaine pour reconduire Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Son PPE est à la recherche d’un 4e partenaire. Et les Verts se repositionnent en bonne place. Mais ils n’intégreront une majorité qu’au prix d’un green deal ambitieux. Et forcément, au sein du PPE, et chez certains libéraux, cela fait grincer quelques dents.

“Pour faire échouer le Green Deal européen, c’est facile, il suffit de ne rien faire”, déclarait il y a quelques semaines le coprésident sortant des Verts européens, Philippe Lamberts. À l’époque, l’écologiste craignait que le Parti populaire européen (PPE) puisse s’acoquiner avec le groupe des Conservateurs et Réformistes (CRE), dont fait partie Fratelli d’Italia, de Georgia Meloni.

Le but était d’assoir une majorité confortable avec les socio-démocrates (S&P) et les libéraux (Renew). La majorité sortante a en effet perdu des plumes lors du dernier scrutin. La tripartite dispose encore de 400 sièges sur 728, ce qui peut sembler, a priori, suffisant, mais des voix dissidentes sont présentes au sein de Renew et du S&P.

Un vote crucial le 18 juillet

L’enjeu n’est autre que la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Avec Antonio Costa, au Conseil européen, et Kaja Kallas à la politique étrangère, elle forme le trio proposé à l’issue des négociations sur les “tops jobs” européens.

Les députés seront amenés à valider ces candidatures le 18 juillet prochain. Depuis, Ursula von der Leyen tente de rallier le plus de députés à sa cause. L’Allemande connait l’importance de l’enjeu : en 2019, elle n’avait été élue qu’à neuf voix près.

Or, selon certains calculs internes, le PPE estime qu’il pourrait perdre jusqu’à 15% des votes individuels issus des trois groupes. Car il s’agit de bulletins cachés. Le PPE se méfie en particulier des certains députés socio-démocrates, mais aussi de Renew. Par exemple, il n’est pas clair si Les Républicains français apporteront leur soutien. Au Parlement européen, il n’est pas rare de voter par délégation nationale plutôt que par groupe politique.

Les Verts ont une carte à jouer

Une alliance avec le CRE, qui dispose de 78 sièges, a cet avantage de s’appuyer sur un groupe plus ou moins pro-européen et plus ou moins compatible. Il est en effet exclu de s’allier avec le groupe des Patriotes pour l’Europe, nouvellement créé, auquel s’est récemment ajouté le Rassemblement national. C’est même Jordan Bardella qui présidera ce groupe politique, composé des partis de Viktor Orban, Matteo Salvini, Geert Wilders et Tom Van Grieken. Il s’agit ni plus ni moins que la troisième force politique du Parlement, mais autour de laquelle se forme un cordon sanitaire.

Mais lors des négociations sur les “tops jobs”, Georgia Meloni s’était abstenue. Et le parti polonais Droit et Justice (PiS), l’autre grande formation politique du groupe CRE, n’a pas encore officiellement annoncé son soutien à la présidente de la Commission sortante. En outre, les socialistes s’opposent au soutien du CRE dans la majorité.

Dans ce cadre, le PPE n’a d’autre choix que de se tourner vers les Verts. Mais les choses ne sont visiblement pas simples non plus, apprend Euractiv, qui fait état d’une large division au sein du PPE à propos des écologistes, notamment au regard de la crise agricole du début de l’année. Certains accusent les Verts d’avoir négligé les agriculteurs au profit des questions environnementales. « Il y a vraiment un problème de confiance entre le PPE et les Verts. Nous ne pouvons pas leur faire confiance quant à leur soutien total, et c’est un point sur lequel nous devons travailler pour rendre la coalition pro-UE aussi forte que possible », a expliqué une source du groupe de centre droit à Euractiv.

Un green deal ambitieux

De leur côté, les Verts ont clairement une carte à jouer. Ils pourraient décider de vendre chèrement leur peau, en demandant des garanties sur l’application du Green Deal. Sans pause environnementale, comme l’ont demandé par le passé plusieurs chefs d’État, dont Emmanuel Macron ou Alexander De Croo.

Les Verts peuvent également s’appuyer sur les socialistes qui ont fait du Green Deal l’une de leurs priorités. Réponse jeudi prochain.

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