Un Cooreman-De Clercq pour la transition énergétique ?
Le bon d’Etat a prouvé que l’épargnant était sensible à l’avantage fiscal. Pourquoi ne pas l’utiliser pour soutenir les sociétés cotées belges dans la transition climatique ?
Euronext Bruxelles, BEL IR (l’association belge des investisseurs relations) et Degroof Petercam ont organisé voici quelques jours, à deux pas de la Bourse de Paris, la 4ème édition du « Belgian Day ». Nous avons poussé la porte du centre d’affaires parisien où se tenait cet événement. Il rassemblait les dirigeants de 12 sociétés cotées belges (Agfa Gevaert, Ascencio, Barco, Cofinimmo, Bekaert, Deme, EVS, Fagron, Kinepolis, Montea, Recticel, et Xior) et une cinquantaine d’investisseurs institutionnels français. L’occasion de jeter un coup de projecteur sur la spécificité de la Bourse de Bruxelles et des sociétés cotées belges pour les investisseurs étrangers.
L’intérêt du « face to face »
A l’heure des visioconférences, est-ce encore intéressant d’organiser ce type d’événements et de rencontres « en présentiel » ?
« La raison pour laquelle nous, Euronext, réalisons ce type d’événement est évidemment de soutenir nos clients, observe Sophie Stegen, Head of Listing chez Euronext Brussels. Les champions locaux belges ont pendant une journée la possibilité de rencontrer pendant des investisseurs qui, autrement, seraient peut-être un peu plus difficiles à atteindre. Ils ont l’occasion de raconter leur « story », de convaincre les investisseurs d’investir et de créer de la liquidité pour les titres belges, ce qui est important pour Euronext ».
Et rien ne remplace ne remplace vraiment de voir les gens face à face, ajoute Viviane Dictus, administratrice de BEL IR et responsable des relations investisseurs chez Agfa Gevaert. Voir les gens en face à face permet d’aller plus rapidement au fond des choses, dit-elle. « Le body language par exemple est important dans la communication, abonde Kris Kippers, Co-Head of Equity Research (Degroof Petercam).
Outre la qualité de la rencontre, ce type d’événement permet aussi un effet d’entrainement : « Pour les investisseurs présents, qui sont une combinaison de grands investisseurs (grand groupe d’assurance), de family office, d’investisseurs de tailles moyennes…, le Belgian Day leur permet d’approcher en une seule journée 12 sociétés cotées belges ». Viviane Dictus trouve elle aussi très intéressant d’offrir une plateforme à des sociétés membres de BEL IR, qui sont peut-être moins connues que les quelques blue chips belges. Elle observe qu’il y a un effet de groupe positif : « Certains investisseurs viennent peut-être voir une société particulière, mais ont la possibilité d’en côtoyer d’autres qu’ils ne connaissaient peut-être pas ou qu’ils n’avaient pas à priori envisagé de rencontrer ».
Les perles belges
Mais quelles sont les spécificités des sociétés cotées belges ? Il y a bien sûr des niches sectorielles qui sont typiques, répondent nos interlocuteurs : les sociétés biotechs, les holdings, les sociétés immobilières. Mais il y a aussi des spécificités plus générales, propres au tissu économique du pays.
« Nous parlons à de grands investisseurs internationaux qui sont actifs dans les petites capitalisations et qui estiment que la Belgique présente un nombre disproportionné de petites perles », souligne Kris Kippers. Ce sont des entreprises familiales qui se concentrent sur le long terme, qui exécute leur stratégie. Certaines de ces belles sociétés cotées quittent parfois la Bourse, mais en termes relatifs, il subsiste encore quelques dizaines de ces entreprises qui affichent de solides résultats et qui occupent une position unique dans leur secteur ».
Pourrait-on susciter un plus grand intérêt de l’épargne belge à ces valeurs ? « Les conditions macro-économiques jouent évidemment un rôle important, répond Sophie Stegen et ces deux dernières années, avec le covid, l’inflation, la hausse des taux, ont été un peu plus difficiles. Mais il y a aussi la réglementation et le cadre législatif qui en découle », dit-elle.
Un Cooreman-De Clercq pour la transition
En ce sens, et en vue des élections de l’année prochaine, Euronext Bruxelles essaie de promouvoir le secteur et de favoriser un cadre législatif efficace, similaire à celui des pays qui nous entourent. « Sur le plan européen Euronext veut également jouer un rôle dans le Listing Act, afin de faciliter un certain nombre de points dans la législation sur les prospectus et de réduire la concurrence du marché américain, ajoute Sophie Stegen. Et pour la transposition de cette législation européenne en droit belge, il est important que notre pays ne pratique pas le « gold plating », qu’il ne soit pas plus strict que les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne », dit-elle. Euronext a-t-il un souhait à adresser au prochain gouvernement ? « « Nous avons quelques propositions concrètes, répond Sophie Stegen. Lune est de réveiller la loi Cooreman-De Clercq (qui instaurait un avantage fiscal pour les petits investisseurs en actions, NDLR). Nous avons vu, avec les bons d’État, que les Belges investissent quand il y a une réduction du précompte. Cette épargne pourrait être pour soutenir les entreprises du pays. Il est important que les investisseurs privés puissent utiliser leur épargne pour soutenir l’économie réelle et aussi, par exemple, aider à financer toute la transition climatique. Ce sont des propositions que nous voulons porter. Nous ne demandons pas de réductions d’impôts ou de réductions exubérantes, mais cette petite nuance pourrait vraiment aider à soutenir la prospérité en Belgique. »
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