Petite avancée au COP28: l’accord final évoque une “transition”

(Photo by Union Europeenne / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Le texte adopté par 200 Etats n’évoque pas une “sortie des énergies fossiles”, ni même une réduction de la production et de la consommation, mais bien un terme déjà largement utilisé. Les réactions sont mitigées.

Près de 200 États ont adopté, mercredi matin à Dubaï (Émirats arabes unis), le premier “bilan mondial” dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, appelant notamment à opérer une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, dans l’optique de la neutralité carbone en 2050.

Aussi alambiquée qu’elle soit, cette formulation sur les énergies fossiles, dont la combustion est largement responsable du réchauffement climatique, est inédite dans une décision d’une conférence de l’Onu sur le climat. La COP28 marque également un pas vers la fin des énergies fossiles et réaffirme l’objectif de limiter le réchauffement climatique bien en deçà de +2°C et de poursuivre les efforts pour le contenir à +1,5°C

La dernière version d’un projet de décision à la COP28, soumis par la présidence émiratie de la conférence climat mercredi tôt le matin à Dubaï, après des heures d’intenses tractations, appellait en effet non pas à “sortir progressivement”, comme le demandaient plusieurs blocs de pays, dont les Européens, ni seulement à “réduire” la production et la consommation de fossiles, comme le prévoyait une version précédente très critiquée, mais bien à réaliser “une transition” depuis les énergies fossiles.

Un texte ambigu, mais inédit

Les petits Etats insulaires, dont l’existence même est menacée par la montée des eaux due au réchauffement climatique, mais aussi l’Union européenne et plusieurs pays sud-américains ont ferraillé ces derniers jours pour défendre une sortie progressive (phase out) des combustibles fossiles mais se sont opposés aux pays pétroliers, Arabie saoudite en tête, pour qui il faut s’attaquer aux émissions de carbone plutôt qu’à leurs sources (c’est-à-dire pour grande partie la combustion d’énergies fossiles).

En outre, certains grands pays en développement comme l’Inde produisent encore la majorité de leur électricité à partir du charbon.

Ce nouveau texte de bilan mondial, exercice inédit qui doit encore être approuvé par consensus en séance plénière ce mardi matin par les près de 200 Etats présents à Dubaï, appelle également à une sortie progressive des subsides aux énergies fossiles qui ne répondent pas à la pauvreté énergétique ou aux transitions justes et ce, “dès que possible”.

Afin de contribuer à l’effort mondial visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, comme l’ambitionne l’accord de Paris sur le climat, les pays sont aussi appelés, d’ici 2030, à tripler la capacité d’énergies renouvelables dans le monde et à doubler l’efficacité énergétique. Le texte d’une vingtaine de pages demande encore d’accélérer les technologies bas et zéro carbone et cite, en vrac: les énergies renouvelables, le nucléaire, les techniques de capture et séquestration du carbone et la production d’hydrogène bas carbone. En matière de charbon, particulièrement polluant, le dernier projet de décision appelle à une accélération des efforts vers une diminution des centrales à charbon sans dispositif de capture et séquestration du carbone.

Le texte appelle aussi les pays à accélérer et à réduire substantiellement les émissions mondiales de gaz à effet de serre autres que le CO2, et spécialement les émissions de méthane, gaz responsable d’environ 20% de l’effet de serre actuel. Enfin, le projet de compromis, qui semble écrit pour que chaque pays s’y retrouve, “reconnaît” que des combustibles de transition “peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique.” Une phrase qui semble faire référence au gaz.

Des réactions mitigées

Du côté des ONG, qui militent, rapports des scientifiques du Giec à l’appui, pour une sortie la plus rapide possible des énergies fossiles, les premières réactions sont mitigées. “Ce n’est pas encore la décision dont le monde a besoin mais il y a quelques améliorations dans l’appel à transitionner en dehors des énergies fossiles. Le signal que craignait l’industrie fossile est là: la fin de l’ère des combustibles fossiles, avec un appel à accélérer massivement les renouvelables et l’efficacité énergétique cette décennie mais il est enseveli sous de nombreuses distractions et dépourvu de moyens suffisants pour le réaliser d’une manière équitable et rapide”, estime Kaisa Kosonen, de Greenpeace International.

Si les signaux à ce stade sont mitigés quant à la sortie des énergies fossiles (on tend vers un pas en avant mais avec beaucoup de failles), ils sont rouges quant à la dimension équitable de la transition énergétique, sans garanties financières adéquates pour opérer la transition dans les pays en développement”, commente pour sa part Rebecca Thissen, chargée de recherche chez CAN International, réseau qui regroupe plus de 2.000 ONG dans le monde.

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