SoluCalc concurrence les adoucisseurs d’eau classiques avec une solution économique et écologique
Une entreprise belge a mis au point une solution écologique qui traite le calcaire de l’eau de distribution avec du CO2 alimentaire. En cinq ans, l’entreprise a multiplié son chiffre d’affaires par dix.
“En Belgique, nous sommes assis sur une immense roche de calcaire”, explique Antoine Wibrin, general manager de Hydro-Bio, entreprise belge qui a mis au point un adoucisseur d’eau au CO2. Sa solution, SoluCalc, est un système naturel et écologique qui traite le calcaire grâce au CO2 alimentaire (le même qui se trouve dans les appareils Sodastream ou celui qui est utilisé pour l’eau pétillante). Ce CO2 est récupéré comme déchet de productions industrielles, notamment de bioéthanol ou d’engrais, pour ensuite être filtré et réutilisé dans les bonbonnes de SoluCalc.
L’injection de CO2 alimentaire dans l’eau de distribution engendre une réaction chimique : le calcaire présent dans l’eau réagit et se transforme en bicarbonate de calcium. L’avantage de ce dernier est qu’il est soluble dans l’eau et ne s’accroche donc pas aux parois des canalisations. “Ça fait très longtemps que ce procédé est utilisé dans le monde industriel”, rappelle Antoine Wibrin, qui prend l’exemple des systèmes d’irrigation automatisés dans le monde agricole. “Mais entre injecter une grosse dose de CO2 dans des quantités astronomiques d’eau et traiter le petit filet qui coule lorsque vous vous brossez les dents, ce n’est pas du tout le même débit ni la même injection.”
La micro-injection de CO2 adaptée aux débits résidentiels a donc nécessité plusieurs années de recherche et développement. Un mérite qui revient aux fondateurs de l’entreprise (dont le nom n’est pas communiqué) à qui Antoine Wibrin a racheté les parts il y a cinq ans. Depuis la reprise, de l’eau a coulé sous les points : le chiffre d’affaires de 700.000 euros qu’Hydro-Bio affichait a été multiplié par dix, pour atteindre les 7 millions d’euros. Une croissance importante qui s’est accompagnée de création d’emplois. L’entreprise emploie désormais une quarantaine de personnes et recherche encore de nouveaux profils pour compléter son équipe.
Les adoucisseurs au sel fonctionnent très bien mais leur bilan écologique est contestable.” - Antoine Wibrin
Un marché divisé en deux
Aujourd’hui, le marché des adoucisseurs d’eau se divise en deux : ceux qui fonctionnent avec du sel et ceux avec du CO2. “Les adoucisseurs au sel fonctionnent très bien mais leur bilan écologique est contestable, analyse l’entrepreneur, qui est convaincu que ce type d’adoucisseurs n’est pas une solution d’avenir. Leur processus de régénération produit de l’eau salée qui devient alors impropre à la consommation et doit être évacuée correctement.” En plus d’un gaspillage d’eau, le sel est évacué dans les stations d’épuration ou directement dans le sol si le ménage n’est pas connecté à l’égout. “Ce qui est loin d’être idéal”, ajoute Antoine Wibrin.
L’entrepreneur assure que non seulement sa solution est plus écologique mais également plus économique. “Le simple fait qu’il n’y ait pas de régénération permet d’économiser des litres d’eau, explique-t-il. Sans compter l’entretien annuel de l’appareil et les recharges de sel.” En comparaison, SoluCalc ne nécessite pas d’entretien et ne doit pas être rechargé aussi régulièrement qu’un adoucisseur au sel. “Une fois par an peut suffire”, pointe Antoine Wibrin qui estime qu’une famille de quatre personnes consomme environ 10 kg de CO2 par an, “soit environ 40 euros la recharge”.
Pour les ménages dont l’eau de distribution est très calcaire, les problèmes les plus fréquents sont la détérioration des appareils ménagers et de chauffage ainsi que la surconsommation d’énergie liée à l’entartrage des échangeurs et des conduites d’alimentation. “L’injection de CO2 est également curative pour les canalisations”, soutient le CEO. Alors que les adoucisseurs classiques vont traiter le calcaire localement, SoluCalc permettrait de nettoyer l’ensemble des conduites. “Le CO2 excédentaire se balade dans l’installation et lorsqu’il rencontre le vieux calcaire qui a entarté toute votre installation, il le dissout, il le mange et l’évacue”, assure Antoine Wibrin.
Adaptateurs et connexion
Hydro-Bio fonctionne en B to B : ses principaux clients (2.000 actuellement ) sont les plombiers et les chauffagistes qui installent les adoucisseurs. Près de 30.000 ménages sont aujourd’hui équipés d’une solution SoluCalc en Belgique. Et parmi les clients finaux se trouvent également des entreprises comme l’aéroport de Bruxelles-National, Ikea, Thomas & Piron ou Walibi (qui a rentabilisé son installation en un an à peine).
Afin de s’adapter à tous les types d’installation, aussi bien dans des studios bruxellois où la place est limitée que dans des maisons quatre façades, l’entreprise a développé plusieurs formats de bonbonnes de CO2. Différents gabarits (5, 10 ou 20 kg) sont ainsi commercialisés et peuvent être combinés grâce à des adaptateurs qui permettent d’en fixer plusieurs dans un même bâtiment. “C’est intéressant, par exemple pour une copropriété”, souligne Antoine Wibrin.
Lancement en France
Désireux d’être à la pointe de l’innovation, Antoine Wibrin a également développé une application mobile pour sa solution. Celle-ci permet d’être averti en cas de bouteille de CO2 vide et d’en commander une nouvelle rapidement. “Grâce à l’application, il est également possible de suivre sa consommation d’eau en direct et de surveiller le pH (l’unité de mesure de l’acidité, Ndlr) et la température”, précise le directeur général. L’application est gratuite mais il faut cependant compter 500 euros afin d’équiper le dispositif d’un module de suivi. Le nombre d’utilisateurs qui ont adopté ce système n’est pas encore connu d’Hydro-Bio, qui rappelle que cette appli vient d’être lancée.
Après avoir consolidé son business model en Belgique, où Hydro-Bio estime sa part de marché à 25%, l’entreprise souhaite se développer davantage sur le marché français. Depuis 2019, celle-ci a donc investi 2 millions d’euros issus des bénéfices réalisés dans notre pays. Depuis le 1er janvier, l’entreprise dispose de sa propre succursale en France : SoluCalc France achète le matériel en Belgique et s’occupe de la commercialisation. Elle dispose d’un département administratif et technique mais aussi d’un pôle logistique afin de livrer et d’assurer le remplacement des bouteilles de CO2. “L’objectif est d’ouvrir quatre à huit agences supplémentaires dès l’année prochaine”, ajoute Antoine Wibrin.
Cette conquête du marché français, où les adoucisseurs sels sont légion, est un véritable challenge pour Hydro-Bio qui devra se confronter à des concurrents comme Culligan ou BWT. “Notre technologie est encore peu connue mais nous sommes très enthousiastes”, confie Antoine Wibrin qui vise une croissance des ventes de 30% par an. “Nous ambitionnons de devenir dans les cinq prochaines années un acteur majeur, voire le leader en France, du traitement de l’eau au moyen d’adoucisseurs au CO2 alimentaire.”
Le produit livré en France sera similaire à celui commercialisé en Belgique puisque les problèmes liés au calcaire sont identiques quel que soit le pays. Hydro-Bio ne compte d’ailleurs pas se limiter à la France et souhaite poursuivre rapidement son internationalisation européenne, notamment vers le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Espagne. z
Le chiffre d’affaires de 700.000 euros qu’Hydro-Bio affichait avant son rachat a été multiplié par dix, pour atteindre les 7 millions d’euros.
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