En raison des fortes pluies, de nombreuses récoltes ont été détruites en Europe, ce qui pourrait entraîner une pénurie de certains produits, avertit Nicole Freid, PDG de l’entreprise de conserves HAK. Elle plaide pour un retour aux légumes locaux en cas de pénurie. “Nous devons davantage suivre les saisons.” Cette idée semble logique, mais Xavier Gellynck, économiste de l’alimentation à l’UGent, n’est pas du même avis.
Nicole Freid, directrice de HAK, estime que les consommateurs doivent s’habituer à ne pas avoir tous les légumes disponibles toute l’année. En raison du changement climatique, les récoltes deviennent moins prévisibles et les extrêmes météorologiques peuvent provoquer des pénuries. “Ce n’est pas normal que tout soit disponible toute l’année,” dit-elle. Cependant, Freid reconnaît qu’il y a souvent d’autres légumes disponibles en compensation.
HAK, qui travaille avec des récoltes planifiées un an à l’avance, garantit ainsi la disponibilité des légumes toute l’année. Si une récolte est ratée, certaines cultures peuvent être replantées. Xavier Gellynck souligne que des récoltes ratées ont toujours existé, mais les conditions météorologiques sont devenues plus imprévisibles. La production est généralement répartie dans toute l’Europe pour atténuer les risques.
Moins de 125 kms du siège
HAK produit 85 % de ses légumes et légumineuses à moins de 125 kilomètres de son siège. Pour Gellynck, la suggestion de Freid de se concentrer sur les légumes de saison en cas de pénurie est irréaliste. Le marché compense généralement les pénuries locales avec des produits importés.
L’économiste met en garde contre l’idée que la production locale est toujours meilleure pour l’environnement. La pression climatique de l’agriculture provient principalement des engrais et des pesticides utilisés, pas du transport. Gellynck affirme que l’agriculture en milieu contrôlé pourrait réduire cette pression en optimisant les conditions de croissance.
Les denrées alimentaires plus chères
Les défis climatiques entraîneront une augmentation des prix des denrées alimentaires, affirme Gellynck. Les réglementations strictes et la hausse des risques de récoltes ratées se traduiront par des coûts plus élevés pour les consommateurs. Une étude de la Banque centrale européenne prévoit que l’inflation alimentaire augmentera de 0,9 à 3,2 % par an à cause du changement climatique.
Cependant, Gellynck voit un avenir prometteur dans l’agriculture en milieu contrôlé. Des entreprises utilisent déjà des serres automatisées pour cultiver efficacement sans être affectées par les conditions météorologiques. Cette approche, qui s’applique également à l’élevage, permet une production plus stable et efficace.
Enfin, Gellynck souligne que la nature n’est pas toujours notre alliée en agriculture. Depuis des millénaires, l’humanité améliore les processus agricoles pour surmonter les défis naturels. Les nouvelles technologies sont la prochaine étape pour prévenir les récolte anéanties. “Si cela dépendait de la nature, nous n’aurions plus beaucoup à manger.”
Qu’est-ce que l’agriculture en milieu contrôlé?
L’agriculture contrôlée désigne un système de production agricole dans lequel les conditions de croissance des cultures ou des animaux sont rigoureusement régulées et optimisées grâce à l’utilisation de technologies avancées. Ces systèmes permettent de contrôler des variables telles que la température, l’humidité, la lumière, l’aération, la fertilisation et l’irrigation pour créer un environnement optimal pour la croissance des plantes ou le bien-être des animaux, indépendamment des conditions climatiques extérieures. Ce type d’agriculture inclut diverses pratiques et technologies telles que des serres automatisées, des cultures hydroponiques et aéroponiques, ou encore, des Techniques de culture hors-sol où les plantes poussent dans une solution nutritive (hydroponie) ou sont pulvérisées avec une solution nutritive (aéroponie).
L’élevage en milieu contrôlé suit le même principe d’environnements où les conditions de vie des animaux (comme les températures et l’alimentation) sont strictement gérées pour améliorer la production et la santé des animaux.
