Pollution: la NASA traque les émetteurs de gaz à effet de serre

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

L’agence spatiale américaine s’est donné une nouvelle mission: repérer les fuites de méthane responsable de la pollution sur Terre… depuis l’espace.

Il y a un peu plus d’un an, la NASA lançait un tout nouvel outilEMIT ou Earth Surface Mineral Dust Source Investigation – capable de détecter les minéraux présents à la surface de la Terre. L’objectif? Mieux comprendre comment la poussière projetée dans l’atmosphère affecte le climat. Aujourd’hui, l’instrument pourrait être une arme redoutable dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il a en effet démontré des capacités bien plus exceptionnelles qu’espérées: identifier les sources ponctuelles d’émissions de gaz à effet de serre.

Des résultats encourageants

La détection de méthane n’a jamais fait partie de la mission officielle. Toujours est-il qu’à peine lancé, EMIT s’avère rapidement être un traqueur de pollution compétent: en à peine quelques mois, il permet d’observer plus de 50 “super-émetteurs” en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le sud-ouest des États-Unis. Aujourd’hui, c’est plus de 750 sources d’émissions qui ont été identifiées depuis août 2022.

« EMIT a dépassé nos attentes », s’est réjoui Andrew Thorpe, technologue de recherche au sein de l’équipe scientifique EMIT de la NASA. En identifiant précisément la source des émissions de méthane, l’instrument offre la possibilité de s’y attaquer et d’ainsi limiter le changement climatique. Une responsabilité qui incombe bien sûr aux exploitants de décharges, de sites agricoles, d’installations pétrolières et gazières et autres producteurs de méthane…

Le méthane est un puissant gaz à effet de serre, provenant principalement de la décomposition des matières organiques issues de l’agriculture et des décharges, ainsi que de l’extraction et de la distribution du gaz naturel. S’il ne reste qu’une dizaine d’années dans l’atmosphère, il a un « pouvoir de réchauffement global » (GWP = Global Warming Potential) 25 fois supérieur à celui du CO₂. Et c’est donc ça qui le rend dangereux.

Comment ça marche?

Ce n’est pas le premier outil dédié à cette mission. Il existe déjà des instruments de détection de méthane installés à bord d’avions. S’ils sont plus sensibles, ils ne permettent pas de couvrir suffisamment de zones. À l’inverse, EMIT recueille des données sur une grande partie de la planète. Le spectromètre capture des images sur une surface d’environ 80 kilomètres sur 80 kilomètres, y compris dans de nombreuses régions qui étaient jusqu’à présent hors de portée des instruments aéroportés.

Au Turkménistan, l’instrument a ainsi permis d’identifier douze panaches issus d’une infrastructure gazière et pétrolière à l’est de la ville portuaire de Hazar, dont certains s’étendent sur plus de 32 kilomètres. Dans l’État américain du Nouveau-Mexique, un autre panache long d’environ 3,3 kilomètres a été détecté au niveau de l’un des plus grands champs pétrolifères du monde. En Iran, au sud de Téhéran, un panache d’au moins 4,8 kilomètres a été observé, issu d’un complexe de traitement des déchets. L’année dernière, les scientifiques ont estimé que ces trois sites relâchaient respectivement 50.400, 18.300 et 8500 kilos de méthane par heure.

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