Nature: De Croo rejoint la “pause” de Macron et la N-VA, les écologistes furieux

Alexander De Croo
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le Premier ministre libéral évoque la nécessité de faire une “pause” sur la législation européenne en matière de nature. “Ce n’est pas le Premier ministre qui parle”, s’étrangle Ecolo-Groen. Rupture?

Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), a provoqué un fameux remue-ménage dans sa majorité, mardi soir. En s’exprimant à la VRT, il a affirmé qu’il serait judicieux de faire une “pause” en matièrede législation européenne sur le climat.

Ce faisant, le libéral flamand s’aligne sur les propos tenus récemment par le président français, Emmanuel Macron. Et il s’inscrit dans la lignée de ceux de la N-VA, la ministre flamande Zuhal Demir ayant affirmé la nécessité d’avoir “moins de lois et plus d’adaptation”.

Avec ses propos, Alexander De Croo a provoqué une relation outrée des écologistes, membres de la Vivaldi: “Ce n’est pas le Premier ministre qui parle”, s’est indigné Jean-Marc Nollet, coprésident Ecolo.

Ne pas “surcharger la législation”

Alexander De Croo a vraiment adopté un ton “macronien”, mardi soir sur la VRT. “A un moment, il faut faire un choix. Est-ce bien le moment de tout faire en même temps?”, a-t-il demandé.
Pour lui, il convient de ne pas “surcharger” la législation en renforçant les normes en matière d’azote, de restauration de la nature et de biodiversité, en plus des objectifs concernant les émissions de CO2.
Selon le Premier, cela aurait deux conséquences néfastes. Premièrement, l’industrie ne pourrait plus suivre, et les objectifs de réduction de CO2 ne seront pas atteints, prédit M. De Croo. Par ailleurs, le momentum actuel en faveur du climat risquerait d’être perdu, affirme le chef du gouvernement.
“C’est pourquoi je demande à ce que l’on appuie sur ‘pause’. N’allons pas trop loin avec des choses qui, au sens strict, n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique. Ces autres sujets sont aussi importants, mais elles doivent être davantage phasées dans le temps”, recommande Alexander De Croo.

“Pas le Premier ministre”

Le tir de barrage des écologistes et des socialistes est tonitruant.

Jean-Marc Nollet, coprésident d”Ecolo, s’est étranglé: “Les déclarations d’Alexander De Croo sont hallucinantes. Je n’ai pas d’autre mot. L’érosion de la biodiversité est aussi préoccupante que le dérèglement climatique. Si l’on veut garder une planète habitable, si l’on veut donner un meilleur avenir à nos enfants, pas question d’appuyer sur le bouton « pause ». Nature, climat, environnement nécessitent au contraire une accélération des politiques de protection et de transition. Ce n’est pas le Premier ministre qui s’est exprimé ce soir.”

L’autre coprésidente Ecolo, Rajae Maouane, ironise: “Les propos de ce représentant de l’Open Vld sont très étonnants. Vivement que le Premier Ministre réagisse et rappelle le positionnement du gouvernement. La ministre du Climat, Zakia Khattabi, rappelle que ce n’est pas la position du gouvernement fédéral et qu’il s’agit d’une compétence partagée avec les Régions.

“Les accords européens ne sont pas des chiffons de papier”, taclent les co-présidents Jeremie Vaneeckhout et Nadia Naji. “La nature et le climat sont indissociables. Ce n’est pas d’une pause que nous avons besoin, mais d’une accélération.”

Un appel à une autre majorité?

Alexander De Croo rejoint une position davantage défendue par la N-VA, qui dirige le gouvernement flamand, dont l’Open VLD fait partie. C’est aussi une référence à la récente polémique sur l’azote, qui a été à deux doigts de briser la majorit flamande. Comme un appel du pied pour un revirement au fédéral en 2024? “Le virage du gouvernement fédéral est une bonne chose, mais c’est insuffisant”, estime Zuhal Démir.

Ce n’est pas la première fois qu’Alexander De Croo “sort de son rôle”. Il y a peu, il s’était exprimé en faveur d’une activation renforcée des chômeurs, ce qui avait ulcéré le PS. “Un Homme d’Etat pense à la prochaine génération, grince, cette fois, le secrétaire d’Etat fédéral Thomas Dermine. Notre Premier Ministre est homme de chiffres, j’aimerais lui rappeler les conclusions scientifiques du Giec.”

Paul Magnette, président du PS, embraie: “Une fois de plus, le Premier ministre ne respecte pas son propre accord de gouvernement. Nous n’atteignons pas nos objectifs climatiques. Ce n’est donc pas une pause qu’il faut, mais une accélération!”

La campagne électorale est lancée.

MR: “Ne pas caricaturer”

La position du Premier Ministre, Alexaner De Croo, ne doit pas être caricaturée, souligne Georges-Louis Bouchez, président du MR. Il souhaite, comme nous, préserver le climat et la planète tout en préservant le bien être de nos concitoyens. Son raisonnement, comme le nôtre, est juste de maintenir un équilibre face à des enjeux multiples. Il faut donc légiférer intelligemment et pas par dogmatisme. La gauche veut elle la misère et les famines?”

Le débat initié par le Premier ministre s’enracine dans un débat plus large sur la volonté exprimée par certains, notamment lors d’un récent débat au parlement, d’opter pour la décroissance.

“Le défi climatique est l’enjeu du siècle, souligne Georges-Louis Bouchez. Pour être réussi, il doit aussi tenir compte de l’équilibre socio économique, sans quoi nous aurons une régression sociale inacceptable, et de la préservation des libertés afin de maintenir notre idéal démocratique.

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