Lydia Peeters dans la tourmente
Tout projet politique mené à bien a, comme par enchantement, plusieurs géniteurs. Lorsqu’il tourne mal, commence la recherche de boucs émissaires.
Une fois de plus cette tradition politique se vérifie et Lydia Peeters (Open Vld) se retrouve aujourd’hui doublement dans le collimateur.
Une première fois pour avoir, en tant que ministre des Travaux publics, laissé à nouveau noyer un partie de la Flandre. Mais en est-il bien ainsi ? La Dendre, dont les deux bras se rejoignent à Ath, est essentiellement alimentée par les eaux de pluie qui convergent vers elle d’autant plus rapidement qu’elle serpente à travers des collines. Treize écluses-barrages permettent en principe d’en régler le débit. Cinq d’entre elles, toutes situées en Wallonie, ont été rénovées à partir de 2015. Les huit autres, situées en Flandre, n’ont fait l’objet d’aucun aménagement malgré les promesses faites par Hilde Crevits (CD&V), alors ministre des Travaux publics, au lendemain des terribles inondations de 2010. Ben Weyts (N-VA), son successeur, a bien tenté de lancer l’un ou l’autre chantier mais sans grand succès. Six écluses, toutes construites vers le milieu du 19e siècle, font ce qu’elles peuvent, c’est-à-dire pas grand-chose. A Alost, un chantier est en cours depuis neuf ans. Et à Grammont, les travaux sont à l’arrêt depuis 2017, paralysés par des recours en cascade favorisés par une législation d’une extrême complexité.
En charge des travaux publics depuis 2019, Lydia Peeters se trouve face à un mur et plaide depuis pour qu’en matière de travaux de sécurisation, l’intérêt public l’emporte sur les particularismes locaux. Sous sa houlette, le budget consacré à l’entretien des cours d’eau a certes été porté de 60 à 120 millions d’euros par an mais il s’agit là d’une goutte d’eau dans l’océan. Au lendemain des précipitations record de l’été 2021, les experts ont en effet calculé qu’il faudrait investir au moins 1,3 milliard d’euros si l’on veut garder partout en Flandre les pieds au sec. D’où le plaidoyer de la ministre en faveur d’un Waterzekerheidsfonds (Fonds de sécurité aquatique) qui, transcendant les législatures, permettrait de résorber “l’arriéré historique”.
N’aurait-on pu éviter l’une ou l’autre maladresse ? Comme choisir ce jour pour annoncer une augmentation du prix de certains billets ?
Par ailleurs, ce 6 janvier, la société de transports De Lijn a officiellement entamé la plus grande mutation de son existence marquée par la disparition de quelque 3.200 points d’arrêt, essentiellement ruraux. Une “catastrophe” selon divers groupes de protestation qui pointent un doigt accusateur en direction de la ministre de tutelle, Lydia Peeters. En réalité, il s’agit d’un changement de philosophie qui vise à adapter le réseau à la demande plutôt que s’obstiner à couvrir comme c’était le cas auparavant, quoi qu’il arrive, l’ensemble du territoire.
Et il y a eu concertation. Ce plan a en effet été mitonné cet été avec le concours des vervoerregio’s – la Flandre en compte une quinzaine –, associations régionales au sein desquelles siègent des élus locaux, souvent les bourgmestres. Mais n’aurait-on pu, en même temps, éviter l’une ou l’autre maladresse ? Par exemple, choisir ce jour pour annoncer, si le gouvernement flamand n’accorde pas une rallonge de 100 millions d’euros, une augmentation du prix de certains billets.
Par Guillaume Capron
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