L’UE reconnaît l’urgence de mobiliser l’argent privé pour le climat et le numérique
Les dirigeants européens ont reconnu vendredi l’urgence de faire aboutir le chantier de l’Union des marchés des capitaux. L’idée est de faciliter la canalisation de l’épargne des citoyens et de l’investissement privé vers les entreprises innovantes, pour aider à financer les immenses besoins des transitions climatique et numérique.
Nous sommes déterminés à accélérer d’urgence l’approfondissement de notre union des marchés des capitaux, qui sera primordial pour mobiliser l’important financement nécessaire pour les transitions écologique et numérique“, affirment les conclusions du sommet de la Zone euro, qui s’est tenu en matinée à Bruxelles.
“Je n’avais jamais vu autant d’intérêt pour ce sujet” parmi les chefs d’État et de gouvernement, a assuré le président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe, à la sortie de la réunion.
“Nous sommes un continent d’innovation, mais une grande part de la commercialisation de cette innovation se fait avec des capitaux venant de l’extérieur de l’Union“, a rappelé le Premier ministre belge Alexander De Croo. “Cette lacune de l’Europe constitue une priorité pour la Belgique”, qui préside le Conseil de l’UE ce semestre.
L’argent public, insuffisant?
Ces dernières années, le constat que l’argent public ne suffira pas à financer les grandes transitions sociétales de l’Europe a ravivé le chantier endormi de l’Union des marchés des capitaux – plus clairement qualifiée d'”Union de l’épargne et de l’investissement” – pour financer les start-ups et les PME, notamment.
“Les budgets nationaux sont sous contrainte, endettés, analyse un diplomate européen. Pourtant, il faut investir, tout en préservant le modèle social. Il faut donc orienter vers les investissements la forte épargne des citoyens européens. Aujourd’hui elle est mal canalisée, à cause notamment de la fragmentation des marchés nationaux ; ou bien elle s’exporte vers les États-Unis” où la culture de l’investissement prédomine sur celle de l’épargne.
Financer les entreprises innovantes de l’UE
Les priorités consistent à développer des règles permettant de mieux canaliser les fonds vers les entreprises innovantes de l’UE, avec plus de liquidité, de prise de risque et de partage des risques, ainsi qu’une meilleure stabilité financière. Il faut aussi garantir aux entreprises un meilleur accès aux financements privés. Enfin, pour les citoyens, augmenter leur participation directe et indirecte grâce à l’accès à des opportunités d’investissement.
Presque aussi vieux que le projet européen, le chantier a été relancé avec la crise financière du début des années 2010. Mais il peine à dépasser les réticences d’États membres jaloux de leurs prérogatives fiscales. Les dirigeants ont exhorté les ministres des Finances à avancer. Ils ont convenu d’y revenir dès le mois prochain, lors du sommet européen extraordinaire de la présidence belge.