Amid Faljaoui

L’obligation de « restaurer la nature » ? Le texte controversé qui polarise ce mercredi le Parlement européen

Pas plus tard que ce mercredi, il fera chaud au sein du Parlement européen, pas parce que la climatisation ne fonctionne pas, mais parce que les esprits sont échauffés et excités autour d’un seul texte dénommé « restauration de la nature ».

Les députés européens ne sont pas encore partis en vacances. C’est vrai qu’à un an des élections européennes du mois de juin 2024, il y a encore du TAF sur la table.

La Commission européenne voudrait bien faire passer cette après-midi le texte dénommé « restauration de la nature ». Ce dernier provoque des tensions entre eurodéputés de droite et de gauche.  

D’un côté, le texte souhaite instaurer l’obligation de restaurer les surfaces terrestres et les fonds marins dégradés ainsi que d’autres mesures du même ordre.  L’idée de base de ce texte législatif, comme le rappellent mes confrères du Figaro, c’est de conclure que les technologies, à elles seules, ne pourront pas lutter contre les dégâts du réchauffement climatique.

Donc, nos écosystèmes et nos habitats naturels comme des tourbières ou des dunes sont et resteront nos principaux remparts contre le réchauffement climatique. Mais, comme le constate la Commission européenne, 70% des sols de l’Union européenne et 80% des habitats naturels sont dégradés.

Face ce constat chiffré, des pays d’Europe de l’Est, notamment la Pologne, mais aussi des partis de droite estiment que s’il faut évidemment restaurer la nature, cela ne doit pas se faire au prix d’un arrêt de mort de toute production économique, industrielle, forestière et agricole en Europe.

En fait, le débat qui a lieu en ce moment au sein du Parlement européen montre qu’il y a un clivage politique entre ceux et celles qui estiment qu’il est minuit moins cinq et qu’il ne faut pas procrastiner avec les mesures drastiques à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique. De l’autre côté, on trouve ceux et celles qui estiment que cette avalanche de texte va trop vite et trop fort. C’est d’ailleurs le discours tenu par la plupart des pays de l’Europe de l’Est qui estiment qu’on leur demande de franchir une marche trop haute et à un mauvais moment, celui où l’Europe subit les séquelles sociales et économiques de la guerre en Ukraine.

Donc, oui, les deux camps se regardent en chiens de faïence. Courant de cette après-midi, on saura si ce texte controversé passera ou non la rampe. En fait, ce débat  sur le climat est intéressant aussi sur le plan du clivage politique. Car, jusqu’à présent en Europe, la voie du compromis était la voie habituelle pour voter ce genre de texte sur le mode “je te donne ça et tu me donnes ça en contrepartie”.

Or, ici, on est parti sur la voie de la polarisation entre les extrêmes de droite et de gauche, exactement comme aux Etats-Unis avec les dégâts que l’on connait sur la qualité de la vie démocratique et la preuve de cette radicalisation des extrêmes. C’est que certains députés européens de gauche ne se privent pas déjà d’annoncer que si le texte sur la restauration de la nature n’est pas voté, alors la gauche barrera la route aux textes portant par exemple sur la réduction des pesticides.

Le résultat du vote de cette après-midi nous dira si le beau mot de compromis – à ne surtout pas confondre avec l’horrible mot de compromission – aura eu gain de cause ou pas ?

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