“Les usines à l’hydrogène ne sont pas viables” : ArcelorMittal reporte un investissement dans la décarbonation de ses activités en Europe

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Illustration © Getty Images

ArcelorMittal a décidé de reporter ses investissements visant à décarboner ses activités en Europe, a annoncé mardi le géant de l’acier. Le groupe avait précédemment annoncé son intention d’investir dans la construction d’usines à faibles émissions dans plusieurs pays européens et notamment en Belgique.

L’entreprise projette de remplacer ses hauts fourneaux en Europe par des installations DRI-EAF (Direct Reduced Iron – Electric Arc Furnace) “prêtes pour l’hydrogène”. Une étape cruciale vers la réduction de ses émissions de CO2. Des ingénieurs planchent ainsi depuis 2021 sur la construction d’une usine de ce type à Gand.

Report à cause de l’hydrogène

ArcelorMittal devait initialement passer commande de cette infrastructure extrêmement onéreuse d’ici la fin de l’année, mais l’entreprise a annoncé le report de ses plans de décarbonation en Europe. Les milliards d’euros nécessaires ne seront donc finalement pas alloués dans l’immédiat.

Pour justifier cette décision, le groupe évoque une évolution défavorable du contexte politique, énergétique et technologique en Europe. Les progrès “très lents” du développement de l’hydrogène vert rendent non-viables en termes économiques les projets d’usines alimentées par ce combustible.

En plus de l’installation de Gand, des projets similaires étaient sur les rails à Dunkerque, en France, ainsi qu’à Eisenhüttenstadt et Brême, en Allemagne.

La production d’acier implique actuellement l’utilisation de charbon comme combustible dans les hauts fourneaux, ce qui génère d’importantes émissions de CO2. Un investissement destiné à la décarbonation dans l’aciérie belge permettrait de réduire les émissions industrielles de notre pays de plusieurs pour cent.

Objectifs climatiques

La décision de suspension des investissements poussera probablement ArcelorMittal à revoir ses objectifs climatiques pour 2030. Les expérimentations menées dans les usines existantes concernant le captage ou la réutilisation du CO2 émis ne sont pas remises en cause.

L’action est en chute de 3,5% sur la journée, à l’heure d’écrire ces lignes : signe que les reports d’objectifs climatiques ne convainquent pas toujours les investisseurs.

ArcelorMittal souhaite toujours devenir une entreprise climatiquement neutre à long terme. “Je reste convaincu que nous pouvons encore atteindre notre objectif de net zéro d’ici 2050, mais la manière dont nous y parviendrons pourrait différer de ce qui avait été précédemment annoncé”, a commenté Aditya Mittal, CEO du groupe.

On ignore quand interviendra la décision finale quant à l’avenir des installations à faibles émissions carbone en Europe, mais il est clair qu’ArcelorMittal attend de la Commission européenne qu’elle intervienne à court terme pour aider le secteur de l’industrie européenne de l’acier.

Ce dernier est en grande difficulté, notamment à cause des importations en provenance de pays moins regardants sur les normes environnementales. Le “carbon border adjustment mechanism” (CBAM), pensé pour protéger le secteur sidérurgique européen face aux importations moins chères en provenance de pays comme la Chine, présente des lacunes. Et les clients ne sont de surcroît pas prêts à payer plus cher pour de l’acier plus vert. Enfin, la guerre en Ukraine a fait grimper le prix de l’énergie, tandis que l’inflation faisait bondir les salaires.

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