Ecopower, pionnier des coopératives d’énergie : “Nous ne nous contentons plus de ramasser les miettes”
Ecopower est une coopérative citoyenne d’énergie renouvelable. “Nous avons fait nos preuves en tant qu’investisseur et développeur de projets”, précise Margot Vingerhoedt, porte-parole d’Ecopower.
“Un investisseur veut maximiser ses profits, mais ce n’est pas bon pour le client. Un client veut l’électricité la moins chère, mais ce n’est pas bon pour l’investisseur. Une coopérative citoyenne élimine le conflit d’intérêts entre le client et l’investisseur”, détaille la porte-parole d’Ecopower. “Par exemple, nous avons déjà permis que des millions soient reversés sous forme de dividendes aux coopérateurs.
Quel est votre impact ?
MARGOT FINGERHOEDT. “L’impact le plus évident est d’ordre écologique. Notre énergie, locale et verte, contraste avec l’énergie fossile des multinationales étrangères. Un deuxième impact est que nous assurons une plus grande indépendance énergétique. Cela devient de plus en plus important, surtout depuis la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a résulté. Troisièmement, notre énergie n’est pas seulement verte, elle est aussi démocratique. En tant que coopérative citoyenne, nous défendons un modèle social et économique différent.
Comment mesurez-vous cet impact ?
FINGERHOEDT. “Nous examinons la quantité d’énergie verte que nous produisons et le nombre de projets que nous réalisons. Nous calculons également le nombre d’émissions de CO2 que cela permet d’économiser par rapport à la même production par une centrale électrique moderne au gaz. Mais ce qui est encore plus important, c’est le nombre de personnes qui choisissent Ecopower. Ils choisissent tous consciemment une alternative. Nous déployons de nombreux autres efforts, mais il est parfois difficile d’en connaître les résultats exacts. Par exemple, nous faisons beaucoup d’efforts pour économiser l’énergie. Nous donnons des conseils aux gens à ce sujet. Mais quel est le rendement exact de ces efforts? Néanmoins, nous savons, grâce à la recherche, que ces efforts portent leurs fruits”.
Quel impact avez-vous déjà constaté ?
FINGERHOEDT. “Nous avons 70 000 coopérateurs et 57 000 clients. En 2023, nous avons réussi à produire pour la première fois 1 milliard de kilowattheures d’électricité verte. Depuis notre création en 1991, nous avons investi 123 millions d’euros et versé 18,4 millions d’euros de dividendes. C’est de l’argent qui n’est pas parti à l’étranger.
“Aujourd’hui, il existe en Europe 2 225 initiatives citoyennes dans le domaine de l’énergie, qui touchent 1,5 million de personnes. Lorsque nous avons commencé, il y avait deux coopératives. Nous avons partagé beaucoup de connaissances et planté des graines. Par exemple, nous avons cofondé la fédération sectorielle belge et européenne Rescoop. Cela fait également partie de notre impact.
Comment les investisseurs peuvent-ils investir ? Quels sont les rendements et les risques ?
FINGERHOEDT. “À tout moment, quelqu’un peut acheter de 1 à 20 actions. Pas plus, car nous ne voulons pas de gros investisseurs. L’année dernière, il n’y a pas eu de dividende. Cette année, nous versons 4 %. Nous sommes heureux que cela puisse se faire à nouveau. En théorie, les choses peuvent toujours mal tourner, mais entre-temps, nous avons fait nos preuves en tant qu’investisseurs et promoteurs. Nous n’avons pas de dette à long terme. En termes de liquidité et de solvabilité, nous sommes très sains et les actionnaires disposent de véritables actifs en contrepartie de leur capital.
Par exemple, à quoi sert l’argent collecté ?
FINGERHOEDT. “Nous venons d’inaugurer deux éoliennes à Lille et trois sont prévues à Ranst. Nous sommes également en train de regarder vers des projets plus importants. Nous ne nous contentons pas de ramasser les miettes laissées par le marché. Par exemple, nous sommes en concurrence pour de grands projets d’énergie solaire. L’ambition et le rêve, c’est un projet offshore. Nous travaillons avec 34 coopératives d’énergie dans toute la Belgique. Nous voulons ensuite attirer 200 000 familles en tant que coopérateurs, et de préférence beaucoup plus.
L’auteur est cofondateur de la Sustainable Investment Academy.
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