De Papillon au Speeddate, Recupel et BSH (Bosch) débordent de projets 100% recyclables et durables

Si tout le monde a déjà entendu parler de Recupel et de ses collectes et du recyclage, moins nombreux sont ceux qui connaissent la mission que s’est donnée l’association depuis quelques temps: encourager la réparation et la réutilisation d’appareils électroménagers entre autres.

Les années covid ont été des années en or pour la collecte, toute la Belgique faisait un tri dans ses armoires et apportait un grand nombre d’appareils électroménagers aux points de recyclage. Arrivés là, ils étaient triés : ceux qui ne fonctionnaient plus du tout étaient recyclés, les autres étaient remis en état et revendus via les ressourceries et les magasins de seconde main.

Ainsi, Recupel annonce non sans fierté que les ventes d’appareils électro usagés dans les Ressourceries ont encore augmenté de 52 % en 2022 (après déjà une belle progression de 13,5% déjà en 2021) pour un volume total de 2.527.137 kilos, l’équivalent de 400.069 appareils. Et de préciser que « près de 95 % des appareils vendus étaient des petits électro, comme des appareils ménagers et de soins, du matériel informatique, de l’éclairage ou de l’outillage. Environ 10.000 frigos, 5.000 appareils de gros blanc (le plus souvent des machines à laver) et 4.500 téléviseurs ou écrans ont aussi été vendus. »

Si Recupel a déjà investi, ces dernières années, de nombreuses manières (soutien financier et logistique, approvisionnement en appareils de qualité, conteneurs de collecte “préservante”…) dans le soutien collectif à la réutilisation par le biais de l’économie sociale, il lui fallait néanmoins étoffer son réseau de partenaires afin de mener tambour battant cette nouvelle mission.

Et c’est là que BSH entre en jeu. Cette coentreprise entre Robert Bosch GmbH (Stuttgart) et Siemens AG (Munich) a été fondée en 1967 en Allemagne et, depuis janvier 2015, elle est détenue à 100 % par le groupe Bosch. « Chez BSH, comme Recupel, nous faisons beaucoup d’efforts pour encourager la réparation des appareils électroménagers, et après leur réemploi » souligne Bruno Vermoesen, responsable des “Affaires gouvernementales pour l’environnement” chez BSH Home Appliances et président de Recupel.

Pourquoi  étoffer son réseau de partenaires? Tout simplement parce que les ressourceries et autres magasins de seconde main sont sans cesse à la recherche de vendeurs et de fabricants d’appareils électriques. Mais au-delà de ce besoin de contacts, quels sont les réels besoins et attentes de ces magasins ?

Pour le découvrir et y répondre au mieux, l’idée originale d’un Recupel Speeddate est née. « Un format ludique et efficace pour avoir un certain nombre de contacts en peu de temps et explorer les possibilités de collaboration » comme elle le souligne. La première édition (mais certainement pas la dernière, tant le succès a été au rendez-vous) de celui-ci a eu lieu le 4 décembre dernier.

Explications avec Stijn Ombelets, PR & PA Manager chez Recupel, et Bruno Vermoesen (responsable des “Affaires gouvernementales pour l’environnement” chez BSH Home Appliances et président de Recupel).

Comment s’est préparé en amont le Speeddate du 4 décembre ?

Stijn Ombelets: Souvent, on nous pose la question : comment entrer en contact avec les fabricants, la distribution. Déjà par le passé nous avons facilité ces contacts, mais, comme la demande revient souvent, on s’est dit pourquoi ne pas en créer un petit événement de vraiment original :  du speeddating, afin de mettre rapidement en contacts les différents acteurs.

Nous avons demandé à tous les acteurs, tant les fabricants que les ressourceries, de faire un profil type de ce qu’ils recherchaient : je suis de telle région, et à la recherche, par exemple, de formations.

Bruno Vermoesen: La question revient souvent, on nous demande très régulièrement s’il est possible de suivre des formations chez nous… Mais ce profil allait bien au-delà de cet aspect, car nous voulions aussi  savoir: quels sont les retours dont vous n’avez plus besoin ? qu’on peut revendre dans le magasin, etc. Donc, sur base de cela, on a fait un matchmaking.

Et son déroulement ?

Bruno Vermoesen: Il y a eu plusieurs rencontres. Nous avons organisé différents petits coins, avec des meubles de seconde main, le tout dans une atmosphère un peu… romantique, mais surtout accueillante. Nous avons eu une bonne cinquantaine de participants.

Donc il y avait d’un côté les fabricants comme nous, BSH, mais il y avait aussi Miele, Whirlpool, Groupe SEB et d’autres fabricants. D’un autre côté, il y avait des représentants de la distribution comme Fnac, Vanden Borre, Brico, etc. Et enfin, étaient présents les acteurs de la réutilisation comme des ressourceries, comme on les connaît en Bruxelles et en Wallonie, et les Kringloopwinkels pour la Flandre.

Toutes ces entreprises actives dans le domaine « de la préparation à la réutilisation » sur base d’objets électriques et électroniques récupérés. Ils vont les reconditionner, ils peuvent ensuite les revendre dans leur magasin à des personnes qui n’ont que peu de moyens pour s’acheter de nouveaux appareils électroménagers ou à des personnes qui sont très orientées vers la seconde main, question de respect pour l’environnement et qui par principe n’achète plus du neuf, mais des appareils reconditionnés.

Stijn Ombelets: Les fabricants et les distributeurs sont très souvent aussi des points de collecte pour Recupel. Ils disposent de uantités considérables d’appareils, d’équipements électriques et électroniques qui sont trop souvent encore orientées vers le recyclage.

Bruno Vermoesen: Voilà, donc le but du Speeddate, c’est comme le disait Stijn, c’est de faciliter le contact entre ces différents acteurs afin de pouvoir voir comment la collaboration avec ces centres de réutilisation peut être améliorée, comment donner davantage l’accès aux équipements collectés aux autres acteurs et de regarder ensemble les besoins de ces différentes organisations afin de les aider encore mieux  à faire leur travail, reconditionner ces appareils pour qu’ils puissent les vendre dans leurs magasins, pour qu’ils puissent en vendre davantage, en fait. C’est cela le but. 

Qu’en est-il ressorti de ce Speeddate ?

Bruno Vermoesen: Et donc, deux grandes questions sont principalement revenues. Du côté des organisations de reconditionnement, c’est d’avoir accès aux gisements des déchets électroniques. Par déchets ce n’est pas uniquement les appareils qui vont être récupérés pour être recyclés, mais comme Stijn l’a dit aussi, ce sont aussi les retours : échanges sous garantie, des appareils légèrement endommagés, n’importe quoi. Donc en fait, avoir accès à ces appareils dont les fabricants ou la distribution n’ont plus besoin, ou ne peuvent plus les vendre ou les utiliser.

Et une deuxième grande question, c’était surtout d’avoir accès à des formations techniques. De manière à ce que les techniciens de ces centres de réutilisation puissent reconditionner les appareils, reçus des différents fabricants. Voilà, ce sont les deux grandes questions qui en sont ressorties.

Ce Speeddate répondait-il à une demande ?

Stijn Ombelets: Absolument ! Les réactions des participants étaient très enthousiastes et il y avait une demande de le refaire dans l’avenir. En dehors des deux grandes axes de collaboration que Bruno a mentionnées, il y a sans doute d’autres collaborations possibles. Déjà aujourd’hui il y a par exemple des ‘parcours de transition’ pour des valorisateurs de l’économie sociale pour qu’ils trouvent un travail de technicien-réparateur dans l’économie privé.

Sinon, dans d’autres domaines (la mise à disposition de pièces de rechange et de documentation technique, le testing des processus de réparation, la récupération de matériaux,…) il y a sans aucun doute encore des pistes où l’économie sociale et privée peuvent se renforcer mutuellement.

BELGA PHOTO BRUNO FAHY

BSH a déjà une plus longue tradition de collaborer avec le secteur social. En quelques mots qu’est-ce le Projet Papillon ?

Stijn Ombelets: C’est un projet de Bosch en collaboration avec une organisation sociale, Saamo West-Vlaanderen, à destination des personnes qui ont un revenu limité, en situation de vulnérabilité ou qui ont des difficultés à payer leurs factures, surtout les factures d’énergie et d’eau.

L’objectif de Papillon est de proposer à ces personnes, qui sont dans la précarité, de louer des appareils, de gros électroménagers neufs et à faible consommation énergétique, tels que des réfrigérateurs, des congélateurs, des lave-linge et des sèche-linge dans le cadre d’un modèle « as a service ». En fait, par location, il s’agit d’un montant mensuel (environ 7 à 10 euros par mois, ndlr) pour un contrat de full service. Ainsi tout est compris dans ce contrat, de la livraison, à l’installation, la reprise d’emballage et éventuellement la reprise d’un vieil appareil. Toutes les réparations sont également couvertes, la personne n’a qu’à téléphoner pour qu’un technicien vienne réparer l’appareil, et ce sans frais. Ces contrats courent sur une période de dix ans. À la fin du contrat, Bosch vient rechercher l’appareil, qui sera par la suite reconditionné ou recyclé au sein de l’entreprise sociale SOFIE, basée à Liège.

Bruno Vermoesen : Grâce au faible montant mensuel, ces personnes peuvent avoir un appareil neuf, qui consommera que peu d’énergie ou d’eau. Ainsi, ils verront diminuer leur facture d’énergie ou d’eau, ce qui représente déjà une grande aide pour eux. Le deuxième aspect positif du projet est la tranquillité d’esprit : si jamais il y a une panne, l’intervention d’un technicien est couverte par le contrat et par le loyer mensuel demandé.

Cette dimension sociale, elle est importante pour BSH. Il y a aussi une dimension économique, c’est-à-dire, c’est un projet qui est rentable pour nous, nous devons faire un peu de bénéfices pour pouvoir le réinvestir dans le projet. Finalement il y a la dimension environnementale. Dans le cadre de nos activités dans le domaine de l’économie circulaire, ce modèle a été mis en place afin de stimuler nos ingénieurs afin de repenser nos appareils et d’en développer spécifiquement pour ce genre de projet de location ou d’autres projets que nous avons dans d’autres pays. Le projet Papillon offre de nouvelles perspectives en matière de gestion de recyclage, qui nous seront utiles pour le développement de futurs produits.

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