Des milliards d’euros d’aide à l’Ukraine: qui a donné quoi et est-ce vraiment tant que ça ?
157 milliards d’euros d’aide militaire, financière ou humanitaire auraient déjà été donnés, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel paru début juillet. Depuis les États-Unis ont encore envoyé 180 millions et l’Europe parle de créer un fonds de 20 milliards d’euros. Un an et demi après le début de la guerre, l’argent semble continuer d’affluer. Mais moins et plus sous la même forme
Le montant de l’aide apportée à l’Ukraine n’est pas simple à déterminer de façon précise. L’institut Kiel, un groupe de réflexion allemand sur l’économie mondiale, tente cependant de s’en approcher au plus près. Lors des 15 premiers mois (soit jusqu’au 31 mai), l’Ukraine s’est vu promettre un total de 264 milliards d’euros d’aide étrangère, sort-il ainsi de son dernier rapport publié le 6 juillet. Ce montant comprend les 58 milliards d’euros consacrés à l’aide aux réfugiés ukrainiens.
Fait notable, si le robinet ne semble pas sur le point de se tarir, il s’amenuise tout de même. Ainsi, « malgré quelques programmes d’aide plus importants, le montant total des nouveaux engagements d’aide bilatérale pris par d’autres pays en faveur de l’Ukraine a été faible au printemps 2023 par rapport aux périodes précédentes » précise l’institut Kiel. Il change aussi de forme puisque la part du soutien militaire augmente selon que les plans d’attaque de l’Ukraine gagnent en ampleur. L’Allemagne a ainsi augmenté son aide militaire de 75 % pour atteindre 7,5 milliards d’euros. Cette dernière est même devenue le deuxième plus grand contributeur d’aide militaire en termes absolus.
Les USA plus grands donateurs
En montants absolus, les États-Unis se distinguent logiquement en tant que plus grands contributeurs, affichant une somme dépassant largement les 70 milliards d’euros d’aide annoncée, dont près de 43 milliards d’euros alloués à des aides militaires. Les pays de l’Union européenne ont eux annoncé une aide d’un montant global de 60,81 milliards d’euros. Leur engagement comprend à la fois des aides bilatérales (33,35 milliards d’euros) et des contributions collectives issues des fonds de l’Union européenne (27,46 milliards d’euros). Plus concrètement, 60% de la somme promise par les États-Unis est consacrée à l’aide militaire alors que ce n’est que 40% pour l’Union européenne. A contrario, l’Europe accorde deux fois plus d’aide humanitaire que les États-Unis.
Les ministres européens discutent d’un plan visant pérenniser l’aide à Kiev en octroyant 20 milliards d’euros d’armes et de munitions à l’Ukraine entre 2024 à 2027 via un “Fonds de défense ukrainien”. Cet argent serait libéré à concurrence de 5 milliards d’euros par an, au titre de la Facilité européenne pour la paix (FEP). Pour rappel, la FEP sert à fournir des armes à l’Ukraine. Les achats ne sont pas effectués directement par l’UE, mais bien par les États membres qui sont ensuite remboursés.
Promettre ne veut pas dire livrer
Si on a l’impression d’une avalanche de dons, c’est aussi parce que les états communiquent de plus en plus sur les sujets. Voire deux fois sur un même don puisqu’on communique lorsque les budgets sont approuvés et lorsqu’ils sont effectivement débloqués. Or, il peut y avoir plusieurs mois entre les deux. Biden a ainsi déjà annoncé 43 fois que les États-Unis allaient envoyer de l’argent.
Autre fait notable, les livraisons d’équipements militaires sont bien inférieures aux engagements. C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière analyse des données de l’outil de suivi de l’aide à l’Ukraine (Ukraine Support Tracker). Ainsi la Slovaquie était, fin mai, avec la Pologne, le seul autre pays à avoir promis et déjà livré des avions de combat.
157 milliards, est-ce beaucoup?
264 milliards, c’est une fois et demie le PIB de l’Ukraine. Si cela peut sembler beaucoup, on est loin d’un record malgré le fait que cette guerre se passe aux frontières de l’Europe. L’Institut Kiel a calculé que l’Allemagne a dépensé plus de trois fois plus pour soutenir le Koweït pendant la guerre du Golfe. Et que les dépenses américaines par rapport au produit intérieur brut étaient cinq fois plus élevé lors de la guerre du Viêtnam et trois fois plus lors de la guerre du Golfe.
Et la Belgique?
La Belgique a dépensé, jusqu’à la fin du mois de mai, 2,65 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine. 1,2 milliard d’euros ont été dédiés à l’accueil des réfugiés ukrainiens dans notre pays. Une contribution de 1 milliard a été allouée au budget de l’UE en faveur de l’Ukraine. À ces deux montants, la Belgique a ajouté 500 millions d’euros, dont 80 % sous forme de soutien militaire. Selon De Morgen, c’est 2,65 milliards représenteraient 0,31 % de notre produit intérieur brut. Si cela peut sembler beaucoup, la Belgique serait en réalité en queue de peloton des pays européens. L’Allemagne (0,63 %) et les Pays-Bas (0,55 %) font ainsi un effort beaucoup plus important.
À titre de comparaison, les États-Unis ne donnent que 0,33 % de leur PIB. Parmi les plus généreux, on retrouve les pays proches de l’Ukraine comme l’Estonie avec 1,26 % de son PIB promis à l’Ukraine, suivie de la Lettonie (1,1 %) et de Lituanie (0,95 %). La Pologne, elle, a promis 0,68 % de son PIB, mais accueille la grande majorité des réfugiés (10,4 millions depuis le début du conflit).
L’Institut Kiel ne comptabilise pas les dons privés ni l’aide fournie par des pays de manière indirecte. Par exemple le financement d’organisations non gouvernementales ou l’UNESCO.
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