Des lunettes pour sauver les océans
Chaque seconde, 256 kg de plastique sont déversés dans les océans. Derrière cette statistique affolante, un Belge exilé à Barcelone a vu l’opportunité de créer Sea2See, une start-up de l’économie circulaire qui recycle des déchets plastiques issus de la pêche. ” Les filets, cordes et matériels en nylon de pêche constituent 15 % de la pollution plastique marine, explique François van den Abeele, le fondateur de Sea2See. Ils sont la plupart du temps laissés à l’abandon, au gré des flots, et pourrissent dans les fonds marins où leur dégradation peut prendre 400 ans. ”
Sea2See place des containers dans différents ports catalans et s’est assuré la collaboration de centaines de pêcheurs. Grâce à eux, 650 kg de déchets sont stockés chaque jour dans les hangars de la start-up, avant d’être triés. Ces déchets se voient offrir une deuxième vie. Une partie est vendue comme matière première à des entreprises, tandis que les plastiques spécifiques sont utilisés pour produire… des lunettes. ” Cette phase de séparation est primordiale et prend beaucoup de temps, explique François van den Abeele. Il s’agit de reconnaître les déchets exploitables. On ne peut pas mouler des lunettes avec n’importe quelle substance. ” Une fois les bons plastiques isolés, Sea2See les expédie dans le nord de l’Italie auprès d’un fabricant qui réalise les montures de lunettes, en matériau 100 % recyclé. Un produit durable, selon le CEO : ” J’aime à penser que je vends plus que des lunettes ; je vends un message. Cet impact climatique, c’est le coeur du business. C’est ce que réclament les consommateurs.”
Lancée en 2016, la start-up a vendu sa première paire de lunettes en septembre dernier. Aujourd’hui, la gamme Sea2See compte 25 modèles optiques (à verres correcteurs) et 45 solaires. Ils sont vendus en ligne mais aussi chez une cinquantaine d’opticiens : un positionnement fort dans le business optique, mais aussi dans le lifestyle, le sport, etc. Résultat ? Pas de dettes et une situation dans le vert. La marque est présente dans plusieurs pays : Belgique, Pays-Bas, Espagne, France. Prochaine étape ? L’Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Australie. En parallèle, la start-up est approchée par des grandes marques pour réaliser du cobranding.
Augustin Lippens
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