Ripple, qui émet le stablecoin RLUSD et la cryptomonnaie XRP, a demandé une licence pour proposer ses biens et services en Europe. Qu’est-ce qui change, pour les investisseurs européens en cryptomonnaies ?
Ripple, émetteur de stablecoins – ces cryptomonnaies collées à la valeur d’une devise classique, comme le dollar américain ou l’euro – prépare son arrivée en Europe. Il a récemment déposé une demande pour une licence d’EMI (electronic money institution) européenne auprès du régulateur financier luxembourgeois, la CSSF, apprend le média spécialisé Ledger Insights.
Cette licence, si obtenue, permet alors à l’acteur de proposer ses services partout en Europe, comme le veut la nouvelle réglementation crypto de l’UE, MiCA. L’entreprise a également déjà ouvert une succursale au Grand-Duché, appelée Ripple Payments Europe, et recrute actuellement différents postes, notamment légaux.
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Quels avantages pour l’investisseur européen ?
Mais concrètement, qu’est-ce que cela changerait pour l’investisseur européen ? C’est surtout au niveau de l’accessibilité et de la protection juridique qu’il y aura des différences. “L’obtention de la licence MiCA par Ripple apporte un cadre légal puissant, la protection des dépôts par la gestion bancaire (BNY Mellon), l’accès facilité à RLUSD à travers toute l’UE, et des garanties accrues de transparence et de sécurité pour l’épargnant ou l’entreprise utilisatrice. RLUSD n’est pas encore universellement disponible en Europe mais devrait l’être partout une fois la licence obtenue”, nous explique Jean-Marc Goossens, avocat spécialisé en cryptomonnaies, membre des Barreaux de Bruxelles et International (IBA) de New York et Londres, et professeur invité à la Singapore Management University.
Le RLUSD, stablecoin relativement jeune (décembre 2024) collé au dollar que propose Ripple et qui a une valeur marchande de 517 millions de dollars, est aujourd’hui déjà disponible sur certaines plateformes de trading internationales, plutôt spécifiques. Avec la licence, il deviendra accessible de manière encore plus large, pour le grand public, et sur les plateformes européennes. Les applications de trading qui ne se limitent pas aux cryptomonnaies, comme les courtiers en ligne ou celles des grandes banques, pourront aussi proposer ce jeton beaucoup plus facilement.
Ripple sera ainsi également obligée à avoir des fonds en banque pour couvrir le jeton. Jusqu’à 60% de son offre de stablecoins. Et ces fonds doivent être distribués à travers différentes banques : entre 5 et 15% si c’est auprès de petites banques, et jusqu’à 25% pour les banques systémiques. Il y aura donc au moins quatre banques qui auront l’argent de Ripple dans ses coffres. Ce qui est rassurant pour les investisseurs, s’ils veulent par exemple retirer des fonds, ou en cas de piratage (Ripple doit alors pouvoir les rembourser) ou de faillite. “Les investisseurs bénéficient d’obligations renforcées pour l’émetteur, notamment sur la gestion des risques, la transparence, l’audit des réserves et le respect des normes prudentielles, ce qui diminue les risques d’abus ou de défaillance”, détaille Me Goossens. “Si la réglementation européenne n’apporte pas de garantie absolue en cas de faillite, elle impose l’obligation de remboursement 1:1 (un RLUSD = 1 dollar US) dans la plupart des situations prévues par la loi.”
Le fait d’avoir cette licence est aussi un gage de confiance. Les institutions financières auront plus de facilité à collaborer avec un acteur qui a une licence européenne, et à par exemple proposer le stablecoin comme un moyen de paiement parmi d’autres. Ce qui est le projet des stablecoins, à terme, et ce qui est justement le débat autour des devises numériques des banques centrales (qui porte sur quelle serait la meilleure solution entre les deux).
XRP et dollar
Sinon, Ripple propose aussi le XRP, cryptomonnaie négociée sur les marchés comme le bitcoin. C’est la troisième plus grande crypto en termes de valeur marchande (près de 175 milliards de dollars) et se négocie à 2,95 dollars le jeton à l’heure d’écrire ces lignes. L’expansion mondiale de Ripple, dont en Europe, pourrait donc favoriser cette cryptomonnaie et son prix. D’un côté, car elle joue un rôle dans l’infrastructure de Ripple, et d’un autre côté grâce à l’image de sérieux qui découle de l’obtention de la licence. Cela alors que Ripple est aux prises avec la justice et la SEC aux États-Unis depuis des années, au sujet du XRP.
Autre point d’attention pour les investisseurs : le RLUSD est adossé au dollar. Ce qui peut avoir des désavantages, mais aussi des avantages pour ceux qui l’achètent en euros. Depuis le début de l’année, le dollar a perdu plus de 10% par rapport à l’euro. En achetant, en euros, des stablecoins collés au dollar, on perd alors en pouvoir d’achat ou notre portefeuille perd en valeur. Par contre, si on veut dépenser ces stablecoins pour acheter des produits en dollars, on y a alors gagné : au même prix en dollars qu’il y a six mois, un produit nous coûtera moins cher en euros, aujourd’hui. On n’en est pas encore là, mais ce cours de change est quelque chose que les investisseurs devront garder en tête. Il y a bien sûr aussi des stablecoins collés au cours de l’euro.