Après le halving : comment les mineurs s’adaptent à la baisse des récompenses de bitcoins

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Avec le halving, les mineurs de bitcoin reçoivent moitié moins de jetons pour le même travail fourni. Pour ne pas voir leurs revenus chuter du même ordre de grandeur, les acteurs peuvent intervenir du côté de l’énergie ou se lancer dans de nouvelles aventures, comme l’IA. Mais il y a un mais.

Événement très attendu dans le monde de la cryptomonnaie : le halving. Il a eu lieu durant la nuit de vendredi à samedi. La récompense que reçoivent les mineurs est désormais divisée en deux. Au lieu de 6,25 bitcoins, ils n’en reçoivent plus que 3,125. Il s’agit de la quatrième division de la sorte depuis le lancement de la devise numérique.

Pour les investisseurs, cela peut se traduire par une éventuelle hausse des cours, comme l’offre est réduite. Cette perspective avait d’ailleurs poussé le cours vers un record en mars, à plus de 73.000 dollars. Le cours a effectivement augmenté avec le halving : après avoir chuté à 60.000 dollars environ, juste avant l’événement, le BTC se négocie à 66.000 dollars à l’heure d’écrire ces lignes.

Baisse des revenus, quel impact ?

Mais quel est l’impact sur les mineurs ? Pour le même travail fourni, ils reçoivent aujourd’hui moitié moins de compensation. Le marché haussier lié à ces halvings permet en tout cas d’amortir la baisse de jetons obtenus. Trois bitcoins à 66.000 dollars valent plus que six à 16.000 (niveau en novembre 2022). Mais cela ne fait pas tout, car on connait la volatilité des cours.

Mais tant que le cours ne passe pas en dessous de 60.000 dollars, il ne devrait pas y avoir de risques pour la majorité des mineurs cotés en bourse, selon un rapport de Needham. Il précise que si le prix baisse, les mineurs avec les coûts de production les plus élevés (la résolution des calculs en vue de créer des blocks et d’obtenir des bitcoins est lourde et énergivore) auront le plus de mal.

Mais pour d’autres observateurs, c’est surtout un moment de test pour le secteur : il faut s’adapter ou périr. “En tant qu’entreprise qui était déjà en train d’adapter son infrastructure lors du précédent halving, nous savons que les réductions de moitié peuvent entraîner pour une entreprise si elle n’est pas correctement préparée”, explique Adam Sullivan, CEO de la société de minage de bitcoins Core Scientific, à CNBC. “Se préparer à un halving signifie évaluer toutes vos stratégies d’alimentation en énergie, toutes vos capacités logicielles, toutes vos opérations”.

Comment s’adapter ?

La date du halving était connue, laissant aux acteurs le temps de se préparer. L’événement a lieu tous les quatre ans. Ce qui veut dire qu’en quatre ans environ, il y en aura un autre. Cela jusqu’à la “fin” de la création de nouveaux bitcoins, estimée en 2040 (lors du lancement, un nombre maximum avait été fixé, à 21 millions d’unités).

Les mineurs ont ainsi deux aspects sur lesquels ils peuvent agir. Il y a d’abord la production, via les machines utilisées et l’énergie nécessaire. Le secteur cherche toujours à avoir des machines plus efficaces et plus performantes, comme dans toute industrie en soi. Mais c’est du côté de l’énergie où ils innovent le plus. Posséder sa propre production d’énergie à bas coût (ce qui n’est pas le cas de tout le monde) est par exemple mis en avant comme l’élément le plus important pour de nombreux mineurs.

Et pourquoi ne pas profiter de cette génération d’énergie pour gagner quelque chose sur le côté ? C’est l’idée de Marathon, qui dispose d’une centrale à gaz (fonctionnant au méthane ou à la bio-masse) et qui revend la chaleur générée lors de la production d’électricité. D’ici le prochain halving, cette activité devrait représenter une part “significative” du revenu, explique la société à CNBC.

L’autre aspect sur lequel les mineurs peuvent agir, c’est l’utilisation de leur infrastructure informatique (servers etc.) pour d’autres choses ou par d’autres acteurs, qui nécessitent une puissance de calcul importante. Une piste mise en avant par le secteur est notamment l’IA, qui a besoin de machines puissantes pour être entrainée et pour tourner. De nombreux mineurs se sont déjà lancés dans l’IA ou prévoient de la faire. Mais les puces et cartes graphiques nécessaires à l’IA ne sont pas les mêmes que celles de la crypto et des blockchains. Des investissements, conséquents, sont donc nécessaires, ce qui pourrait exclure de petits acteurs. Et il faut aussi recruter le personnel qui a des connaissances en la matière, qui n’est pas sans frais non plus. L’IA est ainsi une option, mais pas une porte de secours magique pour amortir la division par deux de la récompense en bitcoins.

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