Indice de réparabilité : la nouvelle arme contre l’obsolescence programmée des appareils électroménagers

Un score de réparabilité est désormais affiché sur les produits électroniques tels que les lave-vaisselle, aspirateurs, tondeuses à gazon, ordinateurs portables et nettoyeurs haute pression. Ce score indique à quel point un produit est facile à réparer. Rosalie Heens, coordinatrice de projet chez Repair&Share, nous en dit plus sur ce nouvel indice durable.

Depuis vendredi dernier, un indice de réparabilité est devenu obligatoire pour cinq catégories de produits électroménagers et électroniques. Cet indice, exprimé sur une échelle de 1 à 10, permettra aux consommateurs de mieux évaluer la capacité de réparation d’un produit avant l’achat. Il concerne les lave-vaisselles, aspirateurs, nettoyeurs haute pression, tondeuses à gazon et ordinateurs portables (hors écran tactile). L’indice sera affiché de manière visible en magasin et en ligne, à proximité du prix. Cet indice encourage la réparation plutôt que le remplacement systématique des appareils.

Il est calculé par les fabricants et importateurs sur base de critères tels que la disponibilité des pièces de rechange, la facilité de démontage, les outils nécessaires ou encore l’accès à la documentation technique. La Belgique devient le deuxième pays européen, après la France, à mettre en œuvre un tel dispositif.

Comment les consommateurs peuvent-ils utiliser ce score de réparabilité lors de leurs achats ?

Rosalie Heens : « Un premier conseil est de choisir les produits qui obtiennent les meilleurs scores. Le score est établi sur la base de plusieurs sous-critères comme le prix des pièces détachées, leur disponibilité, et le fait que les informations de réparation soient accessibles gratuitement et publiquement. En magasin ou en ligne, un lien doit être fourni pour permettre aux consommateurs de consulter le détail de ces sous-critères. »

Est-ce une bonne chose que les fabricants déterminent eux-mêmes ce score ?

Heens : « C’est aussi le cas pour d’autres indices. On espère que les fabricants se surveilleront entre eux et dénonceront les abus évidents. En parallèle, il est essentiel que les autorités contrôlent activement l’exactitude des scores. En France, où l’indice de réparabilité a été introduit en 2021, ce contrôle s’est avéré crucial, car certains fabricants ont volontairement surestimé leur score. En Belgique, la législation actuelle ne prévoit pas de contrôle, mais cela pourrait devenir une mission pour l’autorité de surveillance du marché. »

L’indice aura-t-il un impact sur les prix ?

Heens : « L’exemple français montre qu’une grande majorité de consommateurs prennent en compte le score de réparabilité, mais cela n’a pas encore d’impact direct sur les prix. Des mesures complémentaires sont nécessaires. Par exemple, la France a créé un fonds de réparation financé par les fabricants. Lorsqu’un consommateur fait réparer un appareil, une partie des coûts est couverte par ce fonds, l’autre partie restant à sa charge. Cela incite les fabricants à concevoir des produits aussi réparables que possible. »

D’autres mesures sont-elles nécessaires ?

Heens : « La standardisation des pièces détachées serait très utile. Et puis, beaucoup de gens ne savent pas vers qui se tourner pour faire réparer un appareil. C’est pourquoi nous avons lancé le site Repair&share, qui recense tous les réparateurs professionnels, indépendants ou liés à une marque, ainsi que les Repair Cafés où l’on peut faire réparer de petits appareils électroniques. Ces derniers ne sont souvent pas rentables à réparer pour les professionnels. »

L’indice de réparabilité peut-il encore être amélioré ?

Heens : « La pondération des sous-catégories composant le score peut être améliorée. Actuellement, elles ont toutes à peu près le même poids, mais elles n’ont pas la même importance. Si un produit obtient un très mauvais score sur une sous-catégorie importante, cela devrait peser davantage dans le score final. »

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