“Une erreur de calcul” : l’Italie modifie déjà sa taxe des surprofits des banques

La Bourse de Milan. (Photo by Nicolò Campo/LightRocket via Getty Images) © Getty Images

Ce lundi soir le gouvernement a annoncé une lourde taxe sur les “superprofits” des banques. Mais il s’est visiblement emmêlé les pinceaux : les chiffres “n’avaient pas de sens”. Il est par la suite venu rectifier le tir en ajoutant un plafond à cet impôt. Cette taxe pourrait-elle inspirer le gouvernement fédéral belge ?

Coup de tonnerre dans le monde bancaire italien dans la nuit de lundi à mardi : le gouvernement populiste de droite et d’extrême droite annonçait une taxe sévère sur ce qu’il considère des surprofits. Tout revenu net d’intérêts, en 2022 comme en 2023, serait taxé à hauteur de 40% – s’il dépasse celui de 2021 de 3%. Ce qui est évidemment le cas, comme les taux d’intérêt ont augmenté l’année dernière et cette année, plus que les taux d’épargne. Les banques doivent s’acquitter de la douloureuse avant juin 2024.

Dans la foulée, Citibank publie une estimation : les bénéfices pour 2023 plongeraient de 19%, en moyenne. Les titres des banques italiennes sont tous partis à la baisse, en bourse. Certaines de plus de 10%. Le secteur a vu une valeur totale de neuf milliards d’euros partir en fumée, sur la journée de mardi.

“Erreur de calcul” et rétropédalage

Mais petit à petit, il s’est avéré que la taxe pourrait finalement ne pas être si lourde que ce qui était pensé. Le gouvernement a indiqué vouloir récolter trois milliards d’euros via cette mesure… et c’est là que cela cloche.

“Le marché s’est rendu compte que les chiffres n’avaient pas de sens”, explique Gianmarco Rania de Banor Capital à CNBC. “Au cours de la séance de mardi, les analystes ont commencé à faire leurs propres calculs et ont réalisé que si la mesure était pleinement appliquée, les recettes réelles pour le gouvernement italien auraient été bien supérieures à 3 milliards d’euros – environ 4,5 ou 5 milliards.” Il ajoute qu’il s’agit d’une “une mesure fiscale mal communiquée” et que le gouvernement “n’a pas vraiment fait le bon calcul”.

Au vu des turbulences qui ont eu lieu sur le marché et du problème des chiffres, le ministère des Finances est donc venu apporter des précisions, mardi soir. L’impôt serait finalement plafonné et ne dépassera pas 0,1% de la valeur des actifs des banques. Le gouvernement récolterait toujours ses trois milliards d’euros. Le rétropédalage a fait son effet : les titres sont repartis à la hausse ce mardi à la Borsa di Milano.

“Avec ces changements, nous parlons maintenant de chiffres moins considérables, plus maîtrisés, et nous parlons donc d’un impact sur les bénéfices de 10 à 12 % pour les petites et moyennes banques sur les bénéfices de 2023, et de quelque chose de pas vraiment significatif pour les grandes banques, de l’ordre de 3 à 5 %”, note Rania. Sans ce changement, les petites et moyennes banques auraient beaucoup plus souffert : les bénéfices aurait rétréci de 20 à 25%. Les grandes également, avec une baisse de 8 à 15%, selon l’expert.

Écho en Belgique ?

Mais quoi qu’il en soit, Rome a ouvert une boîte de Pandore. La possibilité a immédiatement inspiré l’un ou l’autre politique belge. De l’autre bord de l’échiquier politique, le chef de groupe du PS à la Chambre, Ahmed Laaouej a indiqué au Soir que “nous devrions également envisager une taxe comme en Italie”.

C’est qu’en Belgique, les écologistes et socialistes, entre autres, se plaignent du même problème qu’en Italie. Les taux d’intérêt augmentent, mais ceux des taux d’épargne ne suivent pas le même rythme. Cette différence fait une belle marge pour les banques, qui enregistrent des bénéfices record.

Des débats ont eu lieu pour imposer un taux d’épargne minimum aux banques, mais ils n’ont abouti à rien. Reste à voir si une taxe sur les surprofits, à l’italienne, pourrait se hisser sur la table de la Vivaldi, à la rentrée.

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