Trump, les banques et le spectre de Lehman Brothers


Face à l’agitation boursière, l’inquiétude et la confusion grandissent dans les milieux financiers, notamment bancaires. Aux États-Unis, les grands noms du secteur s’inquiètent publiquement de l’offensive protectionniste lancée par le président américain, tandis que les régulateurs européens relèvent leur niveau de vigilance sur les banques de la zone euro. Bref, les mauvais souvenirs de la faillite Lehman Brothers resurgissent, cette fois sur fond de guerre commerciale.
Incroyable revirement ! À peine entrés en vigueur, mercredi, Donald Trump a annoncé la suspension des droits de douane pour 90 jours, laissant tout de même un taux minimum uniforme de 10 %. En revanche, il a encore durci le ton vis-à-vis de la Chine, poussant le curseur à 125 % sur les importations chinoises.
Après cette annonce surprise d’une suspension pour trois mois, qui ne règle néanmoins rien à l’affaire, les Bourses européennes rebondissent fortement ce jeudi, avec un Bel 20 qui gagnait ce matin 7 % à l’ouverture. Bonne nouvelle, car l’incertitude et la confusion commencent à se répandre dans les milieux financiers, notamment bancaires.
Jamie Dimon sort de sa réserve
Plusieurs patrons de grandes banques américaines, dont JP Morgan, Bank of America, ou encore Citigroup se sont d’ailleurs entretenues dimanche dernier afin d’évaluer les conséquences économiques des tarifs imposés par Donald Trump, redoutant un effet domino : inflation, ralentissement de la croissance, crise de liquidités.
Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, a même publiquement mis en garde contre les effets potentiellement durables et néfastes de la guerre commerciale, qui vont “probablement augmenter l’inflation” et “ralentir la croissance”.
Si elles ne sont pas directement visées par les droits de douane, l’exposition des banques aux secteurs touchés les rend en effet vulnérables. Une secousse à laquelle n’échappe bien évidemment pas le secteur bancaire européen et belge.
Vigilance accrue
Or, il ne faudrait pas que le tremblement de terre provoqué par l’offensive protectionniste du président américain, qui s’accompagne désormais d’une crise de confiance sur la dette américaine (et les Treasuries), ne déclenche un mouvement de panique et une crise de liquidités sur les banques.
Car les risques s’intensifient pour toute une série d’acteurs financiers. À commencer par les hedge funds qui carburent à la dette et doivent subitement faire face à des appels de marge massifs. Du coup, les mauvais souvenirs de 2008 reviennent. L’ombre d’une faillite à la Lehman Brothers plane de nouveau, cette fois sur fond de guerre commerciale.
La meilleure preuve en est que la BCE a relevé son niveau de vigilance sur les banques de la zone euro, “en raison des effets sur l’économie réelle que pourrait avoir un mouvement de vente prolongé sur les marchés boursiers”, indique L’Echo. Si elle n’a pas identifié de raisons de s’alarmer, l’institution de Francfort aurait tout de même appelé les banques à être “attentives à leurs bases de dépôts et autres formes de financement, pour éviter un problème de liquidité”.
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