Risque de crédit: la BCE, trop laxiste envers les banques
La Banque centrale européenne (BCE) n’en fait pas assez pour que les importantes banques européennes agissent prudemment face au risque de crédit, selon les auditeurs de l’Union européenne. Si ses évaluations et contrôles en la matière sont adéquats, elle n’utilise que trop peu les pouvoirs qu’elle a pour forcer les banques à agir, par exemple en s’assurant de fonds propres supplémentaires, concluent-ils.
Le “risque de crédit” renvoie à la possibilité de subir des pertes à cause d’un débiteur qui ne rembourse pas les montants dus. Pour la Cour des comptes européenne, c’est un “impératif” de pousser les banques européennes à la prudence dans la prise en considération de ce risque, une mauvaise gestion pouvant menacer “leur propre survie” voire “la stabilité de l’ensemble du système financier”, communique-t-elle vendredi matin.
Elle a audité la manière dont la BCE surveille cette prise de risque auprès des 110 “banques importantes” qui font l’objet d’une surveillance prudentielle directe. La conclusion générale de la Cour des comptes européenne: “la BCE a intensifié ses efforts dans la surveillance du risque de crédit des banques et en particulier des prêts non performants. Toutefois, elle doit faire davantage pour mieux s’assurer que les banques gèrent et couvrent leur risque de crédit de manière appropriée”.
“La BCE a le pouvoir d’utiliser des exigences qualitatives, des instruments forts”, pour ordonner aux banques de mieux gérer le risque de crédit. “Mais elle a en général préféré utiliser des outils bien plus ‘soft’, comme des recommandations”, observe Mihails Kozlovs, auditeur responsable du rapport. Il s’agit d’une des critiques principales de la Cour des comptes: alors qu’elle peut intimer aux banques de prendre des mesures correctives, la BCE ne l’a pas automatiquement fait ces dernières années, même auprès de banques qui visiblement n’appliquaient pas ses recommandations.
“La BCE n’a pas imposé d’exigences de fonds propres proportionnellement plus sévères aux banques plus exposées”, observe la Cour des comptes. “Elle n’a pas non plus suffisamment durci les mesures prudentielles lorsque les banques laissaient persister des faiblesses dans leur gestion du risque de crédit”.