L’euro a regagné du terrain sur le dollar depuis la mi-janvier, gagnant jusqu’à 8 % alors que tous les pronostics tendaient vers une prolongation de son affaiblissement. En cause : la Chine, la reprise européenne et des spéculations sur la BCE.
L’euro a déjoué tous les pronostics en gagnant depuis mi-janvier près de 8 % par rapport au dollar, signe d’un retournement de l’opinion des cambistes sur les chances de la zone euro de surmonter la crise de la dette, faisant mentir les Cassandre qui pariaient sur son effondrement.
En une vingtaine de jours, la monnaie unique a gagné 10 cents face au dollar, inversant la tendance après être tombée le 10 janvier à son niveau le plus bas depuis septembre 2009.
Raison n° 1 : le soutien et la confiance de la Chine envers la zone euro
Pour de nombreux observateurs, la Chine est à l’origine de ce retournement de tendance, en affichant son soutien à la zone euro et sa confiance en sa capacité à gérer les crises budgétaires qui ont déjà poussé la Grèce et l’Irlande à faire appel à une aide extérieure.
Début janvier, la deuxième économie mondiale avait signalé son intention d’acheter des obligations émises par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), un engagement imité le 11 janvier par le Japon, un moyen pour ces deux pays de diversifier leurs réserves de changes principalement constituées en dollars.
La première opération de ce genre, dont les détails ne sont pas connus, a permis de lever la semaine dernière 5 milliards d’euros pour alimenter le plan d’aide à l’Irlande, conclu fin 2010 avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international. Ainsi, “la Chine a apaisé une grosse partie des inquiétudes des opérateurs sur la capacité de la zone euro à se financer sur les marchés”, a souligné Neil Mellor, analyste chez BNY Mellon.
Raison n° 2 : des indicateurs rassurants sur la vigueur de la reprise économique en Europe
A ces marques de soutien, couplées à des espoirs de voir les dirigeants européens prendre rapidement des mesures pour pérenniser et renforcer la gestion des crises, sont venus s’ajouter des indicateurs rassurants sur la vigueur de la reprise économique en Europe, en particulier en Allemagne.
Raison n° 3 : des spéculations sur une hausse du principal taux directeur de la BCE
Un regain de spéculations sur un relèvement anticipé du taux directeur de la Banque centrale européenne a propulsé la monnaie unique jusqu’à 1,3862 dollar mercredi, un sommet depuis trois mois.
Ces spéculations ont été alimentées par une nouvelle poussée de l’inflation en zone euro en janvier : à 2,4 % sur un an, elle dépasse pour le deuxième mois consécutif le seuil de 2 % fixé comme objectif à l’institution. La hausse du taux directeur, qui rend une monnaie plus attractive pour les investisseurs, est la principale arme dont dispose une banque centrale pour juguler l’inflation.
Des spéculations démenties par la décision, dévoilée jeudi par la BCE, de laisser son principal taux directeur à 1 %. De nombreux analystes doutaient d’ailleurs que l’institution prenne le risque à ce stade de relever son taux directeur, alors que les pays fragiles de la zone euro, comme la Grèce, l’Irlande, et l’Espagne, peinent toujours à redresser leurs finances publiques.
La remontée de l’euro n’a pas que des avantages
En outre, la remontée de l’euro n’a pas que des avantages. En freinant les exportations, elle risque de rendre le processus de redressement de ces économies plus long et coûteux et de menacer la croissance en Allemagne, très dépendante du commerce extérieur, notent les analystes.
Trends.be, avec Belga
La BCE garde son principal taux directeur inchangé à 1 %
La Banque centrale européenne a décidé de garder son principal taux directeur inchangé à 1 %, a annoncé jeudi un porte-parole de l’institution monétaire de Francfort. Ce taux, baromètre du crédit bancaire en zone euro, reste donc à son plus bas niveau historique auquel il stationne depuis bientôt deux ans.
Et ce, malgré une poussée de l’inflation depuis deux mois. Les prix en zone euro ont en effet grimpé de 2,4 % en janvier, leur plus haut niveau depuis octobre 2008, après 2,2 % déjà en décembre, soit au-dessus de l’objectif de stabilité des prix à moyen terme de la BCE, qui est de maintenir l’inflation à un niveau proche mais inférieur à 2 %. L’inflation sous-jacente, débarrassée de sa composante conjoncturelle comme les prix de l’énergie et de l’alimentation, reste toutefois contenue.