La montée en puissance du portefeuille numérique européen Wero bouscule le paysage belge des solutions de paiement. Nathalie Vandepeute, CEO de Bancontact Payconiq Company, fait le point sur l’évolution des paiements mobiles en Belgique et revient sur la disparition annoncée de la marque Payconiq d’ici fin 2026.
Wero, le système européen de paiement mobile, poursuit activement son développement. Cinq banques belges de plus ont en effet choisi de rejoindre l’European Payments Initiative (EPI), chargée du développement de la solution de paiement mobile, imaginée pour offrir aux clients une alternative aux réseaux de paiement américains.
Bancontact continuera-t-il à jouer un rôle central malgré les évolutions en cours ?
Bancontact reste au cœur de la majorité de nos transactions, y compris sur mobile. En revanche, le produit Payconiq disparaîtra d’ici la fin de l’année. Les commerçants qui l’utilisent actuellement seront migrés vers une nouvelle plateforme technique qui prendra en charge à la fois les transactions Bancontact et celles via Wero.
Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les consommateurs ?
Tout dépendra de l’application utilisée. Si le consommateur paie avec l’application Payconiq by Bancontact, ce sera une transaction Bancontact. S’il utilise l’application d’une banque ayant intégré Wero, le paiement passera par Wero. C’est donc l’app utilisée qui déterminera le type de transaction.
Et pour les commerçants ?
Les autocollants “Payconiq” seront remplacés au printemps prochain par de nouveaux visuels, probablement avec les logos Bancontact et Wero. Les nouveaux visuels sont encore en cours de réflexion, donc rien n’est confirmé à ce stade. Bancontact Payconiq Company distribuera donc la solution Wero à ses commerçants Payconiq sur le marché belge.
La marque Payconiq actuelle est donc amenée à disparaître ?
La marque Payconiq continue d’exister pour le moment et évoluera dans le courant 2026. L’application Payconiq by Bancontact, quant à elle, sera renommée. Elle compte 2 millions d’utilisateurs et ses fonctionnalités resteront inchangées : possibilité d’ajouter jusqu’à cinq cartes, paiements en ligne, en magasin via QR code, ou entre amis, le tout via la méthode de paiement Bancontact.
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Le QR code semble très utilisé en Belgique. Pourquoi ?
La Belgique est en effet l’un des pays précurseurs en Europe pour l’usage du QR code dans les paiements. Plusieurs éléments l’expliquent. La pandémie de Covid a accéléré l’adoption. Les grandes banques ont rapidement intégré la fonction de scan dans leurs apps. De nombreux commerçants ne sont pas équipés de terminaux, donc le QR code, avec un simple autocollant, était une solution idéale. Aujourd’hui, 90 % de nos paiements mobiles en ligne se font via smartphone, sans passer par une carte et un lecteur.
Quelles innovations peut-on encore attendre dans les paiements en Belgique ?
Une évolution majeure, c’est la possibilité pour les commerçants de transformer leur smartphone en terminal de paiement. C’est une innovation très prometteuse, car elle rend les paiements accessibles à bien plus de petits commerces. Les paiements mobiles vont continuer à croître : selon une étude de Febelfin, un Belge sur deux a déjà effectué un paiement mobile, ce qui veut dire que l’autre moitié reste à convaincre. Enfin, les paiements dits “invisibles” vont se développer : vous enregistrez votre carte une fois sur une plateforme, puis vous payez sans intervention manuelle. Ce type de paiement va s’ancrer durablement dans les habitudes.
Et où se situe la Belgique par rapport aux autres pays européens ?
On est parmi les pays les plus avancés en matière de paiements mobiles, derrière les Pays-Bas et les pays nordiques. Les consommateurs belges sont aussi très attachés aux solutions locales : on enregistre 263 transactions via nos solutions locales par habitant et par an. Seuls la Norvège et le Danemark nous devancent.
Peut-on dire qu’il y a à travers le développement des paiements mobiles une volonté d’offrir une alternative privée à l’euro numérique, jugé trop cher par les banques ?
Oui, clairement. Deux voies existent : soit des solutions privées deviennent interopérables au niveau européen, soit une solution publique comme l’euro digital, portée par la Banque centrale européenne. La volonté politique de renforcer la souveraineté européenne en matière de paiements est forte, et c’est légitime. En Belgique, nous avons déjà cette souveraineté grâce à nos solutions locales. Mais dans d’autres pays, où il n’existe pas encore de solution domestique ou où les paiements mobiles sont peu répandus, une initiative européenne comme Wero a tout son sens.