Michael Anseeuw (BNP Paribas Fortis): “Ma coalition préférée ? Celle qui travaillera main dans la main avec le secteur financier”

BNP Paribas Fortis CEO Michael Anseeuw
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

A l’occasion des élections, Trends-Tendances a interrogé une vingtaine de CEO, pour prendre le pouls des entreprises. Le patron de BNP Paribas Fortis, qui est également le président de Febelfin (la fédération du secteur financier en Belgique), regrette que les banques belges soient de loin les plus taxées en Europe, «ce qui a un effet négatif sur leur position concurrentielle».

Quels sont les défis majeurs rencontrés par votre entreprise et votre secteur ?

Le secteur bancaire en Europe fait face à deux enjeux de taille : l’implémentation des nouvelles exigences en fonds propres (Bâle 3) et l’achèvement du marché unique des capitaux (Capital Markets Union, ndlr). Ces deux dossiers sont très importants pour la position concurrentielle des banques belges et plus largement européennes. Une implémentation trop stricte des nouvelles règles de Bâle 3 risque de pénaliser le secteur bancaire européen en termes de capacité à octroyer des crédits aux ménages et aux entreprises. Et ce, au profit des banques américaines et anglaises, certainement si elles bénéficient d’une approche plus pragmatique sur ce terrain des niveaux de fonds propres à respecter.

C’est aussi pour cela que la création du marché unique des capitaux est indispensable : afin de donner de l’air au secteur financier européen via un assouplissement du cadre relatif à la titrisation des crédits. Cela doit permettre de mobiliser l’épargne européenne plutôt que de la voir s’exporter aux Etats-Unis. Il est important pour l’Europe de pouvoir dégager des capacités de financement supplémentaires si elle veut assurer son avenir.

Quelle est la mesure prioritaire que vous attendez du politique ? 

Au niveau belge, la croissance économique est indispensable si nous voulons continuer à pouvoir financer notre système de pension, notre enseignement et notre sécurité sociale. Comme mesure prioritaire, j’attends donc du monde politique qu’il favorise la croissance économique.  Et ce, au travers de quatre axes : un plan industriel qui s’inscrit dans la ligne européenne, un renforcement de notre système d’éducation, une gouvernance des autorités publiques qui soit plus efficace et plus rapide, ainsi qu’une une fiscalité qui mette en valeur le développement économique. De ce point de vue-là, les banques belges sont de loin les plus taxées en Europe, ce qui a d’ailleurs aussi un effet négatif sur leur position concurrentielle. 

Faut-il réformer l’indexation des salaires ? 

Personnellement, je suis pour une réforme. Il faut un système plus proportionnel qui protège les salaires les moins importants jusqu’au salaire moyen. Salaire moyen au-delà duquel il n’y aurait donc plus d’indexation automatique. 

Quelle serait votre coalition préférée ?

C’est celle qui aura envie de travailler main dans la main avec le secteur financier afin de relever les énormes défis auxquels la société dans son ensemble est confrontée, à commencer par la transition vers une économie plus durable que les banques elles seules ne peuvent pas supporter dans la mesure où elle représente un besoin de financement pour la transformation énergétique en Europe de 35.000 milliards d’euros d’ici 2050.

Le coup de gueule des patrons

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