Mais où se sont enfuis les 1.000 milliards de dollars de dépôts des ménages américains ?

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Nous n’avons pas encore mesuré l’ampleur des mouvements de fonds qui ont secoué le paysage bancaire américains ces derniers temps.

La crise de SVB, la banque de la Silicon Valley, n’est en effet que l’épiphénomène d’une vaste transhumance de l’épargne des ménages et des entreprises américaines qui a été étamée depuis le mois de mars de l’an dernier, c’est-à-dire depuis les premiers relèvements des taux aux Etats-Unis. « Depuis que la Fed a entamé son cycle de resserrement il y a un an, les banques américaines les plus vulnérables ont probablement perdu environ mille milliards de dépôts », note JP Morgan dans une analyse. Un sommes importante à la fois en termes absolus et relatifs : la totalité des dépôts bancaires aux Etats-Unis est d’environ 17.500 milliards.

 La moitié de la fuite a eu lieu après la crise de SVB, l’autre moitié avant. Et sur ces mille milliards, la moitié est allée vers des fonds monétaires gouvernementaux dont la rémunération augmente au fur et à mesure de la hausse des taux de la Réserve fédérale. Et l’autre moitié s’est réfugiée dans les grandes banques américaines, censées être plus sûres. Car si les dépôts en-dessous de 250.000 dollars sont automatiquement assurés par la FDIC, l’agence fédérale qui garantit les dépôts, ceux qui dépassent cette somme ne le sont pas. Selon certaines estimations, environ 7.000 milliards de dollars de dépôts sont « non assurés » et cette masse est donc très volatile, car leurs détenteurs sont bien plus enclins à quitter une banque dans laquelle ils n’ont plus entièrement confiance.

Deux conséquences

Ce mouvement a deux conséquences. D’une part, une forte baisse des actifs des banques régionales, et donc, une déstabilisation de leur bilan. C’est ce qui a fait se demander à The Economist la semaine dernière, « Combien de temps encore les banques régionales américaines tiendront-elles le coup ? ». De l’autre, une perte de 500 milliards de dollars pour le secteur bancaire dans son ensemble : c’est l’argent qui est parti se réfugier dans les fonds monétaires qui détiennent essentiellement du papier à court terme émis par le Trésor américain) et qui n’est donc plus susceptible de venir financer l’économie privée américaine. Aujourd’hui, les fonds monétaires américains n’ont jamais brassé autant d’argent : leurs actifs atteignent un record historique de 5.100 milliards de dollars.

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