Les banques européennes vont-elles “déguster” avec Trump 2.0 ?

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Choc fiscal, dérégulation… Le secteur bancaire européen risque de faire les frais du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, contrairement aux banques américaines qui se frottent déjà les mains.

S’il y a bien un secteur qui devrait profiter de la réélection de Donald Trump, c’est celui des banques américaines. Via une politique axée sur l’assouplissement réglementaire, les baisses d’impôts pour les entreprises, et une vision protectionniste du commerce international, le futur locataire de la Maison-Blanche compte bien faire tout ce qu’il peut pour voir les Etats-Unis rester la première machine à cash du monde. De quoi renforcer la position concurrentielle des établissements bancaires américains (JP Morgan, Bank of America) face à leurs homologues européens… déjà plus petits et moins puissants. 

Pour le chief economist Lombard Odier, Samy Chaar, la victoire sans appel de Donald Trump ouvre la voie à une appréciation des actifs financiers américains, en particulier les actions et le dollar, qui devraient être stimulés par les attentes en matière de réductions d’impôts et d’assouplissement de l’environnement réglementaire des entreprises, mais aussi des banques de l’Oncle Sam. “Les actions mondiales devraient également progresser, les secteurs de la technologie, des banques et de la défense profitant du contexte d’augmentation des dépenses militaires et d’allègement des réglementations”, souligne l’expert de la banque privée suisse.

Fonds propres

Outre une réduction de l’impôt des sociétés à 15 % dont devraient bénéficier les banques comme toutes les entreprises qu’elles financent, Donald Trump se dit également favorable à des règles du jeu bancaires moins strictes. Les analystes spéculent sur une adoption plus lente aux Etats-Unis des nouvelles normes de Bâle qui fixent à l’échelle mondiale les exigences en capital des banques. “La règle de Bâle pourrait être complètement enterrée”, estime en ce sens Gene Ludwig, un ancien haut responsable de la réglementation bancaire qui conseille les institutions financières en tant que patron du cabinet Ludwig Advisors. 

En clair, les banques américaines pourraient bien prochainement bénéficier d’un cadre plus favorable pour investir ou accorder du crédit, et donc asseoir encore un peu plus leur domination sur la planète finance. Pouvoir immobiliser moins de capitaux propres pour se prémunir contre les prêts douteux risque en effet de renforcer leur avantage compétitif face aux banques de la zone euro, dont la capacité à octroyer des prêts aux ménages et aux entreprises risque par contre de souffrir.

Inquiétudes françaises

La meilleure preuve en est que les patrons de banque européens n’ont pas attendu longtemps pour monter au créneau. En France par exemple, ils n’ont pas hésité à déjà faire part publiquement de leur inquiétude face à ce scénario qui s’annonce défavorable aux banques de la zone euro. Interrogé par Les Echos, Nicolas Namias, le président du directoire de BPCE, deuxième groupe bancaire de France, est monté au créneau pour souligner les risques que fait peser l’élection de Trump sur le secteur bancaire français et européen. “Il faudra collectivement être vigilants à l’égard de la réglementation des deux côtés de l’Atlantique. Il faudra que l’Europe ne soit pas naïve.”

De son côté, Slawomir Krupa, le patron Société Générale, autre grand groupe bancaire français, a réagi en tant que président de la fédération française des banques, estimant être “important que les autorités européennes s’assurent que le ‘level playing field’ avec les Américains, et l’ensemble des acteurs du système financier mondial, soit juste. Or cela n’est pas le cas aujourd’hui”, alerte le banquier français dans le quotidien français. Sans même parler de l’achèvement du marché unique des capitaux.

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