Le rouble russe n’a jamais été aussi bas

Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

La raison : la flambée des dépenses militaires et la baisse du prix du pétrole russe.

Peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le rouble russe avait bénéficié d’une flambée face aux devises occidentales, et l’on s’était dit que finalement, l’économie russe était plus résiliente qu’on ne pensait.

Mais ces derniers mois, on a pu se rendre compte que la Russie faisait face à des problèmes de plus en plus sérieux. La preuve, le rouble russe est, avec le peso argentin et la livre égyptienne, la monnaie qui a le plus perdu par rapport au dollar et à l’euro depuis le premier janvier.

Pour être précis, le rouble ne valait plus ce jeudi que 0,0111 euro, alors qu’il s’échangeait contre 0,0130 au début de l’année et contre 0,018 en juin de l’an dernier. Il a donc perdu près de 40% de sa valeur en dix mois.

L’explication ? Officiellement, « la hausse des importations et à l’augmentation des sorties de capitaux étrangers ». Le retrait étranger de Russie s’exprime notamment sur le marché des changes. Avant-guerre, il s’échangeait tous les jours 3 milliards de dollars en roubles. Ce montant est désormais tombé à 1 milliard.

Mais officieusement, la Russie éprouve aussi beaucoup de mal à boucler son budget avec des dépenses militaires qui flambent et un prix du baril, en raison des sanctions occidentales, qui baisse.

Selon Agency News, un des rares médias indépendants qui subsistent dans le pays, les dépenses de l’Etat entre le 1er janvier et le 17 avril ont atteint 10.140 milliards de roubles, alors que les recettes n’étaient que de 5.400 milliards. Le déficit est donc de 4.700 milliards, soit, au cours actuel du rouble, plus de 52 milliards d’euros.

Deux causes essentielles à ce dérapage. La première est l’explosion des dépenses, en raison de la guerre. Un tiers du budget russe tombe désormais dans la catégorie « dépenses secrètes », relative donc aux dépenses militaires. Des dépenses qui semblent même croître en avril par rapport aux mois précédents.

 L’autre raison est le prix auquel la Russie parvient à vendre son pétrole. Moscou avait tablé sur un prix du baril de l’Oural (le pétrole de référence russe) à 70 dollars. Or, depuis le début du mois de décembre dernier, il n’atteint plus ce niveau. Les sanctions du G7 fixent depuis décembre un plafond de 60 dollars au baril de pétrole russe. Et ces sanctions semblent fonctionner : le prix du baril d’Oural est fortement déprimé. Il est tombé à 46 dollars en mars, s’est relevé ensuite mais a du mal à dépasser les 60 dollars aujourd’hui.

Le rouble au plus bas face à l’euro

(1 rouble = 0,0111 euro)

Source Google Finance

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