UniCredit – Commerzbank : le grand retour des méga-fusions bancaires ?

L’offensive de la banque italienne UniCredit sur sa concurrente allemande Commerzbank relance les spéculations sur une nouvelle vague de grandes fusions bancaires en Europe. © Getty Images/iStock
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’offensive de la banque italienne UniCredit sur sa concurrente allemande Commerzbank relance les spéculations sur une nouvelle vague de grandes fusions bancaires en Europe. De grands mariages transfrontaliers que les régulateurs appellent de leurs vœux depuis longtemps.

Est-ce le retour, tant attendu, des grandes manœuvres dans le secteur bancaire ? Troisième plus grande banque d’Europe (derrière BNP Paribas et Santander) et première banque d’Italie, le groupe UniCredit a en effet surpris tout le monde en annonçant hier détenir désormais 9 % du capital de son homologue allemande Commerzbank. Le raid a eu lieu en deux temps. D’abord, via la reprise d’un paquet d’actions évalué à 4,5 % du capital de sa concurrente vendu ces jours-ci par l’État allemand pour un montant de quelque 700 millions d’euros. Ensuite, via le rachat en Bourse d’un autre paquet de titres représentant lui aussi 4,5 % du capital de Commerzbank.  

Au total, le groupe italien a déboursé environ 1,4 milliard d’euros pour devenir le deuxième actionnaire de Commerzbank, derrière l’État allemand. Mais le marché spécule sur un plus gros rapprochement entre les deux institutions. Déjà très présent en Allemagne via sa filiale HypoVereinsbank, UniCredit, qui pèse plus de 60 milliards d’euros en Bourse, pourrait en effet aller plus loin et envisager une fusion domestique entre ses deux filiales allemandes, si jamais il arrive à mettre la main sur Commerzbank. Ce qui pourrait donner des idées à d’autres.

Proies attractives

Certes, plusieurs obstacles subsistent. L’Union bancaire européenne est loin d’être achevée et le marché unique des capitaux se fait toujours attendre. Mais le contexte paraît plus favorable qu’il y a quelques années. Grâce à la hausse des taux, la plupart des établissements bancaires du Vieux Continent profitent depuis deux ans de la hausse des taux d’intérêt, ce qui leur permet d’afficher des bénéfices en forte hausse. Voire même historiques. 

Or, paradoxalement, le secteur reste sous-valorisé en Bourse : Deutsche Bank, par exemple, ne pèse toujours que 25 milliards d’euros. Les proies sont donc attractives. D’autant plus attractives que la finalisation des nouvelles réglementations internationales en matière de fonds propres (Bâle 4) apporte de la visibilité et favorise les opérations de rapprochement. D’ailleurs, BNP Paribas a racheté fin juillet le gestionnaire d’actifs d’Axa, Axa IM. En Espagne, le géant bancaire BBVA s’est quant à lui lancé à l’assaut de sa concurrente Sabadell. Cet été, c’est Nagelmackers qui est passé chez nous sous pavillon français, racheté par BPCE, deuxième plus important groupe bancaire en France.

Les États se retirent

Autre élément qui a de quoi soutenir une nouvelle vague de rapprochements que les régulateurs appellent de leurs vœux depuis longtemps : les actionnaires publics. Quinze ans après s’être portés au chevet des banques fragilisées par la crise de 2008 pour les renflouer, ils ont tendance à se désengager progressivement du secteur. C’est le cas de l’État allemand avec Commerzbank, qui a bien redressé la tête depuis son sauvetage. Mais c’est aussi le cas du gouvernement néerlandais qui a réduit sa participation dans ABN Amro depuis la nationalisation de la banque pendant la crise financière de 2008, et ce pour la ramener aux alentours de 40 %. Bien évidemment, on rappellera aussi que l’État belge a vendu l’an dernier un tiers de sa participation dans BNP Paribas, la maison mère de BNP Paribas Fortis. Quant au groupe Belfius, toujours détenu à 100 % par l’État fédéral, sa privatisation sera sur la table du prochain gouvernement.

Bref, mangé ou être mangé : l’alternative darwinienne risque de s’imposer de plus en plus aux institutions financières de la «vieille Europe» dans les mois qui viennent, y compris chez nous. En référence à la Belgique, on rappellera simplement que le CEO d’UniCredit n’est autre qu’un certain Andrea Orcel. Ancien banquier d’affaires de Merrill Lynch, c’est lui qui à l’époque avait incité Royal Bank of Scotland, Santander et Fortis à faire une offre sur… ABN Amro.

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