Lagarde: les taux d’intérêts sont proches de l’« altitude de croisière »
La Banque centrale européenne (BCE) va poursuivre ses hausses de taux, mais l’”altitude de croisière” se rapproche, au moment où l’inflation recule, a déclaré jeudi sa présidente Christine Lagarde, lors d’un congrès bancaire.
“Nous continuerons d’avancer – avec détermination et sans découragement – jusqu’à ce que nous voyions l’inflation revenir à notre cible à moyen terme de 2% en temps opportun“, a déclaré Christine Lagarde à Hanovre, devant le congrès des Caisses d’épargne allemandes.
Lors des neufs derniers mois, l’institution monétaire a décidé sept hausses de taux d’affilée, soit un cumul de 3,75 points de pourcentage, avec un pas de 0,25 point en mai qui était le plus faible du cycle. “Au départ, l’avion doit monter fortement et accélérer rapidement. Mais à mesure qu’il se rapproche de son altitude cible, il peut réduire l’accélération et conserver sa vitesse actuelle“, a expliqué sur le ton de la métaphore la banquière centrale française. “Maintenant, nous approchons de notre altitude de croisière”, a-t-elle ajouté.
Les effets de ces hausses accumulées de taux sont visibles – reflux du crédit, tassement de la demande donc de l’activité -, mais la BCE reste loin d’avoir gagné la bataille contre l’inflation élevée, même si l’agrégat est nettement sur le recul. Depuis son pic à 10,6% en glissement annuel en octobre dernier, l’inflation en zone euro est retombée à 6,1% en mai, selon Eurostat jeudi. C’est encore trois fois au-dessus de la cible visée par la BCE.
Second semestre 2025: 2%
“Nous nous attendons donc à ce que la BCE relève ses taux d’intérêt deux fois de plus de 25 points de base en juin et en juillet avant de les maintenir inchangés“, ce qui porterait le taux de dépôt à 3,75%, selon Salomon Fiedler, analyste chez Berenberg.
Si l’inflation globale recule, du fait d’un tassement des prix de l’énergie, en dehors de cette composante l’inflation dite “sous-jacente” reste élevée en étant alimentée par les hausses de salaires. Ces dernières “deviennent un moteur plus important de l’inflation”, selon Mme Lagarde.
Le taux de chômage dans la zone euro est à son plus bas et les travailleurs disposent d’un fort pouvoir de négociation pour récupérer les pertes passées de pouvoir d’achat, par exemple en Allemagne. Or, “plus l’inflation va rester longtemps au-dessus de notre cible, plus le risque qu’elle infiltre les attentes des gens est grand”, a prévenu Mme Lagarde.
La BCE voit l’inflation revenir à 2% “avant le second semestre 2025”, ce qui fera quatre ans de hausse exagérée des prix.