La BEI a prêté l’an dernier plus de 2 milliards à la Belgique

Umicore (Hoboken) © PG
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Parmi les bénéficiaires, la ville de Louvain, Umicore, WDP, Nyxoah…

Nadia Calvino, la présidente de la Banque européenne d’Investissement (BEI), a présenté les résultats annuels de son institution qui est un des grands acteurs internationaux sur le marché des capitaux. En 2024, la BEI a apporté un peu moins de 89 milliards d’euros en financement de projets et le bras financier de l’Union européenne a déjà annoncé qu’il voulait porter son objectif à 95 milliards cette année.

La transition écologique, l’action en faveur du climat et la durabilité environnementale représentent près de 60 % du total de ces financements, un pourcentage en hausse par rapport aux dernières années. La BEI a par exemple octroyé l’été dernier plusieurs financements totalisant 250 millions d’euros à la Sicafi WDP afin d’installer des panneaux solaires en toiture et d’augmenter le nombre de bornes de recharge pour véhicules électriques sur les sites que possède le groupe en Belgique, en Allemagne et en Roumanie.

Parallèlement, les opérations à plus haut risque de la BEI à l’appui des entreprises européennes innovantes progressent elles aussi. Les investissements en fonds propres et quasi-fonds propres de la BEI, et de sa filiale spécialisée dans le financement des PME, le Fonds européen d’investissement, se sont élevés à 8 milliards d’euros, ce qui a permis de mobiliser 110 milliards d’euros de capital de croissance pour les jeunes pousses, les entreprises en expansion et les innovateurs européens.

Ratios verts

Nadia Calvino a également abordé le délicat sujet du « green asset ratio », ce ratio d’actifs verts que les banques doivent désormais mentionner dans leur communication. On sait qu’il y a un problème de ce côté, car si on s’en tenait uniquement aux critères mentionnés par la Commission, qui excluent les crédits aux souverains, aux emprunteurs situés en dehors de l’UE, aux PME … la BEI n’aurait dans son portefeuille que 1 ou 2% d’actifs verts. Certains au sein de la banque se sont inquiétés du risque réputationnel que cela pourrait lui causer, elle qui se veut être la banque du climat.

« Nous avons lancé avec d’autres banques de développement nationales un appel à un nouveau calibrage des investissements, explique la présidente de la BEI. Nous avons développé des propositions concrètes pour faire des ajustements et amender certaines réglementations, pour s’assurer d’encourager ces investissements écologiques. Nous travaillons de manière constructive avec la Commission européenne, poursuit-elle. Climat et compétitivité sont les deux éléments gagnants pour l’Europe, et nous devons faire en sorte que les réglementations nous aident à atteindre cet objectif » .

Nadia Calvino a également expliqué en quoi, depuis le mois de mai dernier, la BEI soutient davantage le secteur de la défense. « Depuis l’année dernière le groupe BEI a eu un rôle ambitieux et proactif pour soutenir et renforcer son soutien à la sécurité et la défense européenne tout en préservant nos capacités financières, explique-t-elle. Nous avons fortement élargi l’admissibilité pour les investissements : à partir du premier mai de l’an dernier, nous pouvons financer la mobilité militaire, la protection des frontières, des bâtiments militaires, les équipements de déminage, la décontamination, les technologies quantiques….. » La BEI a déjà investi 1 milliard dans ce secteur et compte doubler l’objectif cette année.

2 milliards en Belgique

En Belgique, l’empreinte verte de la BEI est plus accentuée encore puisque sur 2,06 milliards d’euros que l’institution a octroyé sous forme de prêts, de fonds propres et de garanties pour des projets belges l’an dernier, plus de 80 % concernent le climat.

Un investissement de 650 millions d’euros a été consacré à l’île Princesse Élisabeth d’Elia, qui jouera un rôle clé dans la distribution de l’énergie verte et la sécurité énergétique. Les PME restent également importantes, car ensemble, la BEI et le FEI ont mis à disposition près de 300 millions d’euros en prêts, garanties et capitaux propres pour soutenir la scène dynamique des petites et moyennes entreprises en Belgique. La BEI a également soutenu financièrement la ville de Louvain dans ses investissements dans la durabilité et la santé.

La biotech Nyxoah a reçu un financement de 37,5 millions d’euros. Parmi les opérations de financement importantes de la BEI en Belgique, on citera encore Watergroep (distribution d’eau) pour 200 millions et Umicore, pour le développement de son pôle batteries, pour 350 millions.

« Nos investissements de l’année dernière en Belgique montrent que la transition écologique continue d’avancer plutôt bien, observe Robert De Groot. Dans ce contexte, la sécurité énergétique est un élément déterminant de l’autonomie européenne, car nous avons vu les problèmes qu’engendre le fait de dépendre d’autrui. À l’avenir, nous voulons mettre l’accent sur le financement de projets qui comptent pour la population, notamment ceux concernant le logement abordable, le secteur de l’eau et l’énergie », poursuit-il, ajoutant que « la Belgique dispose d’un écosystème florissant dans le domaine des biotechnologies, pour lequel nos instruments de prêt d’amorçage-investissement présentent une grande valeur ajoutée, et que nous continuerons de soutenir ».

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