La banque centrale suisse veut durcir les règles bancaires
La règlementation bancaire doit être renforcée après la chute de Credit Suisse, affirme vendredi le président de la banque centrale suisse, qui veut aussi veiller à garantir la concurrence puisqu’elle est aussi “dans l’intérêt” de l’institution monétaire.
“Les récents événements justifient la nécessité de réexaminer la réglementation”, a déclaré Thomas Jordan dans un discours prononcé lors de l’assemblée générale annuelle de la Banque nationale suisse (BNS). “Il importe à l’avenir que la réglementation contraigne les banques à détenir suffisamment d’actifs pouvant être mis en gage ou transférés en tout temps et sans restrictions”, a-t-il ajouté, afin que ceux-ci puissent être “utilisés comme garanties” alors que la banque centrale a dû mettre des milliards à disposition pour éviter que Credit Suisse ne fasse faillite.
La banque a été secouée en Bourse le 15 mars par un mouvement de panique dans le sillage de la faillite de la banque américaine SVB, ce qui a amené la banque centrale à lui lancer une bouée de sauvetage via un prêt de 50 milliards de francs suisses (un montant équivalent en euros). Mais après un court répit, la crise de confiance dans la banque s’était accélérée, poussant le ministère des Finances, la banque centrale et l’autorité de surveillance des marchés à négocier avec UBS, sa grande concurrente, pour organiser son rachat.
Le 19 mars, UBS a accepté de la reprendre pour 3 milliards de francs, moyennant de solides garanties de la Confédération. La BNS et la Confédération ont mis 109 milliards de francs de garanties à la disposition des deux banques. S’y ajoute un volant de liquidités de 100 milliards de francs que la BNS peut mettre à disposition.
Un effondrement de Credit Suisse aurait “déclenché une onde de choc dans le système financier mondial”, a insisté M. Jordan, soulignant que “les répercussions sur l’économie réelle auraient été dramatiques, en Suisse comme à l’étranger”.
Dans le pays alpin, ce rapprochement suscite toutefois de vives inquiétudes pour l’emploi mais aussi pour la concurrence, notamment pour les crédits au PME. M. Jordan assure que la BNS veillera à ce que ces questions de concurrence soient “convenablement” prises en compte, dans la mesure où elle est nécessaire “pas seulement” pour “les ménages et entreprises suisses”, mais aussi pour la banque centrale elle-même afin que “la politique monétaire se transmette à l’économie dans son ensemble” lorsqu’elle modifie ses taux.