La Banque centrale européenne n’achètera plus d’obligations
C’était déjà la fin de la hausse des taux. C’est désormais la fin de l’argent abondant et facile.
La Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales des pays de la zone euro (ce qu’on appelle l’Eurosystème) détiennent à elles seules plus de 32% de la dette des pays de la zone. Ce pourcentage est même bien plus important pour les pays relativement peu endettés: 42% de la dette allemande se trouvent dans l’Eurosystème aujourd’hui, contre 26% de la dette belge.
Cette position, la BCE l’a bâtie au fil des achats d’obligations qui ont commencé en 2015. Ceux-ci étaient destinés à combattre un risque de déflation en abaissant les taux à long terme: en rachetant des obligations, la BCE faisait baisser leurs taux et injectait de la nouvelle monnaie dans le système financier.
Cette configuration est bien terminée aujourd’hui et c’est la lutte contre l’inflation qui domine. Lutte qui a poussé la BCE à remonter son taux directeur depuis le mois de juillet: il est à 3% depuis le début février et devrait être poussé plus haut encore.
Mais pour que les taux obligataires, à plus long terme, suivent aussi cette trajectoire ascendante, la BCE a décidé de ne plus acheter d’obligations à partir de ce mois de mars. Autrement dit, quand une ancienne obligation arrivera à échéance, la BCE n’en rachètera pas une nouvelle.
D’abord 15 milliards
Ce dégonflement du portefeuille d’obligations de la banque centrale sera d’abord léger: entre début mars et fin juin, elle réduira la taille de son portefeuille de 15 milliards d’euros par mois. Elle verra ensuite s’il faut passer à la vitesse supérieure.
Quinze milliards par mois, contrairement aux apparences, c’est en effet très peu: le bilan de la BCE est de 7.900 milliards. Mais c’est un symbole très fort car après avoir signifié la fin des taux plancher, cette action traduit aussi la fin de l’argent facile: il n’y aura plus de monnaie créée en achetant des obligations. Pour les entreprises, les ménages et les Etats, emprunter sera relativement plus difficile et plus cher.
Ce resserrement va petit à petit jouer son rôle. Voici quelques jours, l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, estimait qu’une grande partie de l’impact sur l’inflation des récentes augmentations des coûts des emprunts ne s’était pas encore fait sentir.
Réduction de 1,2 point en 2023
Certes, disait-il, les actions de la BCE “réduisent les volumes de crédit et modifient le comportement des ménages et des entreprises”. Mais, ajoutait-il, “une grande partie de l’impact final sur l’inflation des mesures de politique monétaire que nous avons prises jusqu’à présent est encore dans le pipeline”.
L’inflation européenne était encore de 8,6% en janvier. Selon Philip Lane, le resserrement monétaire réduira l’inflation de 1,2 point de pourcentage cette année et de 1,8 point en 2024. L’impact de la fin de l’argent facile reste donc encore à venir.
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