Jérôme van der Bruggen (Degroof Petercam): “le bon d’Etat est utilisé pour de la politique”
Dans notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z, Jérôme van der Bruggen, responsable de la stratégie d’investissement au sein du département private banking chez Degroof Petercam, partage avec Amid Faljaoui son point de vue sur les bons d’État et l’augmentation des taux d’intérêt par les banques centrales.
Dans les derniers jours du mois d’août, les épargnants belges se sont précipités sur le bon d’État à un an, qui affiche un taux d’intérêt net de 2,8 %. Une ruée qui a rapporté quelque 21,9 milliards d’euros auprès des ménages belges à l’État fédéral.
« Clairement l’État n’a pas besoin de cet argent, déclare Jérôme van der Bruggen. La preuve, si j’ai bien lu la presse, c’est qu’ils vont placer cet argent quelque part. »
« Je pense que c’est un instrument politique monétaire classique, un bon d’Etat qui est utilisé pour de la politique tout court, souligne-t-il encore. L’objectif politique? Je pense qu’il est clair, c’est de tenter d’augmenter le taux d’intérêt qu’on obtient sur les taux d’épargne. »
Avec ce bon d’État, « l’émission qui a remporté le plus franc succès dans l’histoire de la Belgique », le gouvernement fédéral entendait stimuler la concurrence, inciter les banques à relever leurs taux d’intérêt, et envoyer un signal positif aux marchés financiers.
« Si vous voulez mon point de vue, c’est que les banques, de toute façon, y seraient arrivées, parce qu’à un moment donné quand les taux d’intérêt sont élevés, petit à petit, la concurrence joue son jeu et les banques montent leurs taux d’intérêt. Ils ont décidé d’accélérer le processus par cette émission. Cela a un peu marché, mais ils ont aussi décidé de faire payer à l’épargnant belge parce qu’on a donné un caramel à l’épargnant belge. »
Quant à la politique monétaire poursuivie par les banques centrales, à savoir l’augmentation constante des taux d’intérêt afin de lutter contre l’inflation, pour Jérôme van der Bruggen, elle touche à sa fin. « On assiste à une toute dernière queue d’augmentation des taux d’intérêt aux États-Unis. On a 5,5%. À mon avis on va s’arrêter là. Peut-être 25 points de base au-dessus. Mais franchement je ne pense pas. Je pense que l’augmentation des taux, l’effet très fort d’augmentation des taux d’intérêt, il est derrière nous. Et même en Europe, on va peut-être avoir quelques augmentations, mais c’est fini la grande période. »
« Par contre, la vraie question, continue-t-il, est: est-ce que l’on va les baisser tout de suite? Pendant un an et demi, on a très rapidement mis des taux d’intérêt à peu près au même niveau qu’ils étaient en 2008, mais est-ce qu’on va les baisser tout de suite? Cela va dépendre de la force de l’économie. »
« Si tout le reste de l’économie fonctionne assez bien, les banquiers centraux ne vont pas se sentir tout de suite investis de la mission de les baisser rapidement, conclut Jérôme van der Bruggen. Ils vont tenter de garder ces taux d’intérêt pendant assez longtemps à ce niveau-là, afin que si jamais quelque chose se passe, ils puissent réagir très vite dans le sens contraire. Donc c’est plutôt ce à quoi on va assister. Et c’est cette zone-là que le marché obligataire doit prendre en compte. »
L’émission Trends Talk sera diffusée en boucle ce week-end sur Canal Z.
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