Gestion d’actifs : pourquoi Belfius prend un tiers de Candriam

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Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

La banque d’État s’empare de 33 % du gestionnaire d’actifs américain. Objectif : se renforcer sur le segment rémunérateur des services aux clients fortunés.

Dans le cadre du renforcement de leur partenariat stratégique, Belfius a annoncé avoir pris une participation minoritaire de 33 % dans Candriam, avec qui la banque publique entretient des liens commerciaux de longue date. Le deal signe en effet une sorte de retour aux sources pour Candriam (acronyme de Conviction and Responsibility in Asset Management). C’est en 2013 que Belfius (ex-Dexia Banque Belgique) avait cédé ses parts dans Dexia Asset Management (aujourd’hui Candriam) à New York Life Investments. Et ce, lors de la reprise du gestionnaire d’actifs par l’assureur américain… suite au sauvetage de l’ancien groupe Dexia.

Internationalisation

La transaction, dont le montant n’a pas été communiqué, n’est donc pas anodine. Surtout que, grâce à cette prise de participation dans Candriam, Belfius concrétise les ambitions de croissance annoncées lors de la présentation annuelle des résultats du groupe par son CEO, Marc Raisière. “Belfius n’est plus un challenger, c’est devenu un leader sur le marché belge, nous disait-il fin février. Le groupe ne peut plus se contenter de la Belgique. Bien sûr, l’idée n’est pas d’aller acheter un réseau d’agences bancaires en France. Non, le but est de développer des nouvelles poches de croissance à l’étranger. Belfius pourrait ainsi se lancer à l’international dans certains segments d’activité, comme le private banking ou l’assurance, par exemple.” 

Deux mois plus tard, Belfius joint donc l’acte à la parole. “Cet investissement vise à maximiser les forces et talents complémentaires des deux entreprises pour offrir des solutions sur mesure et de qualité”, et “consolide la position de Belfius en tant que banque privée de premier plan en Belgique”, expliquent les deux institutions financières dans un communiqué conjoint. Plus précisément, les clients aisés de Belfius bénéficieront d’un accès élargi à des opportunités d’investissement dans toutes les classes d’actifs et zones géographiques, grâce à la connaissance et l’expertise approfondies de Candriam sur les marchés internationaux.

Petite surprise

Bien qu’ayant du sens, notamment après l’échec du rachat de la banque privée belge Degroof Petercam, l’opération a toutefois de quoi surprendre quand on sait que le gouvernement De Wever prévoit d’affecter une partie des bénéfices de Belfius au financement de la défense. Seul et unique actionnaire de Belfius, l’État entend ainsi prélever 500 millions d’euros de dividendes exceptionnels en 2025 et 2026, en plus des 445 millions déjà prévus au titre de l’exercice 2024. Une ponction qui semblait compromettre la stratégie d’acquisition de la banque. Sachant que ce type d’opération se négociant sur plusieurs mois, il est toutefois fort probable que la signature du deal soit intervenue avant l’annonce faite par l’équipe fédérale visant à booster son budget militaire.

Belfius pourrait-elle dès lors, à terme, augmenter sa participation dans Candriam ? L’hypothèse n’est pas écartée, mais ce ne serait pas pour tout de suite. Candriam, qui gérait 73 milliards d’euros d’actifs en 2013, affiche aujourd’hui un total de 155 milliards, portée par une croissance régulière. Par ailleurs, petit détail qui pourrait avoir son importance : depuis 2023, la société est aussi dirigée par le Belge Vincent Hamelink, qui a succédé au Français Naïm Abou-Jaoudé en tant que CEO à la tête du gestionnaire d’actifs.

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