Fin du partenariat avec vdk banque: quel avenir pour NewB ?

Credit ANP / Hollandse Hoogte / Harold Versteeg
Caroline Lallemand

La fin du partenariat entre NewB et vdk banque oblige la coopérative à se réinventer, à nouveau. Trois ans après avoir renoncé à devenir une banque à part entière, NewB mise désormais sur le crowdfunding et la mobilisation de ses coopérateurs pour relancer sa dynamique et continuer à soutenir des projets à impact sociétal. Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels School et spécialiste de la finance durable, nous éclaire sur l’avenir de la coopérative.

La fin du partenariat entre NewB et vdk banque marque-t-elle un échec pour la coopérative ?


Marek Hudon
: Oui, c’est difficile de le nier. NewB n’a pas encore trouvé de véritable deuxième souffle depuis trois ans, c’est-à-dire depuis l’abandon de son ambition de devenir une banque à part entière. Le modèle économique du passage en agence reste fragile. Du point de vue du grand public, l’initiative n’a pas permis d’atteindre le volume d’activité ni le nombre de clients espérés, en tout cas pas assez pour assurer une véritable viabilité économique.

Ce partenariat a-t-il été, au final, plus bénéfique pour vdk banque ?


Oui, clairement. vdk banque est la grande gagnante de ce partenariat. Elle a surtout gagné en visibilité sur le marché francophone, notamment grâce à son agence bruxelloise. La presse francophone a commencé à s’intéresser à eux, même si la banque reste essentiellement flamande. La majorité de ses 150.000 clients se situe au nord du pays. Le partenariat a permis à vdk de toucher une base de coopérateurs très ciblé et engagé, ce qui a été particulièrement utile pour son image et sa légitimité.

Quel rôle ont joué les coopérateurs dans ce partenariat ?


Le nombre de coopérateurs reste un atout majeur pour NewB, même après la fin du partenariat. On parle encore de plusieurs dizaines de milliers de personnes potentiellement mobilisables (NLDR : à ce jour, la banque affiche 115.030 Coopérateurs “B” citoyens sur son site). Pour la banque, avoir une base de données aussi ciblée et engagée est un avantage stratégique pour ses projets futurs.

NewB annonce se redéployer dorénavant dans le crowdfunding. Est-ce cohérent avec sa stratégie ?


Marek Hudon © pg

On peut le comprendre. Historiquement, le succès de NewB provenait de sa capacité à mobiliser le grand public : des dizaines de milliers de personnes avaient investi plusieurs dizaines de millions d’euros dans des projets. Le crowdfunding s’inscrit donc dans cette logique. Cependant, ce marché est déjà occupé par des acteurs comme Citizenfund ou Lita.co, et la conjoncture actuelle n’est pas favorable aux projets de l’économie durable. Pour réussir, NewB devra trouver un ou deux projets forts capables de relancer une dynamique positive. La difficulté est de transformer cette base de coopérateurs en investisseurs actifs, alors que beaucoup ont déjà exprimé leur intérêt sans forcément s’engager. Le vrai défi sera donc de proposer des projets suffisamment attractifs pour déclencher un nouvel élan.

Dans ces temps géopolitiques incertains, alors que les Etats (re)financent leur Défense, y-a-t-il encore un intérêt pour la finance durable ?

Absolument. La finance durable connaît une croissance importante depuis dix ans, même si on observe aujourd’hui un tassement. Les retournements géopolitiques ont tendance à reléguer certains investissements à impact, notamment dans le durable, au second plan, au profit d’objectifs stratégiques comme la défense. Il existe cependant toujours un écart entre la volonté des citoyens d’investir dans des projets à impact et la réalité de l’offre disponible. C’est là une opportunité pour NewB qui peut se positionner sur cet écart, mais cela nécessitera une activation efficace de ses coopérateurs et la sélection de projets porteurs et mobilisateurs. Le défi est immense !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire