Etats-Unis : les banques prêtent aussi allégeance à Donald Trump

Bank of America. (photo by Mike Kemp/In Pictures via Getty Images)
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Coup dur pour le climat. Alors que le retour de Donald Trump approche à grands pas, plusieurs grands établissements bancaires américains ont décidé de “rentrer dans le rang” et de quitter l’alliance mondiale pour la neutralité carbone, le club des institutions financières qui se sont engagées à drastiquement réduire les émissions de CO2 via leur portefeuille de prêts.

A quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, de plus en plus de grandes entreprises américaines montrent patte blanche et font allégeance au futur président. Dernier exemple en date : le secteur bancaire. 

Plusieurs grandes banques américaines ont en effet décidé de quitter la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), un programme mondial lancé sous l’égide des Nations unies en 2021 et visant à favoriser la neutralité carbone. Au total, six grandes banques américaines ont quitté l’alliance en moins d’un mois : Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Bank of America, Morgan Stanley et JP Morgan. But de la manœuvre : “rentrer dans le rang” aux yeux du futur président climatosceptique.

Pression politique

Lancée en grande pompe par Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, lors de la COP26 en 2021, dans la ville écossaise du même nom, l’alliance s’était donnée pour ambition de fédérer un maximum d’établissements autour de l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C (Accord de Paris). Mais suite au retrait de JP Morgan et compagnie, craignant sans doute des retours de bâton de la future administration Trump, l’association a décidé de revoir ses ambitions à la baisse et de ne plus exiger de la part de ses membres qu’ils se fixent des objectifs à long terme alignés sur l’Accord de Paris signé en 2015 par près de 200 pays.

Dans un communiqué, la GFANZ a annoncé qu’elle allait se “restructurer” pour désormais “se concentrer sur la levée des obstacles à la mobilisation des capitaux” en faveur de la transition climatique. En clair, l’objectif de neutralité carbone est abandonné. Et Donald Trump boit du petit lait.

Alignement “anti-woke”

Outre le fait que les banques européennes pourraient se retrouvées coincées par une réglementation stricte en la matière (via la directive CS3D, pour Corporate Sustainability Due Diligence Directive, qui rendra obligatoire un plan de transition climatique calqué sur les accords de Paris), laquelle viendrait s’ajouter aux nouvelles exigences en capital dans le cadre des règles de Bâle, le revirement opéré par les géants de la finance américaine est aussi révélateur d’une vague “anti woke” qui s’accélère outre-Atlantique. 

Face à des actionnaires mécontents, de plus en plus de grandes entreprises américaines revoient en effet leurs politiques de discrimination positive mis en place après le décès de George Floyd en 2020, mais jugées par d’aucuns comme “woke overreach”. Des pratiques auxquelles Donald Trump, comme il l’a annoncé dans ses discours de campagne, veut mettre fin. Via notamment le détricotage de la commission pour l’égalité des chances créée par son prédécesseur.

Après Ford, Jack Daniel’s, John Deere, Harley Davidson ou les supermarchés Walmart, c’est ainsi au tour de McDonald’s de revenir sur certaines de ses pratiques en matière de diversité. Le géant américain de la restauration rapide a en effet annoncé vouloir renoncer à demander à ses fournisseurs de s’engager à respecter certains objectifs en matière de diversité, d’égalité et d’inclusion. Un cap sur lequel la finance US a donc décidé, d’une certaine manière, de s’aligner. Elle aussi…

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