Des banques belges ont versé des milliards à des secteurs qui détruisent la nature
Selon un rapport du cabinet d’études néerlandais Profundo, des institutions financières belges ont accordé pour des milliards d’euros de crédit à “des secteurs qui détruisent la nature”.
Les grands groupes de banques de l’Union européenne (UE) ont accordé depuis les accords de Paris, signés en 2015, un total de 256 milliards d’euros de crédit aux entreprises qui mettent en péril les forêts, les savanes et autres écosystèmes en situation climatique critique, ressort-il d’un rapport du cabinet d’études néerlandais Profundo, publié par Greenpeace International, Milieudefensie, Harvest et Global Witness. L’étude est co-signée par une quinzaine d’autres ONGs, dont les belges Fairfin et BOS+.
Les institutions financières belges sont concernées
Selon le rapport, des institutions financières belges, en l’occurrence le groupe KBC, BNP Paribas, le groupe ING et la Deutsche Bank, ont accordé entre 2016 et 2023 100 milliards d’euros de crédit à “des secteurs qui détruisent la nature”. “Ensemble avec des plus petits acteurs comme Argenta, Belfius Bank, Ackermans & van Haaren et la Banque Degroof Petercam, ces mêmes banques ont également investi 8,8 milliards d’euros dans des secteurs à risque pour le climat et la nature”, note Greenpeace. Cela correspond à 39% du total des crédits et 15% du total des investissements au sein de l’UE, rapporte l’étude. L’étude met en avant le lien entre les institutions financières et 135 entreprises de secteurs qui mettent en péril l’écosystème, comme l’huile de palme, le soja et le boeuf.
Des rapports de surveillance de l’ONG AidEnvironment ont notamment trouvé de possibles liens entre quatre des six groupes épinglés dans l’étude à savoir Bunge, Cargill, JBS et Marfrig et 270.000 hectares de déforestation, uniquement au Brésil. Bunge et Cargill sont des négociants en matière première, JBS et Marfrig des producteurs de viande et Royal Golden Eagle (RGE) et Sinar Mas sont respectivement des géants de l’huile de palme et de la pâte à papier. Et ces six entreprises sont pointées du doigt par le rapport pour leur association ces dernières années à la déforestation et aux violations des droits humains.
Une faille juridique
Les auteurs de la recherche soulignent également une faille juridique concernant le règlement européen luttant contre la déforestation (EUDR), adopté en mai 2023. Bien qu’il oblige les entreprises à vendre uniquement des produits qui ne sont pas issus de la déforestation et qui sont produits légalement dans l’UE, il n’empêche pas les flux financiers vers “la destruction d’écosystèmes”, notent les ONG. “L’Europe aime se profiler en grande défenseuse de la nature, au premier plan de la lutte contre la crise climatique… Mais elle ferme paradoxalement les yeux quand ses banques financent la destruction massive de la nature et les violations des droits humains. C’est inadmissible. Nous ne pouvons pas lutter contre la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité tout en finançant la destruction de la nature”, s’insurge le chargé de campagne biodiversité chez Greenpeace Belgique, Philippe Verbelen.
Les organisations qui ont publié l’étude demandent à l’Union européenne de mettre en place des réglementations pour “mettre un terme au financement d’entreprises qui détruisent la nature” et pour que le secteur financier s’aligne avec les objectifs climatiques et les buts à atteindre en termes de biodiversité.
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