Dans les ateliers d’Armatis, spécialiste haute sécurité des banques

© Frédéric Sierakowski
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Spécialisée dans la menuiserie métallique et les équipements de haute sécurité, la PME belge Armatis installe notamment les nouveaux distributeurs du réseau Bancontact des grandes banques du pays.

On le sait, BNP Paribas Fortis, Belfius, ING et KBC-CBC ont décidé de rationaliser et d’optimiser la gestion de leurs distributeurs automatiques au sein d’un nouveau réseau commun. D’ici fin 2024, un réseau neutre de quelque 2.200 automates, appelés “points cash”, sera installé un peu partout en Belgique pour remplacer petit à petit le réseau existant d’ATM des quatre grands réseaux bancaires.

Ce qu’on sait moins, c’est que derrière ces nouveaux distributeurs bancaires estampillés “Bancontact” noirs et jaunes, se cache entre autres une société belge. Son nom? Armatis (armés, en latin). Dirigée par Nicolas Thomas, la PME a pour mission de déployer ces automates pour le compte des quatre grandes banques. En clair, “nous installons les machines, tout en fournissant des équipements de haute sécurité”, plante le jeune patron d’Armatis qui a repris la société en 2019 avec deux associés (Christophe de Broux et Ronny Willems), après un premier parcours professionnel dans la consultance chez Deloitte et PwC.

Rien que du sur-mesure

Située à Merchtem, au nord-ouest de Bruxelles, la petite entreprise dont les origines remontent à 1959 est active dans le secteur de la menuiserie métallique. Sa grande spécialité? Les coffres-forts et les portes blindées. “Nous travaillons beaucoup pour la police et surtout pour un projet de mise à niveau de la sécurité des commissariats, explique Nicolas Thomas. Nous fournissons tout ce qui est portes blindées, guichets, vitres pare-balles ou encore sas d’entrée.”

Nicolas Thomas, patron d’Armatis. © Frédéric Sierakowski

Générant un chiffre d’affaires d’environ 4 millions d’euros, Armatis emploie une vingtaine de personnes. Une moitié se consacre à la fabrication, l’autre moitié à l’installation. Dans son atelier, aucune grosse chaîne de fabrication automatisée. Design, découpe, soudures…: tout est fait sur mesure et certifié!

“C’est notre grande force, nous sommes des artisans”, avance fièrement Nicolas Thomas, louant le savoir-faire de ses techniciens: “Ils savent tout faire. Reproduire des portes à l’identique tout en étant entièrement sécurisées mais aussi ouvrir n’importe quel coffre-fort avec une foreuse spécifique et des endoscopes, un peu comme dans les films. Bien sûr, cela prend plusieurs heures. Mais pas de panique. Si vous avez un coffre qui est bloqué, c’est faisable”, assure Nicolas Thomas.

Même la BNB

C’est précisément cette expertise pas comme les autres qui a amené Armatis à travailler pour le secteur bancaire. Depuis de nombreuses années, la société installe des salles fortes, équipe les agences avec des vitres, des portes blindées, etc. Et ce, avec différents niveaux de sécurité: anti-effraction, anti-balles, anti-explosion. “Tous nos produits sont testés soit par des laboratoires indépendants, soit par l’Ecole royale militaire”, confie Nicolas Thomas.

Parmi ses clients finaux dans le monde bancaire (la société travaille en effet souvent en sous-traitance pour des entrepreneurs généraux ou d’autres grands groupes du secteur de la construction) figure notamment la Banque nationale de Belgique (BNB) et son tout nouveau cash center à Zellik.

“Un ATM n’est rien d’autre qu’un gros coffre-fort avec un ordinateur.”

Autre client: CitySafes, qui joue sur la tendance des fermetures des agences bancaires pour installer ses salles privées de coffres-forts physiques un peu partout dans le pays. Toujours dans le secteur bancaire, Armatis a aussi remporté un appel d’offre de collaboration lancé par Batopin, la société chargée de mettre sur pied, à travers toute la Belgique, le nouveau réseau de points cash pour le compte des quatre grandes banques du pays. Car, comme le dit Nicolas Thomas, “un ATM n’est rien d’autre qu’un gros coffre-fort avec un ordinateur.”

Kiosques et agences

Vous les avez d’ailleurs sans doute déjà vus. Certains de ces nouveaux points cash aux couleurs de “Bancontact” sont fixés dans un mur à front en rue, tandis que d’autres se trouvent dans un espace intérieur, par exemple dans le hall d’entrée d’une agence bancaire.

Très concrètement, “nous allons chercher les machines prêtes à l’emploi chez Cennox, à Vilvorde. Ensuite, nous les installons physiquement dans les sites identifiés par Batopin”, explique le patron d’Armatis qui poursuit: “En moyenne, il faut compter une journée par site. Nous adaptons l’équipe en fonction du nombre de distributeurs et des éléments de sécurité à placer”.

Parallèlement à ce déploiement d’environ 1.000 distributeurs sur trois ans, Armatis installe aussi les points cash logés dans des kiosques extérieurs plantés sur des parkings ou des places publiques. La société en a déjà fixé plus ou moins une vingtaine. Par ailleurs, comme on l’a dit, il y a aussi les fermetures d’agences qui se sont accélérées avec la crise sanitaire et l’explosion de la banque mobile. Des agences qui ne sont plus utilisées et qu’Armatis est chargée de débarrasser de tout aménagement intérieur de sécurité. “Nous devons alors démonter les guichets, enlever les portes blindées, etc., pour remettre les locaux à nu”, précise Nicolas Thomas. Outre les banques et la police, Armatis travaille aussi pour des clients industriels, comme récemment sur un site de TotalEnergies, ou pour de grandes marques de la distribution.

Police, bijouteries, magistrats…

“L’industrie et le retail sont deux secteurs d’activités en croissance. Nous recevons de plus en plus de demandes pour sécuriser des sites de production, des magasins qui vendent des produits de haute valeur comme les GSM, les grandes surfaces qui vendent des produits sous accises, sans oublier les bijouteries”, indique Nicolas Thomas.

SAVOIR-FAIRE Design, découpe, soudures…: dans les ateliers d’Armatis, tout est fait sur mesure et certifié.
Design, découpe, soudures…: dans les ateliers d’Armatis, tout est fait sur mesure et certifié. © FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI

Et puis il y a les clients fortunés et leurs demandes très particulières. “Cela va du souhait d’équiper leur maison pour y loger des œuvres d’art en toute sécurité à la construction d’un bunker pour se mettre à l’abri en cas d’attaque”, confie le patron d’Armatis. Sans oublier les personnes exposées telles que les magistrats et ou les hauts responsables d’organismes internationaux (Otan, etc.) qui veulent installer un dispositif de sécurité à leur domicile: portes blindées, vitres anti-effraction, etc.

Armatis se voit aussi confier des projets tels que la transformation de certains bâtiments en safe rooms et autres bunkers destinés à abriter des personnalités potentiellement menacées. “C’est ce qui fait la beauté de notre métier. Derrière chaque projet, il y a un vrai produit, avec une vraie valeur ajoutée pour le client”, conclut Nicolas Thomas, sourire aux lèvres.

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