“Blockchain”, la technologie qui pourrait révolutionner l’univers de la banque
Transactions instantanées, économies d’échelle, protection des informations confidentielles des clients et garantie immédiate qu’un investisseur est solvable: la technologie “Blockchain”, qui fait déjà fonctionner la monnaie virtuelle bitcoin, promet de révolutionner le métier de banquier.
C’est “une technologie qui pourrait être très utile”, résume Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, première banque américaine. “La plupart des banques y travaillent”, ajoute-t-il.
Apparue en 2009 avec les monnaies virtuelles, le “Blockchain” (chaîne des blocs) est un code informatique généré par un logiciel de cryptage qui permet de transcrire les opérations financières effectuées en crypto-monnaies. Les acteurs des transactions sont authentifiés par des codes, et celles-ci sont stockées sur une plateforme d’échanges sous la forme d’une longue ligne de code chiffrée. Ces données sont réputées à ce jour inviolables et non modifiables.
Outre le fait qu’elle aide à créer des monnaies virtuelles – bitcoin, litecoin, ripple et autre dogecoin – cette technologie permet de faire circuler l’argent aussi librement que les données sur internet, un potentiel que veulent exploiter les établissements financiers.
“On peut imaginer différents usages, tels les transferts d’argent internationaux, les porte-monnaies virtuels”, explique pour l’AFP Leah Gerstner chez l’émetteur de cartes de crédits American Express, qui a investi des millions de dollars dans la start-up spécialisée Abra.
Ce serait un outil pour récupérer des clients perdus, captés par les nouvelles plateformes de transfert de fonds (TransferWise, MoneyGram…) moins gourmandes en frais que les banques traditionnelles, renchérit Robert Morgan, en charge des technologies auprès du lobby bancaire américain ABA.
Les banques, décrit-il, n’auraient plus à supporter les coûts de traitements et de gestion de telles opérations, ce qui les inciterait à diminuer considérablement les commissions qu’elles prélèvent dessus.
D’autres déclinaisons possibles comme des crédits, des transactions sur des valeurs mobilières et des opérations de refinancement d’actifs financiers négociables (repo) pourraient également générer des économies pour les banques, ce qui n’est pas négligeable au moment où elles doivent renforcer leurs fonds propres.
Les banques économiseraient de 15 à 20 milliards de dollars par an d’ici à 2022 en coûts d’infrastructures liés notamment aux paiements internationaux, calcule Banco Santander, qui planche sur sa propre crypto-monnaie.
Informations protégées ?
Flairant la poule aux oeufs d’or, un consortium de grandes banques européennes et américaines comprenant Morgan Stanley, HSBC, UBS, Credit Suisse, Barclays, Société Générale, CommerzBank s’est associé récemment à la start-up R3 pour développer l’utilisation du “Blockchain” dans le système financier mondial par le biais d’applications commerciales.
Bank of America, Citigroup et surtout Goldman Sachs semblent avoir pris de l’avance. La dernière, omniprésente sur les marchés financiers, veut se servir de cette technologie pour s’assurer que les investisseurs qu’elle met en relation sont solvables et éviter des incidents de paiements fâcheux pour sa réputation.
Si les salles de marché disposent d’ordinateurs effectuant des opérations en millièmes de secondes, il faut encore plusieurs jours pour que l’argent et les titres ou produits financiers changent effectivement de mains. Cette procédure est connue sous le nom de règlement. Or pendant ce laps de temps trop long, l’acheteur ou le vendeur peut avoir fait faillite. L’utilisation du “Blockchain” permettrait des opérations instantanées, sécurisant ainsi de manière indéniable ces transactions, affirment les experts. “Cela va complètement changer le système de paiement du courtage”, estime Prableen Bajpai chez FinFix.
Autre caractéristique attrayante du “Blockchain”: la possibilité d’effectuer des transactions en ligne sans fournir de données à des tiers. Une aubaine pour les banques qui dépensent actuellement des centaines de millions de dollars pour sécuriser leurs systèmes informatiques, objets d’attaques récurrentes de hackers.
Cet anonymat est cependant propice à l’évasion fiscale, au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, avertissent les détracteurs.
Robert Morgan fait valoir qu’il s’agit d’une technologie “transparente” puisqu’elle se présente sous la forme d’un grand livre comptable pouvant être consulté par tout le monde, les transactions n’étant pas stockées dans un centre de données privé.
Il n’empêche, des régulateurs planchent sur son éventuelle règlementation. C’est le cas de l’Etat de New York, qui veut forcer les institutions financières à obliger leurs clients à révéler leur identité.
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