Bitcoin Challenge: tension, excitation, peur… J’ai acheté mon premier bitcoin
Fini d’être un spectateur passif de la folie du bitcoin. J’ai décidé d’investir 5.000 euros dans les monnaies virtuelles. Mon challenge: doubler ma mise en trois mois.
Tout a commencé par un groupe WhatsApp. En novembre dernier, trois amis m’invitent à rejoindre leur bande. Intrigué par leurs récits enthousiastes sur les performances du bitcoin, j’intègre leur groupe, sobrement baptisé “Rich Motherfuckers”. Sur le fil de discussion, je découvre avec étonnement un monde parallèle, celui des investisseurs en crypto-monnaies, ces monnaies virtuelles – dont la plus connue est le bitcoin -, que l’on peut acheter et vendre en ligne et dont les cours sont extrêmement volatiles.
Peu familier avec le vocabulaire particulier de cette étrange communauté, il me faut un peu de temps pour comprendre les échanges qui s’impriment sur mon smartphone. Les crypto-addicts communiquent à coup d’abréviations mystérieuses pour un novice : BTC, ETH, LTC, XRP, NEM, ICON, BNK, etc. J’apprends que ces mots-codes désignent les différentes devises virtuelles. Il en existe plus de 1.400 d’après le site CoinMarketCap, qui renseigne leurs cours et leurs valorisations.
Sur WhatsApp, mes comparses m’abreuvent d’infos au sujet des monnaies les plus rentables et les plus prometteuses. Les émoticônes “pouce levé”, “bras musclé” et “étoiles dans les yeux” défilent. “Les compteurs s’affolent today !”, s’enthousiasme Laurent. “+400 euros de bénef juste en faisant dodo. Bangs !”, plante Bernard, le chef de bande. “Ça n’arrête pas de monter. Triple Bangs !”, répond Tom, qui s’est autoproclamé Nostradatom pour ses soi-disant capacités divinatoires.
Ruée vers l’or numérique
Attirés par l’éclat scintillant du bitcoin, dont la valeur a été multipliée par 20 en 2017, mes amis ont décidé de s’inviter à la fête. Je constate avec incrédulité qu’ils ont misé plusieurs milliers d’euros dans cette nouvelle ruée vers l’or numérique. Sceptique et plutôt frileux, je les interroge sur les performances de leurs investissements.
En deux mois, Nostradatom a généré 7.000 euros de bénéfices, avec un capital de départ de 5.000 euros. Il a retiré ses billes fin 2017, juste à temps pour ne pas subir la sérieuse correction qu’ont connues de nombreuses crypto-monnaies au moment des fêtes de fin d’année. Joueur, il a remis quelques pièces (2.000 euros quand même) dans ce qui s’apparente encore pour moi à un casino en ligne. Bernard, le plus expérimenté, a récupéré sa mise de départ. “Je m’amuse avec les bénéfices”, explique-t-il. Pour suivre la progression de son portefeuille, ce bidouilleur de génie a développé une application qui lui permet d’afficher en temps réel les performances de ses placements, grâce à un petit écran collé sur son frigo. Laurent a investi environ 3.000 euros et s’est reversé 5.500 euros. Mais il a remis environ 4.500 euros dans la machine pour “jouer”.
Boursicotage 3.0
Les chiffres donnent le tournis. Je me rends compte que mes comparses sont devenus accros au boursicotage 3.0. Ils ne sont pas les seuls. Autour de moi, je rencontre de plus en plus d’apprentis sorciers qui s’intéressent à ces étonnants investissements. Sur Facebook, les groupes de conversation sur les crypto-monnaies pullulent. Tout le monde semble avoir son mot à dire sur le sujet… jusqu’à Nabilla, la vedette de télé-réalité, qui s’est fait recadrer par le gendarme financier français pour avoir conseillé à ses fans de se lancer dans le bitcoin, sans les avertir qu’il s’agit de placements hautement risqués.
Cet épisode incroyable démontre que les monnaies virtuelles sortent du cercle des geeks et des investisseurs avertis pour atteindre celui des noobs (les débutants dans le langage “crypto”), qui débarquent massivement en ligne. Coinbase, l’une des plus importantes plateformes d’achat de bitcoins, est devenue fin décembre l’application la plus téléchargée aux Etats-Unis sur l’App Store d’Apple ! Le site chinois d’échanges de crypto-monnaies Binance fait actuellement face à un déferlement inédit de nouveaux utilisateurs. Lors d’un récent pic, son CEO a comptabilisé 240.000 nouvelles ouvertures de comptes… en une heure !
Méfiant et envieux à la fois, je décide après mûre réflexion de me lancer à mon tour dans ce qui commence à ressembler à une crypto-mania. Pour pimenter l’expérience, je me fixe un objectif chiffré : en trois mois, je veux doubler ma mise de départ. Possible ? C’est ce que nous verrons au terme du Bitcoin Challenge, une expérience que je vais mener grâce à Trends-Tendances, qui a accepté de me confier un capital de départ de 5.000 euros. J’investirai cette somme dans différentes crypto-monnaies, en espérant faire fructifier rapidement mon portefeuille. Au cours des trois prochains mois, je vous raconterai mes succès et mes déconvenues dans les pages de votre magazine, mais aussi sur notre site internet, sur les réseaux sociaux et sur la chaîne télévisée Canal Z.
Mon premier placement
Pour mon premier investissement, je me dirige vers Coinbase. Cette plateforme américaine créée en 2012 compte plus de 13 millions d’utilisateurs. Elle permet d’acheter et de vendre plusieurs crypto-monnaies, dont le célèbre bitcoin. Son interface très intuitive et sa notoriété font de Coinbase l’outil préféré des novices dans mon genre. Les investisseurs plus aguerris lui reprochent des frais de transaction élevés et le nombre limité de devises qui s’y échangent. A peine quatre monnaies virtuelles sont proposées sur cette plateforme, qui a essuyé des pluies de critiques fin décembre lorsqu’elle a intégré le bitcoin cash, un dérivé du traditionnel bitcoin. Quelques jours avant que le bitcoin cash débarque sur Coinbase – un événement qui a fait flamber le cours de la devise -, les investisseurs ont constaté une intense spéculation autour de cette monnaie virtuelle. Des soupçons de “délit d’initié” pèsent depuis lors sur les employés de Coinbase, qui affirme avoir diligenté une enquête interne à ce sujet.
Sur la sulfureuse planète Bitcoin, il ne s’agit sans doute pas de la dernière affaire louche à laquelle je serai confronté. Je décide donc de passer outre. Fébrile et impatient, je me rends sur le site. Combien de temps me faudra-t-il pour acheter mon premier bitcoin ?
Ma carte d’identifié pour m’authentifier
Les premières étapes d’authentification sont très simples. Une adresse mail, un numéro de téléphone, une validation via SMS ou par un outil en ligne comme Google Authentificator, et mon compte est créé en moins de cinq minutes. Je tique sur l’étape suivante. Je dois envoyer une photo recto-verso de ma carte d’identité pour que mon compte soit “validé”. Une obligation légale, m’explique Coinbase, qui affirme opérer aux Etats-Unis en tant que “service financier régulé”. J’apprends que fin novembre, le fisc américain a exigé (et obtenu en justice) que la plateforme lui fournisse les informations personnelles de plus de 14.000 utilisateurs. Je frémis puis tente de me rassurer en me disant que j’ai suivi la même procédure pour ouvrir un compte bancaire en ligne. Après 1h20 d’attente, mon identité est validée.
Etape suivante : lier mon compte avec un moyen de paiement. Je saisis ma carte de crédit. Je me suis renseigné : c’est le moyen le plus rapide pour acheter du bitcoin. Mais c’est aussi le plus cher. Tant pis. Je veux être opérationnel le plus vite possible. En quelques secondes, ma carte est liée à mon compte. Via ce moyen de paiement, je peux investir un montant maximum de 750 euros par semaine en crypto-monnaies.
Le bitcoin à 11.000 euros : une affaire ?
Je décide de placer une somme de 500 euros, soit 10% de mon capital de départ, dans la “mère de toutes les crypto-monnaies”, le bitcoin, aussi désigné par l’acronyme BTC. Au cours du jour – environ 11.000 euros -, j’estime faire une affaire. Depuis qu’il a atteint des sommets fin 2017 (jusqu’à 16.000 euros), le bitcoin a reculé et stagne désormais entre 10.000 et 12.000 euros. Le calcul est vite fait : avec mes 500 euros, je ne suis même pas capable d’acheter un bitcoin ! Je me contenterai donc d’une fraction de la monnaie virtuelle. Je valide la transaction et m’étrangle quand je découvre le montant des frais ponctionnés par la plateforme Coinbase: 16,09 euros se sont évaporés, soit 3,2 % du montant de mon premier investissement.
En attendant, en moins de deux heures, je suis devenu l’heureux détenteur de 0,04267437 BTC.
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