Bernard Keppenne, chief economist de CBC: “La réglementation ne peut pas être un frein au développement”
Dans un entretien exclusif avec Amid Faljaoui pour Trends Talk, Bernard Keppenne, chief economist de CBC partage ses analyses sur les baisses des taux, les cryptomonnaies et l’absence de grandes banques en Europe.
Cette semaine c’était au tour du chief economist de CBC de passer dans notre Trends Talk, l’occasion pour Bernard Keppenne d’aborder les défis qui attendent la BCE en 2025 mais aussi les freins que peuvent être les réglementations européennes quand il est question d’investir massivement dans des très grands projets.
BCE et taux
L’année 2024 a été marquée par les baisses des taux. Baisse des taux des comptes épargne (après une timide remontée en début d’année) mais surtout diminution des taux de la Banque centrale européenne (BCE). Nombreux étaient ceux qui pariaient même sur une baisse des taux à chaque réunion de la BCE en 2025. Une attente, rapidement douchée par le gouverneur de la Banque Nationale d’Autriche, ce dernier ayant annoncé que la prochaine baisse pourrait arriver après la première réunion de la BCE. La politique monétaire est-elle à un tournant ?
« Il faut savoir que la Banque centrale européenne a mis en place un mécanisme (qui n’a jamais été utilisé) mais qu’elle peut utiliser s’il y a un élargissement trop important des taux d’intérêt du pays en particulier, explique Bernard Keppenne. Je prends le cas de la France. Si on avait vraiment une pression très forte sur les taux d’intérêt français de la dette française, la BCE pourrait racheter de la dette française. » Et d’ajouter, se voulant rassurant : « Maintenant, il y a toute une série de conditions qui font, qu’aujourd’hui, c’est hors de question. Cela veut dire que, par rapport à ce qu’on a connu dans la crise de la dette, dans les années 2011, on n’est plus du tout dans le même scénario. »
Néanmoins, les marchés savent que cet outil existe et qu’il peut être utilisé si nécessaire.
Le bitcoin doit prouver sa trace
Même si aujourd’hui, il est possible d’encaisser les investissements faits en bitcoins pour les déposer sur un compte bancaire belge (en euros donc), il ne faut pas oublier que cette cryptomonnaie est encore trop souvent utilisée pour blanchir de l’argent obtenu illégalement… Les règles de prudence telles que conserver les documents prouvant l’origine des capitaux investis sont plus que jamais d’application, rappelle l’économiste. « Avoir des bitcoins dans votre portefeuille moi, cela ne me pose aucun problème. Maintenant, je rappelle simplement qu’on va vous tracer ! »
L’occasion de rappeler également que des comptes seront demandés aux investisseurs en cryptomonnaies. Comment ont-ils réalisé leurs investissements ? D’où provient l’éventuelle plus-value ? « Cela veut donc dire que vous allez avoir des contrôles extrêmement importants, en tout cas en Europe pour le moment. »
De grandes banques
Bernard Keppenne déplore, outre le trop-plein de réglementations en Europe, que nous n’avons pas de banques de la taille des banques américaines… Une absence de grande banque ou de grand groupe privé qui pèse sur l’économie européenne lorsqu’il est question de très gros investissements.
« Aujourd’hui nous n’avons pas de grandes banques, pas de grands groupes au niveau européen. Car si on veut financer des projets de batteries électriques, d’usines de batteries électriques et autres, on va avoir besoin de capitaux, de l’Europe d’une part, mais on doit avoir un partenariat public privé d’autre part. Pour cela, il faut des banques de taille suffisante. »
« Donc, la réglementation, c’est une bonne chose. Mais d’un autre côté, cela ne peut pas être un frein au développement » ajoute-t-il en conclusion.
Trends Talk
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