Bel appétit des investisseurs pour l’OLO numéro 100

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Les investisseurs ont sursouscrit dix fois à la nouvelle obligation d’État sur dix ans émise par le Trésor.

Le Trésor vient de lancer sa centième obligation linéaire depuis l’apparition de cet instrument en 1989. Et sur cette OLO numéro 100, les offres des investisseurs ont dépassé 70 milliards. Le Trésor n’en a accepté que le dixième, soit 7 milliards.

Cette nouvelle obligation de référence à dix ans est assortie d’un coupon de 2,85% et a été émise juste en dessous du pair (à 99,788%), ce qui laisse un rendement un peu supérieur à 2,87%.

Courbe inversée

On peut tirer plusieurs enseignements de cette opération.

Si l’on compare le taux auquel les OLO à un an s’échangent sur le marché secondaire, soit plus de 3,6%, on observe que la courbe des taux est toujours inversée. Autrement dit, l’État paie plus cher pour se financer à court terme qu’à moyen ou long terme.

Cela signifie donc que le Trésor a réussi à se financer bon marché en émettant à dix ans et en tirant profit du contexte financier actuel. Si les taux courts sont toujours dictés par le niveau actuel des taux directeurs de la Banque centrale européenne (le taux directeur est à 4,50% depuis septembre), l’espoir de la poursuite de la baisse de l’inflation a poussé les taux à moyen et long terme vers le bas. Cet espoir d’une baisse des prix est notamment alimenté par le niveau relativement bas des prix pétroliers et gaziers au cours de cet hiver.

Attentes d’inflation

Ces considérations sur les prix ont une influence sur le niveau des taux d’intérêt. Le taux à dix ans avait en effet atteint un moment 3,6%, à la fin du mois d’octobre dernier, lorsque les attentes d’inflation étaient plus élevées.  Mais depuis, la baisse des prix et donc l’espoir d’une baisse des taux directeurs de la BCE plus tôt que prévu, peut-être même au printemps, ont fameusement adouci le marché obligataire. Le Trésor en a donc profité pour faire le plein.

Et si les investisseurs institutionnels (banques, assureurs, fonds …) ont été présents au rendez-vous, c’est parce que, pour une part, ils doivent investir les liquidités qui arrivent traditionnellement en fin d’année (lorsque par exemple des clients investissent une prime ou un bonus, ou abondent leur plan de pension pour bénéficier encore de l’avantage fiscal de l’année qui se termine). Mais par ailleurs, le marché estime que cette baisse de l’inflation pourrait se poursuivre et que si la BCE aboutit, comme elle le veut, à une inflation proche de 2% en 2025, les taux à long terme devraient baisser eux aussi. Bref du côté du Trésor, c’était un bon moment pour emprunter et du côté des investisseurs, un bon moment pour acheter.

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