Batopin veut installer un site de distributeurs de billets par jour ouvrable”

Jeroen Ghysel, CEO de Batopin © PG
Patrick Claerhout Patrick Claerhout is redacteur bij Trends.

Batopin, l’alliance des quatre grandes banques, va accélérer le développement de son réseau de distributeurs “neutres” de billets. “Le grand défi consiste à trouver des locaux adéquats au bon endroit”, déclare le CEO Jeroen Ghysel.

Nulle part en Europe, on ne trouve des citoyens plus insatisfaits de l’accès au cash qu’en Belgique, comme l’a montré une enquête de la BCE l’année dernière. “Cela ne me surprend pas, déclare Jeroen Ghysel (45 ans), qui dirige Batopin depuis le 1er juin. Nous sommes en pleine période de transition. Depuis plusieurs années, les banques réduisent leurs réseaux d’agences. L’année dernière, Batopin était encore en phase de développement. Les gens ne connaissaient pas encore ce réseau d’automates neutres séparés des agences bancaires.”

Batopin a été fondée il y a quelques années par les grandes banques Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC. La société est en train de mettre en place un réseau de distributeurs automatiques indépendants des banques appelés Points Cash. Les plans initiaux prévoyaient la mise en place de 2.240 distributeurs sur 750 sites d’ici à la fin 2024 mais ils ont fait l’objet de nombreuses critiques. Le secteur bancaire a conclu un protocole d’accord avec le gouvernement à la fin du mois de mars afin d’augmenter le nombre d’automates dans un plus grand nombre d’endroits. L’essentiel de cet effort devrait venir de Batopin.

TRENDS-TENDANCES. A quoi ressemblent les plans actualisés de Batopin?

JEROEN GHYSEL. Nous suivons les accords définis dans le protocole. Batopin doit veiller à ce qu’il y ait environ 2.500 guichets automatiques dans 950 lieux d’ici à la fin de 2025. L’échéance est avancée d’un an mais nous allons créer 200 emplacements supplémentaires et y installer plus de 200 appareils. Le coût d’investissement pour l’installation du réseau Points Cash passera ainsi de 100 à 150 millions d’euros.

2.500 guichets automatiques suffisent-ils?

C’est suffisant pour une bonne couverture du territoire et pour répondre aux besoins de cash, sachant que Batopin n’est pas le seul acteur sur le marché. Nous faisons notre possible pour maintenir l’accessibilité des distributeurs au moins au niveau de fin 2021 et l’améliorer là où c’est nécessaire d’ici fin 2025. En outre, les autres banques et bpost disposent encore de leurs propres distributeurs de billets, ce qui laissera un total de plus de 4.000 automates.

Regarder le reportage de Canal Z : 2.500 distributeurs de billets en Belgique pour 2025

Quelle est la situation actuelle de Batopin?

Aujourd’hui, nous comptons 765 distributeurs automatiques répartis sur 324 sites. L’objectif est d’atteindre une présence de 1.086 machines dans 420 lieux d’ici la fin de l’année. D’ici 2023, nous aurons ouvert 200 nouveaux sites.

N’est-ce pas trop lent? Vous devez doubler le nombre de sites en un peu plus de deux ans…

Nous allons accélérer le rythme et la cadence. Nous avons déjà sélectionné 125 endroits supplémentaires, mais même dans ce cas, il faut compter en moyenne six à sept mois pour obtenir tous les permis, effectuer les travaux d’aménagement et de sécurité et mettre le site en service.

Comment sélectionnez-vous les lieux d’implantation?

L’avantage de Batopin est que nous pouvons partir d’une feuille blanche car nous déconnectons le distributeur de billets de l’agence bancaire. Cela nous permet de choisir les emplacements uniquement en fonction du besoin de cash et de l’accessibilité. On parle alors d’endroits où il y a beaucoup d’activité commerciale et où passent beaucoup de gens qui ont besoin d’argent liquide. Ce n’est pas nécessairement là que l’on installe une agence bancaire.

On reproche souvent à Batopin d’installer des distributeurs automatiques dans les grandes villes mais pas dans les petites…

Nous ne parviendrons jamais à satisfaire tout le monde à 100%. Nous prenons en compte les volumes d’argent liquide à un endroit donné. En effet, l’activité économique et la densité de population sont généralement plus élevées dans une localité importante. Cela ne veut pas dire que c’est le cas partout. Nous décidons d’un emplacement en toute conscience, en sachant que nous nous engageons à long terme. C’est peut-être trop peu connu: Batopin conclut des baux standards de neuf ans. Nous nous assurons ainsi un accès au cash pendant de nombreuses années. C’est pourquoi le choix de l’emplacement est si important. Mais le grand défi est de trouver de bons locaux à cet endroit. Ce défi est plus important que nous ne l’avions estimé.

Comment cela se fait-il?

Nous appliquons des critères stricts. Les locaux doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Nous exigeons également une largeur minimale de cinq mètres du côté de la rue. Les locaux doivent se prêter aux normes de sécurité strictes en vigueur dans notre pays. Il doit y avoir un parking à proximité, etc. Il arrive que nous examinions jusqu’à 10 bâtiments dans une commune avant d’obtenir un résultat positif. Cela représente beaucoup de travail.

“Nous faisons également appel aux citoyens. Grâce à notre site web, les propriétaires peuvent vérifier les conditions auxquelles une propriété doit répondre et proposer leurs locaux.”

Comment prévoyez-vous d’accélérer le déploiement du réseau?

Nous voulons inaugurer un site par jour ouvrable au cours des deux prochaines années. A cette fin, nous enverrons davantage de personnes sur le terrain. Nous voulons travailler encore plus étroitement avec les autorités locales pour trouver plus rapidement des locaux adéquats. Nous faisons également appel aux citoyens. Grâce à notre site web, les propriétaires peuvent vérifier les conditions auxquelles une propriété doit répondre et proposer leurs locaux.

Comprenez-vous les critiques des politiques et des citoyens qui estiment que la fermeture des agences bancaires crée trop d’angles morts?

Dans tout processus de changement, il y a de la résistance et il faut guider les gens. Jusqu’à récemment, lorsque que le client pensait au cash, il pensait automatiquement à une agence bancaire. C’est déjà un premier changement à opérer dans les esprits. Nos points cash sont nouveaux. L’emplacement, l’agencement, l’interface sont différents. C’est à nous d’écouter les critiques et de bien communiquer sur ce qu’implique exactement notre projet. Batopin veut apporter une solution à long terme à tous ceux qui se préoccupent de l’accessibilité à l’argent liquide. Nous devons mieux communiquer ce message aux citoyens et aux autorités locales. Communiquer plus et mieux, tenir les gens informés est l’une de mes priorités. En fait, les enquêtes menées auprès des clients indiquent déjà que leur satisfaction augmente. Mais il y a encore des progrès à faire.

La coopération avec Jofico, l’entreprise commune à laquelle les petites banques confient l’exploitation de leurs distributeurs automatiques de billets, ne devrait-elle pas être envisagée à terme?

Je n’ai pas de boule de cristal. Batopin est ouvert à tous ceux qui le souhaitent. Beaucoup dépendra de l’évolution des volumes de liquidités et des politiques commerciales des banques concernées. Une chose est sûre: la disponibilité du cash restera un sujet d’actualité pendant longtemps.

Que voulez-vous dire par là?

Le cash est une valeur sûre. Il ne disparaîtra pas, il y aura toujours des utilisateurs convaincus et occasionnels. On parle depuis longtemps d’une société sans cash, mais tout indique qu’elle sera d’abord less cash plutôt que cashless.

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